Wolf growls. Human sings. (BakuTodo)

Froid ou chaleur.

Je suis épuisé. Non, crevé est le mot qui convient parfaitement à mon état. Pourquoi ai-je l'impression de chercher un fantôme ? Je resserre l'étreinte autour de l'oreiller entre mes bras, alors que j'enfouis mon nez dans le tissu afin de réprimer un cri de rage. En réalité, je n'en suis même pas capable, je suis si fatigué que je n'ai plus la force de quoi que ce soit. Cela ne fait qu'une semaine, et pourtant, le temps semble s'être arrêté autour de moi. Comme si quelqu'un transformait les minutes en heures et les heures en jours.

Le week-end est enfin là, mais je n'en ressens aucune joie. L'infirmière ne semble pas avoir vu la personne qui m'a amené dans son antre il y a quelques jours, mais je ne peux m'empêcher de croire qu'elle me cache un truc. Lorsque je lui ai posé la question, elle a semblé réfléchir, mais pas au fait qu'elle l'ait vu ou non. C'était autre chose, comme si elle hésitait à me donner cette information dont j'avais réellement besoin. Je ne le connais pas, je n'ai jamais vu son visage, et pourtant, j'ai l'impression d'être connecté à lui, d'avoir besoin de sa chaleur et de son odeur pour aller bien, pour me sentir « moi ». Je sors mon nez du coussin pour respirer mais laisse quand même ma tête sur la taie tout en fermant les yeux. Chaque jour, je me sens si loin de lui et ça me déchire. À chaque minute, j'ai l'impression de perdre quelque chose, une partie de moi dont je ne m'imaginais même pas l'existence. C'est indescriptible, je ne peux l'expliquer. Peut-être que je suis malade ?

Le vrai problème avec moi, c'est que je suis si têtu que je me suis tué à la tâche. J'ai quasiment harcelé l'infirmière pour tenter de lui soutirer quelques petites allusions, mais rien. J'ai même questionné Zero, mais tête en l'air comme il est, il ne se souvient que des moments passés avec son âme sœur. Le reste n'a pas d'importance vitale d'après lui. De plus, en y réfléchissant réellement, je ne pense pas qu'il ait vu quoi que ce soit. Lorsque je l'ai croisé, juste après avoir quitté Deku et sa super nouvelle, je me suis mis à courir comme un débile pour leur échapper. Je doute qu'il m'ait suivi, et puis, je suis resté un petit moment, seul, dans les escaliers. Mais alors qui pourrait m'en dire plus ? J'ai vraiment interrogé toutes les personnes de mon entourage, ainsi que les personnes qui fréquentent souvent l'infirmerie, mais rien. Encore. Je commence à désespérer et me dire que j'ai rêvé ce qu'il m'a apporté l'espace de seulement quelques minutes. J'aurai pu en parler à Izuku, pensez-vous, mais j'ai décidé de l'ignorer. Tout simplement parce que je suis un peu égoïste, c'est vrai, mais surtout parce que j'ai besoin de prendre du recul sur ce qu'il m'arrive et que je suis bien trop absorbé par cet inconnu pour m'occuper d'autre chose. Même si ça en revient presque au même.

« Ce qu'il m'arrive », c'est surtout ce que je ressens vis à vis de Izuku et cet inconnu, mais aussi envers mon entourage. Depuis quand suis-je autant sur la défensive ? Je n'ai pas envie que l'on me touche, même un petit peu, parfois, ça m'énerve alors que ce n'est qu'amical. Surtout venant de Zeze (Zero), parce qu'il aime bien blaguer et tout le tralala, comme moi. Enfin, « comme moi », d'habitude, parce que depuis quatre ou cinq jours, je suis différent. Un peu plus ailleurs, je dirais. C'est ainsi que j'ai volontairement, mais, tout aussi inconsciemment, évité les discussions, messages et nombreux appels de mon meilleur ami, car il cherchait à tous prix à me parler de quelque chose. Évidemment, je ne cache pas que j'avais TOUJOURS une occupation bien plus passionnante pour esquiver la confrontation.

Dans un sens, il était temps que le week-end arrive, car je suis épuisé, mais en même temps, ces deux jours et demi m'empêchent de continuer mes recherches sur cet étudiant mystérieux. Pourquoi n'a-t-il pas attendu mon réveil ? C'est vrai, toute personne normale est censée prendre des nouvelles de la victime ensuite, non ? Pourquoi s'entête-t-il à garder un tel anonymat ? Ça en devient frustrant. Vraiment. Je ne sais plus quels efforts je dois fournir pour avoir, ne serait-ce, qu'une piste. Je soupire. Je veux retourner à l'université ... Attends quoi ? Est-ce que je viens de penser ça ? Oh mon Dieu, je crois que dans ma tête, ça ne tourne plus correctement.