musique accompagnatrice ⬆
Je reste immobile sur le pallier de la porte. Je la regarde, mais mon regard divague. Mon corps ne m'appartient plus. Je ne suis plus qu'un amas de souvenirs détruits.
Ma main s'agrippe à la poignet, mais à peine ai-je eu le temps de rassembler ma mémoire que la porte s'ouvrit brusquement. Ce n'est pas moi qui l'ait ouverte, je n'aurais pas eu la force de l'ouvrir de cette manière. Non. Ce n'est pas moi. Ce n'est qu'autre que Flora, ma femme.
Elle me regarde de son air que je connais tant. Moitié inquiète, moitié en colère. Je sais ce qu'elle pense et je sais ce qu'elle va me dire.
Elle me laisse entrer. J'entends le vombrissement de la bouilloire. Il fait bon. Je me sens en sécurité. Mes muscles se détendent, je titube. Je titube de fatigue.
Je la vois qu'elle s'approche de moi. Elle pose ses mains douces et chaudes sur mon visage rougi par les larmes. Son regard pénètre le mien, et je me perds dans la profondeur de ses yeux bruns. Mes lèvres tremblent légèrement. Je ferme les yeux. Son souffle chaud carresse délicatement mon cou, je le sens qui remonte jusqu'à mon visage. Et elle pose ses lèvres sur les miennes, aussi légèrement qu'un oiseau se posant sur une branche.
Elle ne me demande rien. Ne me pose aucune question. Et pourtant, elle aurait de quoi se mettre en colère. Elle aurait de quoi s'inquiéter et de quoi se poser des questions. Il est vingt-deux heures passé. J'aurais du rentrer à dix-neuf heures.
Flora s'écarte de moi et disparaît dans le salon. Elle s'installe dans le canapé et se replonge dans son film. Je l'observe, ne sachant que faire, que penser. Je ne m'attendais pas à une telle réaction. Sait-elle depuis le début ?
- L'eau est chaude, tu peux te faire une tisane.
Là sont ces premières et dernières paroles de la soirée.
C'est avec une lenteur effroyable que je me prépare la tisane et que je vais à l'étage.
Je n'ai pas l'intention de me coucher, malgré la fatigue que je ressens. Je veux d'abord vérifier quelque chose.
J'ouvre la porte qui mène au bureau. Une odeur de renfermée s'élève dans la pièce. J'allume la lumière.
Un bureau rempli de feuilles diverses. Une bibliothèque ne contenant que cinq livres. C'est tout. Cette pièce ne contient rien d'autre.
Je m'approche avec difficulté jusqu'au bureau. J'ouvre l'un des tiroirs en bois. Mon coeur s'emballe. Elle est bien là.
Comme toi, elle est partout.
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Instinctivement
Short StoryInstinctivement, tu m'étais lointaine, mais instinctivement, je te voyais partout. Je te sentais tout près de moi, à tout moment. Et à tout endroit, il y avait cette chose qui nous rappelait. Et je me remémorais ces souvenirs encore parfaits dans m...