Début de carrière - Partie 1

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Dans une petite ville de l'ouest de la France, 15 juin 2017

Une sonnerie des plus classiques sonna douze heures, résonnant dans les couloirs vides d'un lycée. Des bruits de chaise retentirent ; quelques minutes plus tard, un flot d'élèves venant de finir leur épreuve de français sortit des salles de classe. Un groupe d'adolescents descendit les marches carrelées des escaliers.

« Vous avez vu Marion dans la salle ? demanda l'un d'eux, grand aux boucles blondes.

— Non, peut-être qu'elle était dans une autre, répondit distraitement un châtain.

— Mais non, elle était marquée sur la feuille. Puis, elle était pas là quand ils ont fait l'appel.

— Bah putain... Elle était au courant pour le corpus, ou quoi ? railla un petit à la longue chevelure noire et aux yeux clairs.

— Mais arrête de faire le con, Antoine, fulmina le blond. Elle était encore sur Messenger ce matin. Jamais elle aurait triché ou séché une épreuve, tu la connais. »

Le plus petit ne montra rien du battement qu'avait douloureusement raté son cœur.

« Elle a peut-être eu un accident, continua son ami.

— Si c'est le cas, elle est bien en sécurité aux urgences, lui fit ironiquement remarquer Antoine. »

Le second s'arrêta soudainement, les yeux écarquillés. Les autres se retournèrent.

« Victor ?

— « Une jeune fille du nom de Marion Griffonds portée disparue sur le chemin de son lycée », lut l'intéressé d'une voix tendue. Georges... C'est quoi ce bordel ?

— Quoi ? Tu plaisantes ?! s'exclama l'intéressé.

— La police est dans l'école, il paraît. »

Il poussa un petit cri lorsqu'Antoine lui attrapa le bras avec force.

« Eh, qu'est-ce que tu fais ?!

— Si la police est vraiment ici, je t'égorge, articula-t-il, le regard noir. »

Il le tira sans ménagement jusqu'à un hall carré et bondé de monde, aux murs blancs et légèrement rayés. Des hommes en uniforme bleu se tenaient sur le côté, calepin à la main, et venaient d'interpeller une petite adolescente blonde. Elle plaqua une main sur sa bouche ; ses grands yeux marron s'écarquillèrent.

Antoine se stoppa net. L'horreur se peignit sur son visage mince ; il mit un long moment à réaliser la véracité de la situation. Elle a disparu. Son cœur se tordit brutalement. Elle a disparu. Georges se planta devant lui. « Autant aller leur poser des questions », proposa-t-il, troublé par la réaction de son ami.

Ce dernier acquiesça faiblement, et le suivit jusqu'à un grand policier brun.

« Est-ce vous connaissez Marion Griffonds ? interrogea-t-il en les voyant.

— Oui, souffla Georges.

— Elle a disparu ce matin. Le lycée a appelé ses parents, qui ont confirmé qu'elle était bien partie de sa maison. Est-ce qu'elle est du genre à sécher les cours ?

— Non... Tout le contraire.

— C'est ce que tout le monde me répète depuis trois heures, soupira le gardien de la paix. Une jeune fille « très intelligente et gentille, qui ne rate les cours que quand elle y est obligée. Très sérieuse et excellente à l'école. Souriante, aimable, polie, sympa... » Vous comprenez, chez les ados, on privilégie toujours un truc du genre sécher les cours pour aller fumer un joint. Mais dans un cas comme ça... »

ᴘʀᴇᴍɪᴄᴇꜱ - ᴀᴛᴛᴀᴄᴋ_ᴏɴ_ᴛɪᴛᴀɴ&0.7 ⌜ᵗᵒᵐᵉ ¹⌟Où les histoires vivent. Découvrez maintenant