En route pour Shiganshina - Partie 5

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« Merci », souffla vaguement Marion en s'allongeant. Malgré le vide effroyable qui la rongeait, elle s'endormit aussitôt. Lorsqu'elle se réveilla quelques heures plus tard, sa nuit lui parut avoir duré une demi-seconde.

Les rayons du soleil filtrant par sa fenêtre l'éblouirent un instant. Où est-ce que je suis ? songea-t-elle. Elle regarda la pièce dans laquelle elle se trouvait, composée d'un rangement, d'un petit bureau, et de deux couchettes. Mon lit est à gauche, pas à droite... Et la fenêtre n'est pas à côté du bureau...

Les souvenirs de la veille lui revinrent brusquement en mémoire. Une souffrance sans nom l'assaillit. Elle est morte. Ses yeux s'écarquillèrent, et regardèrent avec horreur le lit vide en face d'elle. Je ne la reverrai plus jamais.

Elle leva sa main devant ses yeux et écarta ses doigts. Mais moi... Je suis en vie. Elle regarda par la fenêtre, remarquant à peine les bâtiments à demi détruits de Shiganshina. Emilie... J'ai suivi ce que tu m'as dit, et je suis en vie, pensa-t-elle, les larmes aux yeux.

Elle se leva avec difficulté. Elle ignora ses jambes courbaturées, et enleva son harnais de manœuvre tridimensionnelle. Je resterai en vie, et je retournerai chez moi, se répéta-t-elle en avançant dans un couloir qu'elle ne connaissait pas. Oui, j'y arriverai.

« Marion », l'appela quelqu'un derrière elle. Hansi se tenait là, un étrange air sur la figure. Elle ouvrit la bouche, secoua la tête plusieurs fois et se contenta de l'étreindre. L'intéressée se laissa faire, interdite. « Je suis heureuse que tu sois vivante », finit par dire sa supérieure. Elle hocha la tête.

L'autre la guida jusqu'aux douches, où elle put se laver. « Il est déjà dix-neuf heures », expliqua-t-elle en la faisant entrer dans une salle au premier étage une fois qu'elle eut fini. « Tu arrives pile pour le dîner. »

Elle l'assit à une table. Elle était si concentrée sur les haricots qu'on lui servait qu'elle remarqua à peine la présence de Livaï et de Mike en face d'elle. Elle mangea sans grande conviction, l'estomac noué. Ses yeux glissèrent sur le petit homme, dont le visage était impassible. Je lui ai sauvé la vie une fois, quand même, réalisa-t-elle brusquement.

« Marion », l'interpella la voix d'Erwin. Elle se retourna ; il venait d'entrer dans le réfectoire, tout équipé. Il vient juste d'arriver, devina-t-elle. « Viens dans mon bureau, ainsi que Livaï. » Ils se levèrent, et suivirent le grand homme.

Ils pénétrèrent un bureau légèrement différent de celui des premiers quartiers généraux. Elle s'assit sur une chaise à disposition, et l'autre s'adossa, comme à son habitude, contre un mur. Là, le major lui expliqua ce qu'il s'était passé lorsque Samuel était rentré de l'expédition seul, et le fait qu'il était désormais enfermé dans les cachots.

Ils pensaient donc qu'on était morts... Cela expliquait la réaction de Hansi, et les regards étranges des autres explorateurs. Elle baissa la tête, de nouveau dévorée par la douleur qui habitait sa poitrine depuis la mort de son amie.

« En ce qui concerne le sous-sol d'Eren, nous irons demain, annonça-t-il. Nous devons nous y rendre le plus vite possible, comme prévu. Qui sait le temps que ça te prendra, reprit-il en la regardant.

— Que ça me prendra... Pour quoi ? demanda-t-elle, confuse.

— Pour débloquer ce qu'il s'y trouve. »

Elle crut voir son supérieur se raidir légèrement ; toutefois, lorsqu'elle lui jeta un œil, son visage était toujours aussi impénétrable. Elle cligna des yeux plusieurs fois. J'ai envie de dormir, se dit-elle.

ᴘʀᴇᴍɪᴄᴇꜱ - ᴀᴛᴛᴀᴄᴋ_ᴏɴ_ᴛɪᴛᴀɴ&0.7 ⌜ᵗᵒᵐᵉ ¹⌟Où les histoires vivent. Découvrez maintenant