Chapitre 5

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L'homme prit une mine offensée, puis descendit de cheval.

- Soit, dit-il, battons-nous, si vous insistez.

Val mis le pied à terre et dégaina son arme. C'était une longue épée qui semblait de la première qualité. Un serpent s'enroulait autour de la garde, son oeil formé par un petit rubis. Des signes complexes étaient gravés tout le long de la lame et le tranchant de celle-ci était si affûté que trancher un homme semblait aussi simple que de couper une part de gâteau.

Je me mis à mon tour près de Courage. Malgré l'interdiction d'utiliser ma magie émise par Val,  il n'était pas question que je sois en reste!

Les autres Felus approchèrent et entourèrent se qui semblait être leur chef. En tout, six personnes se trouvait maintenant devant nous, prêtes à se battre, alors que nous n'étions que trois en comptant Courage.

L'un deux lança une boule de feu sur Val, qui l'esquiva adroitement avant de lui transpercer le coeur avec son épée.

Je fus prise de stupeur face à cet acte qui semblait si facile pour lui.

- A-attends Val! On ne faisais pas que les assommer?

J'esquivai à la dernière seconde un poing enflammé venant d'un Felus qui m'avait pris pour cible, avant de donner un solide coup de garde d'une de mes dagues dans son estomac, suivit d'un coup sur la tête qui l'assomma solidement.

- Que croyais-tu! me répondit-il en évitant une ligne de flamme qui semblait sortir du sol, avant de décapiter son créateur. Tu voudrais avoir une prime sur ta tête?

-Mais...

- Comment comptais-tu accomplir ta vengeance? Ce sont des Felus! Tues-les!

Je regardais Val se battre, ne sachant que faire.

Il ne restait plus que le chef de la bande. Apeuré, il tenta de s'enfuir, projetant un énorme serpent de flamme derrière lui. Val réussi à l'esquiver mais se tordit la cheville dans la manoeuvre. Il grimaça face à la douleur, mais sa panique quant au Felus qui s'échappait prit le dessus.

- Amalia! Lance-lui une dague, fais quelque chose, mais tue-le! Il ne faut pas le laisser s'enfuir!

Je visai avec ma dague, levai le bras pour la lancer puis... Je laissais tomber ma dague sur le sol, la suivant quelques secondes après.

- Je... Je ne peux pas, je n'ai jamais tué...

Et puis tout devint noir.

Un autre temps, heureux et pleinde vie. Je revoyais ma mère, son doux sourire. Je venais de faire un cauchemar, et elle me carressait doucement les cheveux pour m'aider à m'endormir.

- Maman... Mais tu es morte...

Elle me sourit tendrement.

- Physiquement, je le suis, mais je serais toujours dans ton coeur.

- Maman... Pourquoi n'ai-je pas réussi à le tuer?

Elle cessa de me caresser les cheveux et elle se mit à fixer le mur. Je m'assis dans mon lit.

- Te souviens-tu de ce soir où tu m'as demandée pourquoi les gens tuaient d'autres gens de leur race?

- Je crois...répondis-je avec hésitation.

- Te souviens-tu de ma réponse?

Je fis non de la tête.

- Et bien, tu vois, ma noix, les gens tuent pour la vengeance, pour le plaisir, pour l'argent... Mais, au fond, - elle mis sa main sur mon coeur - ils tuent pour se guérir eux-même. Ils tuent pour oublier leurs regrets, leur peine, pour donner un sens à leur vie. Mais il ont tort de faire ça. Il n'y a rien de mal à ne pas savoir tuer, mon renard. C'est un exemple d'une énorme force spirituelle.

- Mais alors, ma vengeance...

- Ta quête n'est plus là pour venger. Tu dois tuer le sorcier noir, non parce qu'il nous a tué, mais parce qu'il pourrait faire bien pire encore. Tu tueras pour protéger, la seule raison qui vaille vraiment la peine, la seule raison qui nous a tous fait prendre les armes. Maintenant va, et rappelles-toi : ne tue que pour te protéger, ou protéger ceux qui ne peuvent le faire par eux-même.

- Non maman, je ne veux pas te quitter, tu me manques tellement...

- Je sais ma fille, mais je n'appartiens plus à ce monde. Au revoir, je t'aime et n'oublie pas, ne fais jamais de choix que tu pourrais regretter...

J'ouvris les yeux sur un ciel bleu et clair. Des larmes coulaient lentement sur mes tempes, glissant jusque sur mes cheveux. Je revoyais encore le doux sourire de ma mère, j'entendais presque sa voix...

- Enfin réveillée? Je t'ai cru morte! J'allais te jeter dans le fossé, là-bas.

Je me redressai in extremis et essuyai prestement mes larmes.

- Ne t'inquiète pas, j'ai déjà vu que tu pleurais. À quoi as-tu rêvé?

- Ça ne te concerne pas. Et toi, pourquoi les as-tu tous tués?

- Presque tous, rectifia-t-il. Nous avons maintenant une prime sur nos têtes, j'en suis sûr, et c'est se que je tentais d'éviter. Défier les guerriers du roi est un crime, vois-tu.

- Je suis désolé Val, je n'ai pas été à la hauteur...

Val se plaça près de moi et mis une main rassurante et chaude sur mon épaule.

- Ne t'inquiète pas. Tu sais, dans mes premiers combats d'arène je refusais de tuer, je les faisais simplement sombrer dans l'inconscience, comme toi. Mais en montant les échelons, cette technique est devenue impossible. Tuer ma première victime fut un grand choc pour moi et je me suis promis de ne tuer qu'en cas d'extrême nécessité. Même si ça semble facile, je déteste faire cela.

- Mais comment fais-tu?

- Pour tout t'avouer... Je suis un peu gêner de le dire en fait mais... Je m'excuse à chaque fois, et je prie Fikami, la déesse des combats et de l'honneur, de conduire ma victime vers un monde meilleur. J'ai même promis à mes plus grands adversaires une revanche dans l'au-delà. Mais tout ça n'intéresse personne alors... ajouta-t-il en rougissant.

- Mais non, au contraire! Ce que tu fais est très noble, certains tuent sans même y penser! Tu sais, lorsque j'étais inconsciente, j'ai rêvé à ma mère, qui me rappelait une leçon qu'elle m'avait faite lorsque j'étais petite. Je lui avais demandé pourquoi les gens tuaient et elle m'avait répondu qu'au fond, ils cherchaient à se guérir, mais, j'imagine, de la mauvaise façon. Elle m'a aussi dit qu'on l'on pouvait tuer si c'était nécessaire, c'est-à-dire pour se protéger ou protéger des impuissants. Et c'est ce que tu fais! Tu ne tues que lorsque nécessaire! C'est très noble de ta part, tu n'as rien à te reprocher. Ça va?

Des larmes avaient commencées à couler sur ses joues.

- Oui, ça va, j'ai juste réalisé quelque chose avec tes paroles... Mais bon, fit-il brusquement en essuyant ses larmes, il faudrait se mettre en route, ne crois-tu pas? Le temps file, et nous avons un mage noir à tuer, pour Arkéa!

- Pour Arkéa! criai-je à mon tour, le sourire aux lèvres.

Bonjour à tous ceux qui lisent mon histoire jusqu'à présent! C'est la première fois que j'écris un petit commentaire de fin comme ça (et sûrement une des seules ^^') mais je tenais vraiment à remercier tous ceux qui ont lu, voté et commenté mon histoire jusqu'à présent. Vous êtes de plus en plus nombreux d'un coup et ça me fais énormément plaisir. Un grand merci à tous! :D

Amalia d'ArkéaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant