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Fin.

F. I. N.

C’est ce que, pour les uns, êtes habitués à lire à la fin des histoires, et pour les autres, êtes habitués à écrire à la fin des histoires.

Qu’est-ce que vous croyez qu’il se passe après ce mot ?

Que c’est fini ?

Qu’il n’y a plus rien ?

Laissez-nous vous dire que vous vous trompez tous.

Ce n’est qu’un mot. On ne cesse pas d’exister après un mot. Et non. Nous sommes toujours là. Bien sûr, nous ne parlons pas des personnages qui sont morts dans vos histoires. Eux, nous ne savons pas s’ils existent encore. Peut-être dans un autre monde, au paradis… Puis, c’est facile d’imaginer que les personnages de fictions qui existent dans le même monde que le vôtre pourraient continuer de vivre quelque part. Mais comment serait-ce possible pour des personnages provenant d’un univers incroyable, empli de science-fiction. C’est pour cela que nous sommes là et pas là-bas, avec vous. Le monde des histoires. On continue de vivre. Si nous sommes des humains comme vous, nous mourrons comme vous. Si nous sommes des extraterrestres venus du centre de Jupiter, nous vivons le temps que nous avons été créés pour vivre. C’est comme ça. Ce n’est pas triste. La vie continue.

Oyez, oyez, braves gens ! Bonjour, je vais me présenter sans me présenter. Je suis l’un des personnages d’une histoire. Je sais ce qu’il se passe après le mot « Fin ». J’en ai rencontré beaucoup d’autres comme moi. Ils m’ont raconté leur histoire. Croyez-moi, ce qui se passe après le mot fatal est parfois beaucoup plus intéressant que ce qu’il est raconté avant. Pour vous le prouver, je vais vous narrer un conte.

Je n’ai pas besoin de vous parler de ce qu’il y a avant la fin. Vous connaissez tous ce qu’il se passe.

Il était un fois un royaume. Puis, des péripéties. Enfin, ils vécurent heureux et eurent beaucoup d’enfants.

Après le mot fin, je peux vous spécifier que deux beaux bébés virent le jour. C’était des jumeaux. Un garçon et une fille. Ils grandirent. Leurs parents répartirent le royaume entre les deux jumeaux qui, à leur tour, se marièrent et eurent des enfants. Il n’y eu pas de guerres, ni de conflits entre le frère et la sœur. Ils s’aimaient, gouvernaient en se concertant. Leurs enfants, qui étaient cousins et cousines, passaient la plupart de leur temps ensemble. Ils s’amusaient comme des fous.

C’était un conte de fée, donc, un jour, une sorcière arriva au royaume. Mais comme cela se passait après la fin, ce n’était pas la méchante sorcière que nous croisons habituellement dans ce genre d’histoire. L’enchanteresse était l’une des plus gentilles femmes que le vieux roi et la vielle reine avait rencontrée dans leur longue vie. Ce n’était pas une fée, elle ne pouvait pas donner de dons aux petits-enfants. Mais elle fit quelque chose de bien plus important. Quelque chose d’incroyable. La sorcière se rendit tout au fond du château. Dans un débarras que plus personne n’utilisait. Elle jeta un sort à l’épaisse porte en bois.

« Cette porte est à présent l’espoir.
Laisse-nous sortir de l’histoire. »

Cette porte inutilisée était maintenant devenue la porte qui nous menait chez vous. À votre monde. Grâce à cette porte, la sorcière a permis aux personnages de l’histoire de voyager dans le monde qui les a créés.

L’enchanteresse est ensuite passée de monde en monde, de pays en pays, d’histoire en histoire. Elle a permis à tellement de personnages de pouvoir faire comme elle et de voyager !

À présent, le roi, la reine et leurs enfants sont morts depuis bien longtemps. De vieillesse, j’entends. Ils vivaient il y a fort longtemps, comme il était stipulé au début de leur histoire.

Mais cette sorcière en a tant fait. Tant et si bien que, de nos jours, chaque histoire possède un passage quelque part pour se rendre chez vous.

Oyez, oyez, braves gens ! Croyez-moi, je vous en prie.
Je suis là et je ne le suis plus.

J’utilise la porte du château.

Fin ? Où les histoires vivent. Découvrez maintenant