14 - Nouvelle Mission

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Je suis vraiment désolé pour le délais de publication ^^' Bonne lecture! :3

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-Et pour le professeur de mathématiques ? Demanda Sebastian en mordillant sa cigarette.

Le chasseur était assis sur son lit, torse nu, et remontait son arme avec des gestes huilés par l'expérience. Moriarty, un linge mouillé à la main, finissait distraitement de nettoyer la coupure qui ornait son dos en élaborant ses plans à voix haute.

-J'hésitais entre le rendre fou et l'utiliser pour décrédibiliser le professeur de sport.

-Mmm... répondit Moran, signifiant qu'il réfléchissait à la question.

Moriarty attrapa des bandages dans la trousse à pharmacie et ses yeux, malgré lui, se posèrent sur le dos de son sniper favori. Il était criblé de meurtrissures, de brûlures et de cicatrices, séquelle de son enlèvement. Ce qui n'avait pas l'air de perturber Sebastian outre mesure mais lui procurait, à lui, un étrange petit pincement au cœur.

-Il faut que tu fasses plus attention, commenta Moriarty d'un ton réprobateur en enroulant maladroitement les bandages autour du torse du chasseur. Tu t'es encore fais une belle cicatrice, aujourd'hui. J'aime les balafrés, mais jusqu'à une certaine limite...

Sebastian se retourna, inquiet de déplaire à son Seigneur et Maître. Mais l'indifférence du visage de Lucifer le rassura. Ce n'était qu'une remarque en l'air. Il se promit toutefois, à l'avenir, d'être plus prudent. Il ne pouvait pas prendre le risque de moins plaire à Moriarty.

-Vous bandez très mal, commenta-t-il en avisant les bandes de tissus lâches que le génie du crime s'évertuait de faire tenir autour de son torse.

Moriarty haussa un sourcil amusé. Moran était bien la seule personne de l'univers à pouvoir lui adresser tranquillement une critique et vivre encore pour s'en souvenir.

-Il est l'heure de dormir, commenta Sebastian en faisant glisser son fusil sous son lit.

-Mais il n'est même pas minuit, plaida le criminel le plus dangereux du monde d'une voix enfantine.

-Il faut que vous soyez en pleine forme, demain...

Moriarty leva les yeux au ciel. Comme s'il avait besoin de dormir autant que le commun des mortels.

Mais Sebastian s'était déjà allongé et endormis. Ça stupéfiait toujours Moriarty, ce contrôle sur lui-même. Il suffisait au chasseur de le vouloir pour plonger au royaume des songes. Il lui avait même confié, un soir d'intimité, qu'en plus de se réveiller à l'heure qu'il désirait, il était aussi capable de choisir ses rêves.

Moriarty laissa un instant courir ses yeux sur le corps de Sebastian, puis éteignit la lumière pour s'allonger à ses côtés. Malgré sa formidable intelligence, il ne pouvait pas choisir ses rêves, lui. Ou ses cauchemars. Mais Sebastian était le gardien de ses nuits. Aucune ombre malfaisante n'arrivait jamais à s'infiltrer dans les pensées du criminel lorsqu'il dormait à ses côtés.

Encore moi lorsqu'il dormait dans ses bras.

~

Les élèves de la classe de terminale littéraire du lycée français Charles de Gaulle, situé en plein centre de Londres, entrèrent en désordre dans la classe, pépiant de mille conversations à propos du week-end passé, des devoirs, des amours, et des séries télévisés. Ils prirent leurs places habituelles, sans daigner jeter le moindre coup d'œil au tableau. Avant de commencer les cours, chaque seconde de liberté compte.

La sonnerie retentit, anéantissant tout espoir d'un miracle leur permettant de rentrer chez eux pour prier lit et oreiller de leur pardonner de les avoirs quittés.

D'un même geste, les élèves tournèrent la tête vers le bureau du professeur.

Et se figèrent.

On entendit un déglutissement collectif.

Le directeur, qui se tenait jusqu'ici en retrait et que personne n'avait remarqué, s'avança et frappa dans ses mains pour réclamer le silence. Ce qui était inutile, puisque on aurait entendu une mouche cligner des yeux. Mais il est de notoriété publique que les directeurs ne sont pas les créatures les plus futées que la terre ait portée. À part Dumbuldore. Mais je m'égare.

Le directeur, donc, frappa dans ses mains, rajusta sa veste sur son ventre bedonnant, et se racla la gorge avant de prendre la parole.

-Chers élèves. J'ai le triste regret de vous annoncer que votre professeur de mathématique sera absent pour des raisons médicales, et ce jusqu'à la fin de l'année. Mais nous avons l'immense honneur, pour le remplacer, de profiter des services de l'éminent auteur de La dynamique d'un astéroïde, c'est-à-dire...

-Moriarty, le coupa l'interressé, assis derrière son bureau, en train de se limer consciencieusement les ongles.

Il souffla un coup sur le bout de ses doigts, jeta la lime par-dessus son épaule, et sauta sur ses pieds.

-Bien, monsieur le directeur, je suppose que vous avez finis votre petit numéro.

-Mais...

-C'est ce qui me semblait. Je ne voudrais pas vous retenir loin de votre harassant travail et de votre chère petite fille...

Et avant qu'il n'ait compris ce qui lui arrivait, le directeur se retrouva dans le couloir. Il s'éloigna rapidement en se demandant comment diable cet homme pouvait connaître l'existence de sa fille illégitime, qu'il avait caché à tous ?

Les étudiants, ébahis, regardèrent celui qui avait proprement viré le directeur refermer négligemment la porte d'entrée et s'adosser à son bureau, pour mordre à belles dents dans une pomme aussi rouge que du sang.

Les élèves possèdent, et ont toujours possédé, une sorte d'instinct, en ce qui concerne les professeurs. Un sixième sens assez flou, plus ou moins développé chez certains, qui leur permettait de savoir si l'enseignant qui leur faisait face était un sadique qui noircirait les pages de leurs agenda, un lunatique qui réciterait un cour auquel ils ne comprendraient rien, ou un forcené qui s'efforcerait à tout prix de boucler le programme avant la fin de l'année, par exemple.

Mais l'homme qui leur faisait face n'entrait dans aucune de ces catégories.

Dans aucune catégorie tout court, en fait.

-Bien, déclara l'objet de toutes les pensées en posant sa pomme sur le bureau. Et si on commençait ?

~

Au même instant, l'autre classe de terminale littéraire du lycée Charles de Gaulle s'assit sans entrain sur le banc des vestiaires, extrêmement peu motivé à l'idée de commencer la semaine par un énième tournoi de ping-pong.

Un pas dans la salle de gym les délivra de cette erreur.

Monsieur Potato, le lymphatique professeur dont il avait l'habitude, n'était pas là.

À la place attendait un homme étrange, dont le charme subjugua aussitôt la plupart des filles et un nombre non négligeable de garçons.

-Je m'appelle Sebastian, déclara simplement l'apparition d'une voix chaude et sympathique. Je suis votre nouveau professeur de sport.

-Mais... Euh, pardon, mais où est...

-Votre ancien prof ? J'ai malheureusement dû le tuer pour prendre sa place. Ne vous inquiétez pas, j'ai fait passer ça pour un accident.

Il prononça ces mots d'un air si assuré que personne ne prit ses paroles pour une plaisanterie.

Le nouveau trimestre s'annonçait décidément sous d'étranges auspices...

Au Diable les sentiments (Mormor)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant