Douleur et soulagement.

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Je suis allongé sur mon lit, fixant le plafond comme si j'étais en train d'apprendre un texte par cœur. Tout ce que je vois, n'est qu'une étendue de matière peinte en blanc. Rien de bien extraordinaire en somme, et pourtant, depuis des dizaines de jours, c'est ce que je fais. Je l'observe inlassablement, apprends ses défauts, ses reliefs, et tente même de m'imaginer des formes avec les différentes ombres créées à partir des rayons de lumière. Je ferme les yeux quelques secondes, je me sens fatigué, mais depuis quelques temps, le sommeil ne me vient plus. Chaque fois que je m'endors, les cauchemars m'assaillent. Je me réveille en sursaut, en sueur, en criant, en pleurant, et le plus souvent, en pleine « crise ». Je surprends généralement mes parents, qui me disent que je dois être vraiment perturbé pour réagir ainsi. S'ils savaient réellement. Depuis les premiers flocons de neige, je ne l'ai pas ressenti. Pas une seule fois. Je commence à me dire qu'il n'est là que lorsque je me mets en danger, mais étrangement, je n'ai pas eu de nouvelles crises d'asthme concrètes depuis les mots blessants d'Izuku ou de situations dangereuses qui nécessitaient un sauvetage rapide et/ou forcé. C'est comme si tout redevenait normal. Mais je sais que je ne vais pas bien. Je n'ai peut-être plus de crises qui font souffrir mon cœur, mais ce n'est pas ce qui me permet de me remettre sur pied. Même l'appétit semble m'avoir quitté.

J'inquiète mes parents, mais mes amis aussi. Izuku ... Je ne parviens pas à le regarder en face. Il sait quelque chose, j'en suis certain mais je refuse de me mettre à genoux pour lui soutirer des informations. C'est d'ailleurs la guerre froide entre nous, et je ne veux plus entendre parler de lui pour le moment. C'est comme s'il était la raison de mon éloignement avec mon inconnu et j'ai du mal à le supporter.

C'est quand même depuis ce jour que je n'ai eu aucun signe de vie de mon étranger, alors oui, je reporte la faute sur mon ami. Est-ce si mal ? Si on y repense, je suis peut-être un peu paranoïaque. Vingt ans, souffrant de parano grave. C'est dramatique. Ou pathétique. À voir. Je me tourne dans mon lit, ne cessant de regarder le vide une fois mes yeux rouverts, et je suis confronté à mon reflet dans le miroir d'en face. Non pas que je me trouve canon d'habitude, mais je deviens de plus en plus moche. Si je m'observe bien, je ressemble à un chien galeux. Mes joues se sont creusées en raison de mes nombreux repas sautés, mes cheveux sont dans un désordre pas possible et sales parce que j'ai également la flemme de me lever pour aller prendre une douche, mon teint est blafard et mes cernes prononcées. Elles sont tellement profondes que je ne peux même pas me comparer à un panda. Parce que, eux, sont mignons, alors que moi, je deviens laid. Plus les jours passent, moins je vais bien. Les crises m'ont abandonné, à la place, un immense vide s'est épris de moi. Comme si le simple fait de ne plus ressentir la présence de cet inconnu, rassurait mes poumons et le reste. Mais ce n'est pas vrai et je le ressens au plus profond de moi. Quand est-ce que mon corps comprendra que j'ai besoin de lui ? La douleur invisible mais puissante, qui prend mon cœur est vraiment énorme, pesante, m'empêchant parfois de respirer correctement, est insupportable. La présence de ce poids ne disparaît pas, lui. C'est bien tout le contraire de l'odeur de mon mystérieux étranger. Je suis énervé. Contre moi-même, mais surtout contre mon manteau. Avec le temps, il a fini par sentir mon parfum de nouveau, oubliant progressivement celui de mon sauveur. Je suis descendu bien bas pour fixer avec dédain ce pauvre morceau de tissu qui n'a rien demandé. J'ai essayé de ne pas trop le sentir, de le garder loin de moi pour que cette odeur enivrante reste, mais finalement, je n'ai pas tenu le coup. Je n'ai pas résisté au besoin de ressentir cet homme près de moi, peu m'importait le prix. Maintenant, je regrette de ne pas avoir vu son visage, de ne pas l'avoir retenu lorsqu'il m'a laissé dans cette rue froide, de ne pas être resté conscient un peu plus longtemps dans le couloir de l'université pour savoir à qui j'avais à faire. Je suis rongé par les questions, les remords et la curiosité. Tout cela ne m'aide vraiment pas à avancer.

Wolf growls. Human sings. (BakuTodo)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant