Joie ou tristesse.

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Je grogne en plongeant mon nez dans l'oreiller. J'essaie tant bien que mal d'isoler mes oreilles de ce bruit aigu et horrible qui retentit à côté de mon lit, mais je crois que c'est plus difficile que ça en a l'air. Je rage à voix haute cette fois, que je suis fatigué, que je voudrais dormir cinq petites minutes de plus, et alors que j'allais balancer mon réveil à travers la pièce, ma mère passe devant ma porte en m'interdisant de le faire. Je soupire en la maudissant de me connaître aussi bien et repose l'objet à sa place en me cachant sous ma couette, au chaud. Juste quelques minutes encore. Pas longtemps ... Mon portable se met à vibrer et je sursaute en regardant avec panique l'heure qu'il affiche. Je ne me suis qu'à peine assoupi, seulement deux minutes sont passées. Je me détends quelques instants avant de consulter mes messages, et un sourire illumine immédiatement mon visage endormi. C'est bien la première fois qu'il m'envoie un SMS aussi tôt. En général, j'en reçois toujours un lorsqu'il est arrivé au bahut, c'est-à-dire, quand je suis déjà en retard. Là, c'est différent, il l'a fait avant que je n'ai pu me rendormir complètement, ce qui signifie qu'il doit avoir une bonne raison. Je m'assieds, laissant la fraîcheur envahir mes épaules, mais je constate que j'ai un gros pull noir sur moi et un de mes sourcils se lève. Est-ce qu'il a fait aussi froid cette nuit ? Je ne me souviens pas l'avoir mis, c'est bizarre. M'enfin, faut dire que je fais tellement de choses normales aussi ... C'est donc sans plus de cérémonie que je consulte ma messagerie. Mes yeux ne sont pas encore habitués à la lumière de l'écran, et il me faut bien plus d'une trentaine de secondes pour parvenir à déchiffrer les petits signes japonais qui sont affichés. Il me dit de ne pas être en retard. Je soupire. Comme si c'était mon style ... Bon, oui, ça l'est, mais ce n'est pas bien dramatique. Ce n'est que la fac. Bon, ok, c'est super important, je sais.

Sous la douche, je réfléchis à mon week-end qui est passé rapidement. J'ai invité Zero pour prendre ma revanche sur un jeu-vidéo, mais il a gagné. C'est injuste, je m'étais pourtant entraîné comme un fou la semaine dernière. Il doit passer sa vie dessus, ce n'est pas possible autrement. Je soupire. Est-ce qu'il faut que je m'améliore ou que je laisse tomber et avoue qu'il est imbattable ? Malgré mes efforts, je crois que je ne pourrais jamais être juste au dessus de lui, même à un point près. C'est bien triste. Je me rince rapidement et passe une serviette autour de ma taille, me regardant dans le miroir, positionné au dessus du lavabo. Je ne ressemble pas à grand chose, les yeux endormis, les cheveux mouillés et en vrac. Je m'essuie rapidement et tout aussi vite, me dirige dans ma chambre. Je n'ai pas envie d'être surpris par ma mère qui monte dans les escaliers, je suis son fils, mais tout de même, j'ai presque vingt ans maintenant. Pudique ? Non, mais je suis assez gêné lorsqu'on me voit torse nu. Je suis peut-être un peu pudique en fait ... J'enfile un boxer, un jean, des chaussettes, un sous pull et un gros sweat par dessus. L'automne n'est pas très clément en ce moment, il pleut sans arrêt et le vent souffle assez fort. D'où le sweat à capuche. Je cherche quelques stylos que je fourre dans une poche intérieure de mon sac à bandoulière, je mets quelques mouchoirs (on ne sait jamais) et un trieur rempli de feuilles. Il faut bien que je m'occupe lorsque je m'ennuie, et le dessin devient alors un très bon passe-temps. Mais si j'en prends autant, c'est parce que je ne prends jamais mes cours précédents, en fait, je ne sais pas trop où ils finissent quand je vide mon sac ... Dans mon tiroir ? Dans mes classeurs ou cahiers ? À la poubelle ? Ce n'est pas sérieux, je le sais aussi mais Todoroki Shoto ne changera pas. Pas aujourd'hui en tout cas.

Je descends les escaliers afin de grignoter un morceau, mais me décide à ne manger qu'une pomme. Rien de tel pour se réveiller à ce qu'on dit, il paraît même que c'est beaucoup plus efficace que le café. J'écoute mes parents me raconter leur voyage et j'en suis tout excité. La journée commence assez bien pour le moment, et je souhaite que cela continue. Ma mère me lance un sourire bienveillant et je ne peux m'empêcher de le lui rendre. Trop adorable cette mamounette. Mon père, lui, écoute ce que dit ma mère mine de rien, alors qu'il est caché derrière le journal qu'il lit. On dirait un cliché des journées quotidiennes d'un papy qui s'ennuie. Ma pomme terminée, je jette rapidement le reste et remonte à l'étage pour courir dans la salle de bain. Je me brosse les dents, me coiffe un peu, laissant mes cheveux retomber sur mon front. Il faudrait que j'aille chez le coiffeur bientôt, ça va devenir urgent, je crois. Je me précipite dans ma chambre, enfonce mes écouteurs dans mes oreilles, ayant vérifié la batterie de mon portable, attrape mon sac à la va-vite pour ensuite redescendre, embrasser ma mère sur la joue, saluer mon père d'un signe poli et sortir de la maison. Je me dirige vers l'arrêt de bus et attends patiemment, en compagnie d'autres personnes de mon quartier. Je fais quelques mouvements de tête pour être poli avec ceux que je connais, mais ne m'attarde pas à leur parler. Je n'en ai pas réellement envie.

Wolf growls. Human sings. (BakuTodo)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant