comprendre... le silence

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musique accompagnatrice ⬆

D'après toi, peut-on entendre le silence ? Est-ce que le silence est présent même quand il y a du bruit ?

Es-tu le silence ?

Chut. J'écoute. Je n'entends rien. Pas même le vent qui heurte les façades des bâtisses ni le feuillage qui s'agite. Mes yeux fixent un point inexistant droit devant moi. Derrière moi, je sais que ta demeure s'éloigne. Bientôt je pourrais me retourner, mais je ne verrais que ces rues en pierre, et ta maison cachée, comme engloutie dans le paysage, hors de ma vue. Ton portrait, comme un trésor secret,  se recouvrira peu à peu de poussière. Qui sait, peut-être qu'un jour quelqu'un le trouvera. Cette personne sera intriguée, ne comprendra pas. Et surtout, ne saura jamais les raisons de ce dessin sans signature.

Ô Bel anonymat.

Je ne me sens même pas respirer. Y a-t-il de l'air ? L'air m'entoure-t-il ? Je n'en sais rien. Je ne peux pas l'attraper. Ni le voir.

Et je ne peux pas te voir. Es-tu devant moi ? Derrière moi ?

Tu me donnes le tourni. C'est possible ça ? D'avoir le tourni alors que tout est figé ?

Le temps, la nature, la vie.

Mais pourquoi je réalise tout ça que maintenant ? Après tout, tout s'est figé le jour où le soleil s'est levé comme il se lève sur chaque continent. Il s'est levé comme il s'est levé le jour précédent. Il s'est levé comme il le fait depuis qu'il existe.

Mais tu vois, tu es partie. Et au crépuscule, le soleil ne s'est pas couché de la même manière que tous les autres soirs.

Tu sais pourquoi, toi ? Non ? Moi non plus. Depuis, ce couché de soleil, le moment de la journée que j'admirais avec des yeux innocents, voilà que désormais je ne le vois plus. Mes yeux n'ont plus jamais connu la douceur que la nature nous réservait, le soir.

Je marche, mais je n'entends pas mes pas. Ah ce silence ! Est-il bon ? Est-il mauvais ? Que sais-je ? C'est mystérieux, le silence.

J'aimerais le comprendre. J'aimerais le comprendre comme j'aurais aimé te comprendre, toi, un peu plus, chaque jour.

Mes pensées sont silence. Mais si tu es le silence, alors tu peux les comprendre.

Je te donnerai bien des choses pour que je puisse te dire ce que mon esprit a longtemps gardé intimement.
Et je voudrais crier. Pour briser en mille éclat ce silence, comme un coup de poing dans une vitre.

Peut-être qu'une lueur se libérera, et que derrière ce voile blanc, tu seras là.

Vois comme mes pensées silencieuses sont folles.

Mais après tout,

Comme toi, elle aimait comprendre les moindres détails insignifiants.

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