« Siméon, réveille-toi ! »
Pas réveillé pour un sou, je baragouinais une réponse plus ou moins compréhensible signifiant que, non, me réveiller ne faisait clairement pas parti de mes projets.
« Siméon, je ne plaisante pas, lève-toi tout de suite ! Tu dois partir ! »
Intrigué par ces trois derniers mots, je daignais à ouvrir mon œil gauche, l'autre n'étant pas utile vu que la moitié de mon visage avait fusionné avec mon cher et tendre ami, l'oreiller. En face de moi, mon père semblait montrer des signes d'une certaine agitation.
« Papa ? Prononçais-je en baillant, qu'est-ce qu'il y a ? Pourquoi tu me réveilles ?
- Lève-toi !
- Pourquoi, il est quelle heure ?
- Après les questions ! Lève-toi et rejoins-moi dans le salon. Tu as quatre minutes, pas une de plus. »
À ces mots, il quitta ma chambre d'un pas vif, montrant qu'il était pressé. Pourquoi voulait-il me réveiller avant de partir au travail ? J'avais encore le temps moi avant d'aider maman dans les écuries. Agacé, je me redressais et posais les yeux sur ma chambre qui était dans un bordel monstre.
Attends quoi ? Un bordel monstre ? Je fronçais mes sourcils. D'accord, je n'étais pas la personne la plus ordonnée de la Terre, mais je n'étais pas de ceux qui mettaient plus de choses sur le sol que dans les placards. Or, à ce moment précis, j'étais convaincu que c'était le cas. Mes chaussettes côtoyaient les bonnets et les pantalons avec mes écharpes. Pas un seul vêtement n'était à sa place.
Suspicieux, je me levais de mon lit pour enfiler quelques affaires jonchant le parquet de ma chambre, n'ayant pas le temps pour une douche. Une fois sorti de la pièce, je tombais sur mes parents en grande discussion. J'annonçais ma présence avant de les rejoindre et d'embrasser ma mère.
« Bonjour, mon cœur, bien dormi ? Me demanda-t-elle,
-Bah, jusqu'à ce que papa me réveille, j'avoue que c'était plutôt sympathique. »
À mes mots, le sourire qui s'était affiché sur ses lèvres se fana instantanément. Si son visage fatigué me peinait, la joie qui venait de la déserter ainsi sa tenue me rendirent vraiment inquiet. Quelle nouvelle avait pu la mettre dans cet état ? Ma mère était encore dans sa chemise de nuit, beaucoup trop grande pour sa personne. Les mèches rebelles de ses cheveux noirs et blancs désordonnés se dressaient tel des rayons de soleil autour de son crâne. C'était rare de la voir ainsi, elle qui aimait être présentable à tout instant.
« Maman ? Tout va bien ? »
D'un mouvement de la main, elle m'indiqua la table où était servi le petit-déjeuner. En silence, je pris place et mangeais jusqu'à plus faim. C'est-à-dire après trois bouchées de pain, car l'ambiance pesante présente dans la pièce me fit un nœud énorme dans l'estomac. Et aucune de mes sœurs n'était réveillée pour tenter par divers stratagèmes de décharger le salon des ondes négatives qui y habitaient.
Quand ils virent que j'avais fini de manger, mon père ouvrit la bouche avant de la refermer aussitôt. Et cela, plusieurs fois. N'y pouvant plus, je l'interrogeais directement :
« Bon, qu'est-ce qui se passe ?
-Siméon, je... Je suis désolé, me répondit finalement mon père »
Ne comprenant pas, je le scrutais du regard essayant de décryptant le moindre de ses gestes. Les yeux rouges fatiguées, les rides soucieuses présentes sur son front, le teint blanchâtre à la limite du maladif.
« Je t'assure que je ne voulais pas ça, mais... je n'ai pas eu le choix ! »
Silence d'incompréhension de ma part.
« Chéri, explique-lui clairement, il ne comprend pas et c'est normal, chuchota ma mère,
- Je... Tu es au courant que j'ai un métier un peu... Particulier dirons-nous. Je n'ai jamais trop donné de détail parce qu'en théorie vous n'auriez jamais dû être touché par « ça ». Sauf que je me suis trompé et par ma faute, te voilà contraint de partir...
-Partir ? Répétais-je malgré moi. »
Les yeux bleus de mon père se posèrent un instant dehors et je suivis son regard. À l'entrée était posé le plus grand de mes sacs. Il n'était pas fermé. Ainsi, je pus voir que dedans était entreposé une grande partie de mes affaires.
« Mais qu'est-ce que... ?
-Ta mort était prévue dans le Destin. »
Ne m'attendant absolument pas à une telle déclaration - en même temps qui s'y attend ?-, je croassais une espèce de « Pardon ?! » étranglé. Ma mort ? Comment ça ? Je savais que papa travaillait dans un milieu très porté sur l'avenir, l'alignement des astres, tout ça, tout ça... Mais de là à prédire ma mort ?!
« J'ai bien conscience que tu as du mal à croire ton père, mon cœur, mais c'est très sérieux. Il te manque des éléments pour tout saisir, c'est indéniable. Mais tout ce que tu as à savoir, c'est que ta mort était prévue et que ce n'était pas qu'un vulgaire horoscope. »
Ok, c'était du délire pur et simple.
« Du coup, je vais mourir demain ?
-Non. Comme te l'a dit ta mère, ta mort « était » prévue. Cependant, j'ai réussi à ne pas que ça arrive. Le problème est que pour le faire, j'ai été contraint d'enfreindre le règlement. Nous n'avons pas le droit de modifier les événements présents et c'est une faute gravissime.
-Tu vas aller en prison ?
-Non ! Oui ! Enfin. Je ne sais pas et ce n'est pas ce qui m'importe. Ce qui m'importe pour le moment, c'est que pour essayer de réparer ma faute, mes supérieurs vont... »
Il s'arrêta là pour chercher ses mots comme si la suite était trop dure à dire. D'un hochement de tête, je lui incitais de continuer. Bloqué, il ne disait plus rien.
« Papa, qu'est-cequi se passe ? Insistais-je,
-Siméon... Ils vont envoyer des gens pour te tuer.»
VOUS LISEZ
Le fils maudit du Narrateur
Paranormal« Papa, qu'est-ce qui se passe ? - Siméon... Ils vont envoyer des gens pour te tuer. » Ici, pas de prophétie et encore moins de Destin à sauver. C'est même plutôt l'inverse : Siméon fuit ses créateurs. Car oui, le Destin n'est pas inscrit dans les a...