"Tu peux répéter ?" demandai-je à Maléfique, impériale sur mon sofa.
Elle me regarde comme si de la bouillie sortait de mon cerveau.
"J'ai dit que j'avais pris rendez-vous pour toi avec le syndicat des fées," répète Maléfique en détachant bien chaque mot comme si elle parlait à une imbécile.
Je secoue la tête. Je crois que je vais vomir. Ok, mon boulot de Marraine, la bonne fée n'est pas parfait, mais c'est le mien et en parler au syndicat est la dernière chose que j'avais à l'esprit.
"Oh, ne fais pas cette tête ! Tu vas enfin pouvoir leur dire leurs quatre vérités, et ça va te faire un bien fou !" rit Maléfique. Mais elle est bête ou quoi ? Je risque... D'ailleurs, je risque quoi ? Rien du tout ? J'en sais rien.
"T'as raison, Maléf' ! Il est temps de leur dire leurs quatre vérités à ces vieilles perruches ! Allez, tchin !"
Je rappelle que l'alcool est vraiment pas une bonne idée et, si vous êtes comme moi et que vous ne tenez pas l'alcool, ne buvez pas ou ne prenez pas de décisions importantes. Pas comme je l'ai fait en étant soûle.
Après une soirée arrosée avec Maléfique, qui elle ne ressent pas les effets de l'alcool, et une liste de ce que je reproche à mes conditions de travail rédigée par Maléfique, il était temps de me rendre au syndicat des fées au cœur de Paris. Maléfique m'accompagne, elle a insisté et j'ai accepté. Au moins, j'ai une alliée avec moi. Sauf que j'ai oublié un détail en arrivant devant l'immeuble où est installé le syndicat. Les fées qui président ce syndicat sont les marraines, bonnes fées de feu la Belle au bois dormant.
Oui, la fée Flora (la plus chiante des trois), la fée Pâquerette et la fée Pimprenelle (une vraie boule de nerfs) et donc les anciennes ennemies de Maléfique !
Et zut ! Je n'avais pas pensé à ça. Je suis vraiment dans la bouse cette fois. Et ce n'est pas ça le pire : quand nous sommes arrivées, il y avait la descendante de la Belle au bois dormant qui avait l'air ravie de cette surprise. Dans quel traquenard je m'étais fourrée ?
Nous entrons dans le hall imposant du bâtiment. Tout est si scintillant, si propre, si... féérique. Ça m'énerve. Les murs sont tapissés de portraits de fées célèbres, et l'air sent la lavande et le jasmin. Trop parfait pour être vrai.
"Bienvenue, Félicia," dit Flora en nous accueillant avec un sourire forcé. "Et Mallory... quelle surprise."
"Flora, toujours aussi... rigide," répond Mallory avec un sourire de serpent. Je me sens comme une souris entre deux chats affamés.
"Félicia, nous avons reçu des plaintes concernant ton comportement lors de tes missions. Peux-tu nous expliquer ?" demande Pimprenelle, ses yeux perçants fixés sur moi comme des aiguilles.
Je prends une grande inspiration. C'est le moment de tout déballer. "Oui, je peux vous expliquer. J'en ai assez de jouer les boniches pour ces princesses ingérables. Elles ne respectent rien ni personne. Je suis épuisée, au bord du burn-out, et je refuse de continuer comme ça."
La salle devient silencieuse. Pâquerette prend la parole, visiblement surprise par ma franchise. "Nous comprenons que la tâche peut être ardue, mais les princesses comptent sur toi. Tu es leur marraine la bonne fée."
"Et elles ne pourraient pas survivre sans moi, je le sais," dis-je avec sarcasme. "Mais moi, je ne peux plus survivre avec elles. Elles ont besoin d'apprendre à se débrouiller seules, à être responsables. Sinon, elles resteront des pestes pourries gâtées pour toujours."
Flora échange un regard avec ses collègues. "Félicia, ton devoir est d'aider les princesses, rien de plus. Les princesses comptent sur toi et tu n'as pas le droit de les abandonner."
"Mais vous ne comprenez pas ! Je ne peux plus supporter ces conditions de travail ! Elles doivent apprendre à se débrouiller seules."
Pimprenelle secoue la tête. "C'est hors de question. Ton rôle est de les aider, un point c'est tout. Si tu n'es pas capable de le faire, peut-être devrions-nous envisager de te remplacer."
Le ton de la conversation devient de plus en plus tendu. Je sens l'injustice monter en moi. "Remplacer ? Vous plaisantez ? Je suis la meilleure marraine que ces princesses aient jamais eue, mais même moi j'ai des limites !"
Mallory intervient. "Vous ne voyez donc pas que Félicia est au bord du burn-out ? Elle a besoin de soutien, pas de menaces."
"Nous comprenons les difficultés, mais nous avons tous des devoirs à accomplir," dit Flora, inflexible. "Et le tien, Félicia, est de servir les princesses."
Je suis furieuse. C'est tellement injuste ! Mais avant que je puisse répondre, je vois la descendante de la Belle au bois dormant, un sourire malicieux aux lèvres. Elle se frotte les mains avec un air de triomphe qui ne présage rien de bon. Mon cœur s'accélère encore plus. La rébellion ne sera pas de tout repos.
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Fée pas ci, fée pas ça
HumorFélicia, exaspérée de jouer la "marraine la bonne fée", en a assez d'aider toutes ces cruches des descendantes des princesses écervelées à atteindre leur fin heureuse. Mais où est la sienne? Ignorée par le syndicat des fées, elle se met en grève, d...