Chapitre 2

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Aussitôt libérée de mes tâches, je me rendis rapidement dans ma chambre pour organiser un plan de défense qui me serais sûrement utile pour ma rencontre avec l'inconnu.

Je commençai par m'habiller plus convenablement en cas de combat. Pantalon pour remplacer mes longues jupes et chemise munie de poches  secrètes pour cacher quelques dagues ferait l'affaire.

Je mis aussi des bottes solides où je cachai encore une arme, suivi d'un plastron en cuir.

Je cherchai dans mon armoire mon bâton où était emprisonné ma magie offensive. En effet, puisque les Verdas sont principalement pacifiques, un bâton les suit durant leur apprentissage de la magie offensive. Celle-ci est emprisonnée par le sceptre, ce qui fait en sorte qu'on ne pourra utiliser notre magie pour blesser que si nous l'avons en main.

Le mien venait d'un chêne, et il était orné de fruits séchés et de plumes de paon. Plutôt que de changer sa forme, j'avais décidé de le laisser aussi naturel que possible. Il avait donc gardé l'apparence d'une branche de chêne, bien qu'un peu polie.

Je le glissai dans ma ceinture, dans mon dos, et je mis ma cape brune pour recouvrir le tout.

<< Il ne me manque plus qu'une chose...>>

Je sortis doucement de ma chambre, fis attention de ne pas faire craquer les escaliers et sorti par derrière.

De là, j'appelai à voix basse:

<< Courage! Il est temps >>.

Un loup gigantesque sorti de l'ombre d'une ruelle. Il était doré au soleil, mais semblait argenté à la lueur de la lune.

Courage est la créature qui est lié à moi grâce à la magie de la forêt. Chaque Verdas à son animal qui restera avec lui jusqu'à la fin de sa vie.

Nous sommes liés à une créature à notre douzième année. C'est un rituel important au centre de la grande forêt qu'est notre maison à tous. Nous y allons seul, avec à la main un totem en bois fabriqué par le grand sage.

Ce totem contient l'esprit d'un animal ayant, dans une vie ultérieure, fait preuve d'une qualité particulière. Le grand sage lit dans les esprits, il sait donc quel animal doit être lié à nous.

Une fois au centre de la forêt, nous nous mettons à genoux et plaçons la statuette devant nous, puis nous appelons l'esprit. Nous avons alors des visions de l'ancienne vie de notre animal, qui doivent nous permettre de développer sa qualité première.

Moi, j'ai un loup qui avait fait preuve d'un énorme courage en sauvant les siens alors qu'il était sûr de mourir.

Je regrettais aujourd'hui de n'avoir pu faire comme lui lorsque mon peuple fut détruit...

Mais la seule option restante était la vengeance, et, si je voulais l'accomplir, il me fallait parler à cet homme.

Je montai sur Courage et lui dit d'aller à la fontaine centrale.

J'arrivai quelques minutes avant que la lune soit à son plus haut. Mais ce n'est pas plus mal d'arriver la première, puisque je peux en profiter pour apprivoiser le terrain.

L'homme arriva enfin à l'heure prévue. Il était toujours vêtu de sa cape noire qui m'empêchait de voir son visage, et la faible lumière de la lune n'arrangeait rien à cela.

Il vint vers moi mais s'arrêta à une distance raisonnable après avoir remarqué mon loup.

- Je suis content de voir que tu es venue... Même si accompagnée.

- Je ne savais pas que tu craignais les animaux des compagnie, répondis-je brusquement. Maintenant, explique-moi pourquoi tu as besoin de moi.

L'homme soupira :

- D'accord, mais nous devrions peut-être nous présenter avant, non? Je m'appelle Val.

Petit moment de silence. Val toussota :

- Tu ne te présente pas?

- Je ne vois même pas ton visage, alors que tu connais le mien. Pour moi, nous sommes quitte ; je connais ton nom et toi mon apparence. Les deux sont précieux, surtout pour quelqu'un qui sort autant du lot que moi.

Il hésita :

- Tu as raison. C'était impoli de ma part.

Val ôta sa cape et je pus enfin voir son visage.

Il semblait dans la vingtaine, soit un peu plus vieux que moi qui avait dix-neuf années.

Il avait un visage carré mais doux à la fois, ce qui ne lui donnait pas l'air des mercenaires qui venaient parfois à la taverne. Ses cheveux étaient d'un noir profond aux reflets bleutés, et ses yeux noisettes avec un fond d'orangé bordés de longs cils foncés. Il était assez bronzé et, maintenant que je le voyais debout, je remarquai qu'il faisait une tête de plus que moi.

Je ne m'étais pas trompée sur le fait qu'il se battait. Un long sabre pendait à sa ceinture, et il portait un plastron en fer. Pour se qui était de sa valeur au combat, j'imagine que j'allais le découvrir tôt ou tard.

- À toi de dire ton nom.

- Amalia. Maintenant que les présentations sont réglées, venons-en aux faits.

- J'aurais besoin de ton aide dans une quête, dit-il, sûr de lui. Une quête pour faire disparaître les Felus.

- Et pourquoi devrais-je t'aider?

Bien sûr, le fait qu'il ait la même quête que moi m'intéressais, mais il fallait toujours être prudent.

- C'est simple. Un : tu ne peux pas tous les tuer seule et deux : j'ai des réponses à tes questions.

- Ah oui? fis-je, perplexe quant à la dernière partie.

- Tu ne t'es jamais demandée pourquoi personne ne te faisais de remarques sur tes origines?

- Oui mais...

- Je sais, tu penses qu'ils évitent le sujet. Et si je te disais qu'ils ne faisaient pas semblant de ne pas savoir, mais qu'ils ne s'en souvenaient vraiment plus?



Amalia d'ArkéaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant