musique accompagnatrice ⬆
C'est près de la porte que je distingue des griffures d'ongles acharnées sur le mur. Mes doigts effleurent ces marques profondes, irréparables, gravées sur ce mur à jamais.
Alors, je te vois, dans ton acharnement, dans ta colère, dans ta peur, tu t'agrippes au mur et à la porte pour te retenir. Tes ongles s'enfoncent douloureusement dans l'épaisseur du mur. Tes cris aigus se mélangent dans tes sanglots saccadés, brisant ce qui était autrefois, la douceur du lieu. Ton petit corps frêle n'a plus la force de lutter. Tu te débats mais tes larmes te brouillent la vue. Tu ne comprends pas pourquoi autant de violence. Tu t'essoufles, et tu le sais. Tu sais que tu ne peux plus lutter. Alors ton corps lâche tel un cerf-volant que l'on lance vers le bleu du ciel, sauf que là, ton corps lâche et ce sont des bras puissants qui te soulèvent du sol. Il ne te reste plus que tes sanglots étouffés et tes cris épuisés comme boucliers.
Puis soudain, mes pensées se brouillent, un brouillard étouffe tes hurlements de désespoir. Alors je secoue la tête, essayant de toutes mes forces de ne plus penser à cette image sachant éperdument qu'elle reviendra tout de même me hanter durant la nuit prochaine.
Tout redevient calme, comme si tout s'était effacé d'un coup sec.
Je descends l'escalier et laisse mes pas lourds et traînants me guider vers le salon. Mes mains carressent les meubles que la poussière a recouverte. Les murs autrefois habillés d'un papier peint bleu clair, voilà qu'aujourd'hui l'humidité y a laissé ses traces, décolorant le bleu pur d'un gris mélancolique.
Et je tourne la tête. Et je prends conscience que toute couleur s'est volatilisé, que l'oxygène se comprime, que la seule et unique petite plante posée sur la table basse est courbée, ses feuilles desséchées dont le vert s'est transformé en une noirceur intense, et que la vie n'existe plus.
Et pourtant. Pourtant, tout doucement, je m'avance vers la table basse, là où une chose m'a attiré.
Une palette de peinture couverte et protégée des agressions de la poussière est positionnée sur cette table basse. Comme si elle attendait quelqu'un. Comme si elle attendait qu'on l'utilise.
C'est avec difficulté que je parviens à ouvrir le petit couvercle en plastique. C'est étrange la façon dont mon coeur s'emballe rien qu'à l'idée de voir de la couleur. Mes doigts tremblent. Mes yeux pétillent d'envie incompréhensibles.
Et puis...
Il n'y a rien d'autre que de la peinture cassante et sans éclat. Rien d'autre qu'une palette de peinture desséchée tout comme tout le reste de cette maison.
C'est quand je repose la palette qu'une idée traverse mon esprit tout aussi embrumé de souvenirs abandonnés que cette maison.
Oh ce serait sûrement mal, inconscient et peut-être infidèle mais rien ne peut être aussi affligeant que ce cimetière de souvenirs laissés parmi ces envols infinis de fumée de poussière.
Comme toi, elle avait toujours des idées certes folles, mais impressionnantes.
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Instinctivement
Short StoryInstinctivement, tu m'étais lointaine, mais instinctivement, je te voyais partout. Je te sentais tout près de moi, à tout moment. Et à tout endroit, il y avait cette chose qui nous rappelait. Et je me remémorais ces souvenirs encore parfaits dans m...