Fée pas ci, fée pas ça

La fée sourit

Voilà que je me trouvais accompagnée du fantôme de ma princesse préférée, la légendaire Cendrillon en personne! Rien que ça. Je n'arrivais toujours pas à croire comment un tel miracle avait pu se produire, mais sur le moment, je m'en fichais royalement. Tout ce que je voulais était savourer ces moments passés en sa compagnie.

"Tu te souviens vraiment de tout? Je veux dire, c'est vraiment toi? Je ne me suis pas cogné la tête? Je ne suis pas dans le coma? Ce n'est pas mon cerveau atrophié par l'excès de coca qui me fait imaginer tout ça?"

L'apparition de Cendrillon ria, un son mélodieux et réconfortant.

"Non, je te jure que c'est bien moi, ma chère marraine. Même si je ne suis pas en chair et en os, je suis bien là avec toi! Je suis là pour une raison et tu le sais!"

Je soupirai. C'était vrai, elle était là pour m'aider à retrouver le bon chemin, mais c'était trop tard. J'avais déjà trop abusé de mes pouvoirs pour faire du tort à celles que je devais servir.

"Tu sais, je ne peux pas défaire mes sorts seulement si je le veux, et je n'en ressens aucune envie! Tout a tellement changé depuis que tu as disparu."

Mes yeux s'embuèrent de larmes.

"Je n'avais plus l'envie d'aider qui que ce soit ni la force de continuer. J'ai même songé plusieurs fois à demander aux anciennes de me redonner ma forme humaine et d'effacer ma mémoire de fée pour vivre une autre vie."

Cendrillon prit mes mains dans les siennes et me sourit bienveillamment. Ses yeux bleus brillaient avec le même éclat qu'avant. Elle semblait plus qu'une apparition, un fantôme, un mirage. C'était un rêve éveillé dont je ne voulais jamais qu'il s'évanouisse.

"Je sais une chose, en tout cas pour moi, et tu me l'as toujours dit. Chacun a son destin, et le tien n'était pas de rester une couturière à la cour mais de devenir une fée pour aider d'autres personnes, comme tu l'as fait pour moi."

Je me rappelai la première fois que j'avais vu Cendrillon se faire maltraiter par sa belle-mère. Elle devait porter les affaires de ses deux affreuses demi-sœurs au lavoir pour les laver et les frotter en plein hiver. L'eau était gelée et la pauvre enfant avait les doigts tous bleus. J'avais vu sa belle-mère ouvrir la porte de sa maison et accueillir Cendrillon en la réprimandant d'avoir été lente, lui disant qu'elle ne mangerait pas ce soir tant que ses autres corvées ne seraient pas terminées.

Cela m'avait peiné car je ne pouvais intervenir, mais ensuite, avec mes pouvoirs, j'avais pu faire quelque chose et transformer ses haillons en parure d'argent.

Je souris à ce souvenir.

"Tu vois, tout n'est pas perdu," dit Cendrillon.

Je hochai la tête, les larmes coulant maintenant librement sur mes joues. "Mais comment puis-je réparer ce que j'ai fait ? Comment puis-je retrouver la foi en moi-même et dans ce que je suis censée faire ?"

"En commençant par te pardonner," répondit doucement Cendrillon. "Le pardon est la première étape pour guérir. Ensuite, tu dois trouver Sophie."

"Sophie ?" demandai-je, perplexe.

"Oui, Sophie est ma descendante. Elle ignore tout de son héritage, mais elle a besoin de toi. Ensemble, vous pouvez accomplir des choses incroyables. Va à sa rencontre et aide-la à découvrir son véritable potentiel."

Je me sentais soudain envahie par une nouvelle détermination. "D'accord, je vais la trouver. Pour toi, Cendrillon. Pour honorer ta mémoire et tout ce que tu représentes."

Cendrillon sourit, un sourire radieux qui éclaira toute la pièce. "Je serai toujours avec toi, Félicia. Souviens-toi, l'amour et la compassion sont les clés."

Et avec ces mots, l'esprit de Cendrillon disparut doucement, me laissant avec une mission claire et une nouvelle perspective.