Chapitre 6

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PDV Josh :

Je commence à taper sur l'ordinateur, je travaille dans la police. Je dirais même plus précisément que je fais partie d'une équipe de criminologues. Ironique non ? J'ai donc accès aux dossiers de tous les habitants d'Austin. Sous prétexte d'une enquête je peux chercher ce qui m'intéresse vraiment : une victime. En général, je fais des recherches pendant un certain temps. J'estime qu'on ne fait pas un bon choix au « coup de cœur ». Une fois que j'ai trouvé un profil que j'apprécie, je mène ma petite enquête de mon côté. Malheureusement, il serait bien trop simple de tout faire au poste comme si de rien n'était. Je dois tout de même travailler et ne pas paraître suspect. Si quelqu'un me voyait stalker une fille qui peu de temps après se fait enlever je serais déjà derrière les barreaux.

Je passe donc une journée pour le moins distrayante. Grâce à moi nous avons une affaire à résoudre. Enfin, je dois plutôt mener tout le monde sur une fausse piste. Dans tous les cas nous avons une enquête. Une fâcheuse histoire de disparition : celle de Dianna Anderson. Il m'arrive de m'amuser à penser que ma vie est un feuilleton. Sérieusement, je suis certain que ce serait très apprécié ! Un criminel parmi la police qui mène tout ce beau monde en bateau. Je n'ai même pas peur de me faire attraper. J'aime sentir ce léger frisson qui me parcourt lorsque les policiers s'approchent d'une preuve qui pourrait m'incriminer. Mais, comme je fais partie de l'équipe, il me suffit de tout effacer juste avant le moment fatidique de la découverte. Déjà que je suis minutieux, mon avantage me rend totalement intouchable.

Mais pour l'instant nous n'en sommes clairement pas là. Nous avons seulement reçu la plainte de la mère de la jeune femme qui n'a pas vu sa fille rentrer. Et bien sûr il n'y a pas beaucoup d'endroits où sortir dans cette ville. Alors après avoir fait le tour, elle s'est vite rendue compte que tout cela n'était pas normal. Nous avons donc pris sa déposition et commencé à étudier certaines pistes sans pour autant agir. Elle aurait pu s'éloigner un peu sans que sa mère ne puisse la trouver sur le moment. Seul moi connaît la vérité. Dianna n'était pas la plus bavarde quand il s'agissait de raconter ses problèmes à ses parents. On n'a même pas entendu le mot « message » quand cette pauvre femme nous a rapporté les faits.

Je retourne enfin chez moi, je suis fatigué mais je dois aller voir Dianna. Bien sûr elle n'est pas ma priorité car ma seule priorité se trouve être moi-même, oui je suis comme tous les hommes : un égoïste. Je prends d'abord un peu de temps pour moi avant d'aller la voir. Je viens de sortir du boulot après tout. Je pars donc à la douche. Celle-ci est assez longue et plutôt ressourçante. En sortant, je m'arrête devant le grand miroir qui orne une partie du mur de ma salle de bain. J'y observe mon reflet avec un air de fascination. Ne croyez pas que je m'admire comme le ferais de nombreuses personnes narcissiques. Mais en me regardant ainsi j'ai l'impression de voir mon âme. De voir qui je suis au plus profond de moi, ce que personne d'autre n'a jamais remarqué. Enfin si ces personnes l'ont remarqué, ils ne l'ont jamais manifesté.

Qu'est-ce que j'ai de si différent d'un autre homme ?

Je pose une main sur le miroir. Je suis pareil qu'eux. Non... La différence est invisible. Par moment, je me demande pourquoi Dieu a fait des personnes telles que moi, c'est tout simplement injuste. Oui j'ai utilisé le nom de "Dieu", contrairement à ce à quoi on pourrait s'attendre, et à la plupart des personnes que l'on peut trouver à Austin qui ne croient qu'en la science, je suis croyant. Je le suis car il n'y a que Dieu qui puisse être aussi cruel et faire tant d'injustices en ce monde. Mais j'ai aussi reçu une éducation chrétienne. On peut donc se poser la question, à juste titre, de pourquoi j'agit si mal. Je pense sincèrement que Dieu est mauvais, sinon pourquoi nous aurait-il fait mauvais nous aussi ? Donc, que je fasse les choses mal ou non j'irai en enfer. J'ai toujours imaginé cette entité toute puissante qui nous observe comme ces tarés qui installent des fourmilières artificielles chez eux pour observer avec cet œil obscène ces pauvres fourmis. Par conséquent, je suis comme ce Dieu mais à mon échelle. J'observe des personnes qui m'intéresse puis je joue avec elles. Il n'a pas à me blâmer pour faire les mêmes choses que lui.

Je détourne finalement mon regard du miroir et me recentre sur ce que je dois faire. Je vais donc m'habiller et manger, gardant les restes pour ma chère victime. Après mon repas, je descends à la cave. Sans surprise je suis accueilli par le verre de lait se brisant juste à côté de ma tête. Enfin je dis sans surprise mais sur le coup j'ai tout de même sursauté et cru qu'elle allait me toucher. Après réflexion, cette réaction de sa part est tout à fait rationnelle. Je prends une grande inspiration pour me contenir. Comme je l'ai dit c'est tout à fait normal qu'elle soit en colère, alors je ne dois pas m'emporter pour si peu. Après tout elle ne m'a pas touché. Je la regarde et voit que sa respiration est courte. Elle me fixe et dans son regard je vois une petite lueur qui m'indique qu'elle est déçue d'avoir raté sa cible. Si ça peut la rassurer, ce n'était que de peu. Je fais donc l'effort de ne pas m'énerver et de m'approcher doucement d'elle. Je vois tous ses signes physiologiques s'agiter et ses sens se mettre en alerte. Elle a peur de ce qui va lui arriver. Après tout il y a de quoi avoir peur, rien qu'en voyant l'état de son visage on peut s'imaginer ce que je vais faire par la suite.

Je regarde la boîte de cookies encore pleine, elle n'a pas confiance... Je la comprends mais en même temps elle se fait du mal toute seule. Elle pourrait manger et s'offrir un peu de répit. Surtout qu'elle a été soumise à un sédatif. A sa place je ne pourrais certainement pas contenir ma soif ni ma faim dans un moment pareil. Mais c'est son choix, je n'y peux rien. Tant qu'elle ne se laisse pas mourir de faim. Ce serait vraiment regrettable. Je dépose l'assiette près du lit et m'assied à côté d'elle. Je lui souris gentiment mais elle s'écarte le plus possible de moi en se calant au fond du lit. Je soupire et la regarde, plongeant mes yeux dans les siens, de jolis yeux noisette virant vers le doré. Je ne dis rien. Il n'y a clairement rien à dire. Je m'abandonne à son regard de terreur, dans un instant de contemplation, avec un léger sourire au coin des lèvres. La terreur ne la rend que plus belle et me donne envie de voir plus de tous ces beaux et douloureux sentiments sur son visage. 

KidnappéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant