Paix ou colère.

159 17 0
                                    

Je sens mes sourcils se froncer et tente d'ouvrir mes yeux. Je me sens aussi lourd qu'une montagne et même bouger mes doigts me semble impossible. J'essaie d'écouter ce qu'il se passe autour de moi, mais je n'entends rien. Il n'y a aucun bruit. Où suis-je ? Une voix résonne dans ma tête comme une douce mélodie qui ne veut pas s'arrêter. « Fais de beaux rêves Shoto. » Elle est grave, agréable, virile, à qui appartient-elle ? Avec ces pensées, mes yeux se sont ouverts doucement, fixant le plafond sans vraiment le voir. Je prends une grande inspiration avant de me redresser, m'apercevant que j'ai une perfusion dans le bras, retenant mes gestes. Je fronce les sourcils à nouveau, mes yeux me brûlent, je me sens encore fatigué, mais je dois savoir pourquoi je suis ici. Comment suis-je arrivé dans ce lit possédé par ma chaleur ? Et depuis combien de temps suis-je dedans ? Je ne me rappelle pas. Je passe une main dans mes cheveux, à la recherche d'une quelconque blessure, mais je me rends compte que ce n'est pas la première fois que je me retrouve dans ce genre de situations. Je perds souvent quelques brides de souvenirs juste après un malaise. Je déteste ça, me sentir faible. Ma condition physique n'est déjà pas super, mais alors si je le deviens psychologiquement aussi ... Je risque de ne pas tenir le coup longtemps. Il faut que je me ressaisisse.

La migraine qui me prend m'empêche de reprendre des forces cependant, alors que cette voix frappe avec douceur les parois de mon cerveau, pénétrant dans mon corps tout entier. Je me rallonge, m'emmitouflant jusqu'au cou, parcouru d'un frisson glacial qui ne me plaît pas. Je ressens une nouvelle sensation étrange, comme si je ne voulais pas qu'une personne que je ne vois pas m'approche, comme si elle n'avait pas le droit, pas maintenant. Après plusieurs minutes à me torturer les méninges avec ce sentiment désagréable, je parviens à m'apaiser et tomber de nouveau dans un sommeil profond.

J'entends quelques chuchotements à côté de moi, et un mal être s'empare de mon corps. Je reprends peu à peu conscience et desserre la pression sur mes paupières afin de voir le même plafond au-dessus de ma tête. Je fronce les sourcils et regarde en direction des voix qui ne semblent pas être d'accord sur le fait de me réveiller ou non. Je reconnais mon meilleur ami, mais aussi l'infirmière. On dirait qu'ils se connaissent, non, j'ai l'impression qu'ils sont proches, un peu comme des frères et sœurs. Izuku se tourne vers moi et sursaute presque en voyant que je les regarde avec curiosité. Il y a quelque chose de différent dans nos regards. Le mien n'exprime plus rien envers lui. Plus rien d'amoureux, de passionnel ou de sensuel, il n'y a que le sentiment d'être en présence d'un inconnu, de ne plus le connaître et de devoir le repousser. Je suis possédé par cette sensation désagréable mais je ne dis rien, je me contente de rester silencieux alors que je vois clairement le regard inquiet de l'infirmière sur Deku et moi.

Je ne peux m'empêcher de penser qu'ils se connaissent parfaitement, et cela se confirme lorsqu'elle pose sa main sur l'épaule de mon ami. Elle nous laisse un moment ensuite, jusqu'à ce que mon regard se porte sur une petite silhouette dans l'entre-bâillement de la porte. Je me redresse dans mon lit, et Izuku se lève pour m'aider mais je lui jette un regard noir sans m'en rendre compte. Je m'assied, positionne le coussin dans mon dos et prends appui dessus. Le regard que me lance Deku me fait froid dans le dos, c'est comme s'il sentait cette tension entre nous, qu'il ressentait ce que j'ai au fond de moi, ce malaise qui me prend le ventre avec force. Je ne sais pas quoi dire, et visiblement, lui non plus parce qu'il ne fait que fixer le sol avec intérêt. Je me sens en colère contre lui alors qu'il n'y a pas vraiment de raison. Je sais pourquoi je suis ici, je me souviens de tout ce qu'il s'est passé. Mes douleurs sont encore là. Cachées, passées, mais j'ai l'impression de les ressentir encore. C'était quelque chose de puissant, que je n'avais encore jamais ressenti, et pourtant, je ne sais pas pourquoi je me suis senti ainsi. Je savais que quelque chose avait changé ce matin en me levant, en me douchant, en parlant avec mes parents, en recevant et lisant son message, en prenant le bus, en ... Touchant cet inconnu. Je réfléchis quelques instants.

Wolf growls. Human sings. (BakuTodo)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant