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Louis.

De retour au bar, le lendemain d'une sale cuite, Louis s'était fait discret, honteux. Un verre de jus d'orange à la main, ses jambes bougeaient avec frénésie alors qu'il était assis sur une des petites tables installées sur le côté. Il voulait se terrer six pieds sous terre mais n'avait toutefois pu s'empêcher de venir ; l'idée de rater la voix rauque du bouclé lui tordait l'estomac. 

Restant loin du bar et donc loin de Lucas,  il tentait vainement d'éviter les regards que lui lançait le chanteur sur scène. 

Mais merde, c'était vraiment difficile.

Louis avait vraiment merdé hier soir, aussi désespéré sentimentalement avait-il pu être.  Il s'était promis de ne plus recommencer, d'oublier Gregor, de passer à autre chose et surtout de ne plus jamais boire. 

Il le devait à Margot. Il le devait à lui-même. Parce qu'il ne pouvait tout simplement pas vivre éternellement avec des sentiments non-réciproques, détruit à l'idée de voir l'homme qu'il aimait s'enticher d'une autre. Ce n'était pas humainement supportable, il allait vite craquer s'il continuait.

Le temps fila à une vitesse folle. Et il était simplement resté là, à attendre que les aiguilles tournent ; la douce voix d'Harry l'accompagnant dans ses songes. Pour être honnête, il voulait croiser Harry, lui parler, s'excuser, le remercier ; peut-être même lui offrir un verre, discuter, s'enticher de lui comme à chaque fois qu'ils se croisaient dans ce bar sombre. Les messages qu'ils s'étaient rapidement échangés ne comptaient pas. Louis voulait voir Harry, en vrai ; voulait lui parler, les yeux dans les yeux, par pure égoïsme.

Il était trois heures du matin quand Harry descendit de scène, alors que son groupe pliait bagage. Louis avait eu le temps de boire une dizaine de jus d'orange. Nourrissant une certaine impatience, à peine caché, le chanteur s'était dirigé vers la table de Louis, s'était assis et avait souri.

— « Remis de ta cuite, à ce que je vois. Alors, il est où mon poème ? »

— « Patience, il est en cours d'écriture. » Lança Louis, un sourire en coin, taquin.

Toute la confiance qu'il semblait avoir n'était que factice ; il était bouillonnant de l'intérieur, paniquant à chaque syllabe prononcée. 

— « A vrai dire, j'espérais te parler. »

— « J'ai vu ça. T'étais tout impatient, tu m'regardais toutes les cinq secondes et tu regardais ta montre. Je pensais vraiment que t'avais hâte de me montrer ton poème... » Lança-t-il, esquissant une moue déçue, feinte.

Louis détourna le regard face aux mots, atrocement gênant, qu'avait tenu le bouclé. Mordant sa lippe inférieur, il fronça ses sourcils dans une moue dubitative, presque colérique. Harry n'aurait pas pu être plus subtile avant de dévoiler une vérité évidente ? Merde. Oui Louis voulait voir Harry, oui il semblait impatient et ridicule. Pas besoin d'en faire toute une histoire, si ? 

A nouveau, il dramatisait les choses. 

'Laisse-couler Louis. Laisse-couler.' pensa-t-il. 

Mais il n'y arrivait pas. Il avait affreusement peur que le bouclé se rende compte des troublantes émotions qui le traversaient à cet instant et à tout instant, du moment que les deux étaient réunis. Il n'était pas du genre à se dévoiler et détestait être cerné. 

Même s'il n'était pas amoureux, même si ce n'était qu'une douce attirance qui s'installait doucement, Louis ne voulait pas qu'on sache ce qu'il se passait dans sa tête. Il ne disait jamais ce qu'il pensait réellement.

Two Ghosts (L.S)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant