Fée pas ci, fée pas ça

La fée fatiguée

Après un mois à jouer les stylistes et les boniches pour ces cruches, j'en peux plus. Il me faut des vacances en urgence ou je vais péter un câble. Déjà que je rentre fatiguée le soir et que mes ailes refusent de me porter à cause de mon régime de glace, M&Ms et Coca.

Je décide donc de rentrer... à dos de licorne. Non, je rigole, en voiture. J'habite dans une banlieue de Paris. Les fées n'ont pas de monde magique, on vit dans le même monde que tout le monde depuis toujours. Alors oubliez vos délires de royaume enchanté. Mes ailes ? Elles peuvent disparaître. Je les utilise seulement quand je suis trop crevée pour monter les trois étages jusqu'à mon appart.

Même si je peux apparaître d'un coup de baguette, je préfère la voiture. Les téléportations me donnent des nausées. Bref, les marraines les bonnes fées habitent partout dans le monde, mais le syndicat se trouve à Paris. Nous, les fées, on a toutes un boulot en plus de celui de marraine la bonne fée. Moi, comme ma vie est stressante, je préfère bosser à mi-temps dans une librairie. Mais il y a une fée conservatrice dans un musée, une autre styliste, etc. On a toutes un job.

Je ne travaille qu'à mi-temps parce qu'avec les pestes, je n'ai pas le temps de bosser à plein temps. Dommage. Et le syndicat des fées ? J'ai prévu une longue discussion avec eux demain, sauf si une de ces pestes me perturbe encore.

Je m'écroule dans mon lit, espérant une grasse mat' demain. Après tout, c'est dimanche. J'ai passé la journée et la soirée à préparer ces cruches pour des sorties toutes plus futiles les unes que les autres. Une pour aller en boîte, une pour un rendez-vous avec un mec qui ressemblait à Igor dans Frankenstein, une autre voulait de nouvelles fringues pour le patinage parce que ses leggings lui faisaient de grosses fesses (ce qui est vrai). Mais je n'ai rien dit, j'avais qu'une envie : aller me coucher.

Des fois, j'ai envie de hurler : "Mais merde, je suis pas Christina Cordula ! Si tu veux des fringues, va à H&M et fous-moi la paix !" Je me retiens parce que c'est mon boulot de les satisfaire. Enfin, c'est ce que je croyais. Jusqu'à il y a une semaine.

Alors que je sombre enfin dans un sommeil bien mérité, mon téléphone magique sonne. C'est le syndicat des fées. Ils veulent me voir d'urgence demain matin. Quelque chose de gros se prépare, et je sens que ma vie va basculer...