Rêve ou réalité.

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Mon regard hésitant se porte vers mon réveil dans un mouvement exagérément lent. Il n'est qu'une heure et demi du matin, et je suis déjà réveillé. Mon cœur ne cesse de tressauter douloureusement contre mon thorax. Je viens d'entendre un bruit de fracassement au rez-de-chaussée. Je ne peux même pas me consoler en espérant que ce soit mes parents, car ils sont à l'autre bout du pays pour un voyage d'affaires prévu depuis plusieurs mois. Je suis donc bel et bien seul dans la maison, et personne d'autre ne vit avec moi. Aucun frère, aucune sœur, aucun animal de compagnie, pas même un poisson, alors qui vient de briser un objet en mille morceaux ? Je déglutis difficilement, et j'ai l'impression de faire un bruit monstre juste en le faisant, comme si, à travers ma porte, « il » allait m'entendre. Couvert par mon épaisse couette, je ne laisse pas une seule trace de moi à découvert, pas un seul cheveu, ce serait trop dangereux. Et si quelqu'un vient dans ma chambre ? Je ressens déjà une présence, même emmitouflé aussi inconfortablement dans du tissu de deux mètres et quelques, alors je n'ose même pas imaginer si elle était dans la pièce. Si c'est un voleur, alors il n'a aucune raison de monter mais ne sait-on jamais. Il faut absolument que je cesse de me monter un scénario ... Mais qu'est-ce que cela pourrait être d'autre ? Je ne peux pas faire comme dans les films, descendre les escaliers pour qu'un chat se mette à courir devant mes pieds et me soulager. Non, c'est impossible. J'ai quand même presque vingt ans, je ne vis plus dans les illusions d'un enfant qui regarde trop la télé. Quoique ... Je préfère les jeux-vidéos de toutes façons.

J'aurais aimé avoir du planché grinçant. Oui, je sais, je suis dingue parce que ça fait encore plus flipper, mais d'un autre sens, je saurais où se trouve cet intrus et s'il a décidé de monter pour faire le tour du propriétaire. On a une grande maison, il ne va pas passer la nuit à visiter chaque pièce. Si ? Je ne parviens pas à me rassurer et avec ce genre de pensées, c'est bien plus difficile. Je suis un trouillard, et je déteste les films à suspens, trop stressants pour mon pauvre cœur fragile et mon cerveau qui a la bonne idée d'enregistrer tout ce qui me fait peur. On ne s'est encore jamais fait cambriolé. Certes, nous sommes un peu riches, mais ce n'est pas une raison. Ma stupidité me fait soupirer discrètement. Mêmes les gens modestes se font voler. Enfin bref, dans l'immédiat, j'ai besoin d'air et être sous une lourde couette ne m'aide pas franchement à respirer. Je retire très lentement le tissu de ma tête, laissant apparaître mes cheveux, mon front, puis mes yeux et mon nez, mais je ne dévoile pas le reste. Je prends une grande bouffée d'air et je me sens revivre, bien que mon cœur commence à être douloureux. Je ne vais pas en mourir, il suffit juste que je tende le bras vers ma table de chevet, que j'ouvre le tiroir et que je prenne mon inhalateur. Mes yeux roulent alors que je fixe un point invisible au plafond. Si je fais tomber quelque chose ?J'alerterai de ma présence et je n'ai pas vraiment envie de me faire assassiner cette nuit. Il faudrait que j'aille voir ce qu'il se passe en bas. Cela doit bien faire cinq minutes qu'il n'y a plus aucun bruit. Je pourrais aussi attraper mon portable et composer le numéro de la Police, mais je ne suis même pas certain que l'autre soit encore là. Je devrais peut-être aller voir ?

Je descends un peu plus la couverture de mon visage, laissant ma bouche à l'air libre, puis mon menton, mais pas plus. Je regarde attentivement autour de moi, mais ne vois pas grand chose, la pièce n'est éclairée que par mon réveil numérique qui émet un faible rayon blanc. Ce n'est pas vraiment l'idéal pour essayer de se calmer, car la lumière provoque des ombres étranges, qui me font imaginer tout un tas de choses peu cohérentes. Je prends une grande inspiration et en cinq secondes, je suis accroupi contre mon lit, du côté de la porte, à la fixer comme si c'était une abomination de la nature. Tout doucement, je m'appuie sur le matelas et me relève, en essayant de ne pas sursauter à chaque petit bruit que je fais. J'enfile rapidement un jogging gris et un pull, trop grand pour moi, de couleur noire. Puis, apeuré comme un lapin, je tourne la poignée de ma chambre afin de jeter un coup d'œil dans le couloir. Il ne semble y avoir personne, mais ne sait-on jamais, je dois être prudent. J'ouvre complètement la porte et ose faire quelques pas, jusqu'à apercevoir la rambarde des escaliers. Je m'accroupis de nouveau, de façon à regarder le hall d'entrée de la maison entre les barreaux, mais là encore, je ne vois personne. Pourtant, les rayons lunaires éclairent suffisamment. Je me relève prudemment en m'appuyant sur la barrière mais m'arrête en flexion quand une bulle d'air dans ma cheville éclate dans un bruit, qui, j'ai l'impression, résonne tout autour de moi. Je ne bouge pas, les muscles de mes cuisses me chauffent, mais je ne dois pas bouger, s'il y a quelqu'un, alors ça a du s'entendre. Les secondes passent. Mes jambes tremblent et je décide de me mettre vraiment debout pour rejoindre le précipice de marches, descendant quelques unes dans un silence religieux. Je n'entends que le ronronnement du frigo dans la cuisine, rien de bien effrayant jusque là, mais j'ai toujours la désagréable sensation que la présence est encore là, quelque part. J'avance timidement de quelques pas hésitants jusqu'à l'arche qui coupe l'entrée et la cuisine, pour m'adosser contre le mur et reprendre ma respiration. J'ai du mal, car je sens mon cœur qui ne reçoit pas assez d'oxygène, et la peur n'arrange rien. Il faut quand même que je vérifie pour être tranquille et dormir de nouveau, même si je pense que ce sera compliqué, tant que le jour ne sera pas levé. Je prends une grande inspiration pour la énième fois pour tenter de calmer mon organe vital et me tourner pour regarder discrètement dans le salon. Mes mains à plat sur le mur blanc, je m'appuie dessus pour ne pas tomber et pouvoir observer. Je continue de penser qu'il n'y a vraiment personne, car il n'y a aucune ombre étrange ou bruit, même de vêtements. Je ne me soulage que très légèrement et fais quelques pas dans la pièce à vivre, en remarquant immédiatement le cadre brisé sur le sol. Je m'en approche, non sans regarder vivement autour de moi, la crainte dans les yeux, et le saisis de mes mains, faisant tomber quelques morceaux de verre dans un tintement bruyant.

Wolf growls. Human sings. (BakuTodo)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant