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Lorsque vous commencez à comprendre la logique de ce que je vous raconte, vous pouvez alors vous poser beaucoup de questions.
L’une des principales devrait être basée sur la magie.

Le fantastique peut-il s’introduire dans vos vies ?

La réponse est oui.

Connaissez-vous la notion de spectateur de la vie ?
À mon avis, oui. Car les personnes de votre monde sont souvent ce genre d’observateurs, sans vraiment le vouloir.

Il suffit par exemple d’être assis à attendre à un arrêt de bus. Vous regardez les gens qui passent. Vous suivez leur histoire pendant quelques secondes.

Cette nuit-là, c’est ce que j’ai fait, installée dans les buissons. J’ai été la spectatrice d’une très belle histoire de votre monde.

Vous devez probablement avoir déjà entendu parler de magie noire ou de magie blanche.
Eh bien, dans certaines histoires, il existe une autre sorte de magie.

Celle qui est présente au clair de lune, celle qui veille sur les enfants dans le noir, celle qui fait briller les étoiles comme des soleils, celle qui laisse planer dans l’air de la nuit une odeur sucrée et profonde, celle qui vous fait rêver.

La magie bleue.

Un mystérieux phénomène qui se produit une fois le Soleil couché. Une incroyable beauté qui fleurit une fois la nuit tombée.

Les lucioles sont connues pour leurs pouvoirs surnaturels. D’après une légende, ces incroyables insectes seraient tout droit sortis d’une histoire. Pour les rares personnes qui ont eu l’occasion d’en apercevoir dans leur vie, sachez que l’endroit où vous vous trouviez à ce moment, recèle une importante magie bleue.
On dit que l’on trouve la paix sur les collines doucement illuminées par ces petits êtres ailés.
On dit que les étoiles filantes ne sont rien d’autre que des lucioles accomplissant un souhait.
On dit que si on en attrape et qu’on les garde soigneusement chez soi, on est protégé des esprits malfaisants dans l’obscurité.

Cette nuit-là, la clairière où je me trouvais était peuplée de centaines de lucioles. Je les dévorais du regard. C’était comme un feu d’artifice de paillettes dorées qui tombaient du ciel.

J’avais entendu dire que c’était dans cette clairière, au bord de cet étang, qu’une histoire s’était échappée de son livre. Je m’étais donc cachée dans les buissons pour admirer ce spectacle.

C’est là que je le vis. Un petit garçon, âgé d’environ sept ans, s’avançait sous le croissant de Lune qui brillait de mille feux. Les lucioles s’écartèrent sur son passage. Il les regardait tournoyer doucement dans l’air. Je l’apercevais frissonner. Mais je ne croyais pas qu’il avait froid. Je le pensais plutôt fasciné. À mi-chemin entre la peur et l’admiration.

Soudain, une jeune fille surgit de derrière un arbre et souleva le garçon en riant. L’enfant, surpris, cria. Puis, en se rendant compte de qui était la personne qui le tenait, il la serra dans ses bras et se mis à rire aussi. L’adolescente le reposa à terre.

Ils étaient de votre monde.
Mais pourtant, ils étaient indescriptiblement liés à une histoire.

Tous les deux, main dans la main au milieu des lucioles, attendirent ce pourquoi ils étaient venus.

Enfin, la magie se révéla à leurs yeux.
Les deux âmes qui leur rendaient visite lors de nuits comme celle-ci les entrainèrent dans d’extravagantes danses au bord de l’eau. Les fantômes purs faisaient voltiger les deux enfants tellement vite que leurs pieds touchaient à peine les brins d’herbe. Ils étaient vraiment heureux ce soir-là.

Ils passèrent des heures entières avec ces deux personnages. Ils flottaient ensemble dans les cieux. C’était comme discuter avec les deux âmes pleines d'énergies.
On raconte que ces essences de vie qui foulaient le ciel étaient leurs parents. Je n’ai jamais su si c’était la vérité.

Ce jour-là, tout ce que je voyais, c’était leur joie. Partout. Dans leurs yeux, dans leur cœur, dans leurs gestes dans le ciel.

Lorsque l’aube commença à se lever. Les deux âmes durent s’en aller. Après un dernier adieu, elles percèrent tout droit vers les cieux.

« Pourquoi ne partons-nous pas avec eux ?, demanda le garçon. Ce serait tellement plus facile. »

La jeune fille s’agenouilla en face de lui, pris ses épaules et répondit :

«  Ce ne serait pas facile. Ce serait stupide. Pour l’instant, notre vie est ici. Il nous reste tant à découvrir. Je te promets que notre place est dans ce monde. Peut-être que, plus tard, il sera temps de les rejoindre. Mais aujourd’hui, il nous reste encore des années à passer là.

- On va accomplir des choses, alors ?

- Oui. Ensemble.

- Je t’aime.

- Moi aussi, je t’aime. Je serais toujours là pour toi. Dans ce monde. »

Elle avait les larmes aux yeux devant son petit frère qui faisait preuve de tant de courage. Il lui sourit. Puis, dans l’herbe bientôt couverte de rosée, ils s’endormirent.

Au petit matin, ils se réveilleraient bien au chaud au fond de leurs lits. J’y ai aperçu un vase à lucioles sur le rebord de la fenêtre.
Elles brillaient une dernière fois avant le lever du Soleil.

Fin ? Où les histoires vivent. Découvrez maintenant