Se retrouver [TERMiNÉ]

18

John

Nous ressortons 1heure plus tard du bâtiment. Je regarde Maria qui marche à côté de moi. Ses mains tremblent légèrement. Dans sa main droite, elle serre l'enveloppe qui détient une copie de tous les Suarez avec les numéros de téléphone. Son regard fixe le vide, son visage commence à reprendre des couleurs.
Je passe un bras autour de ses épaules et nous rentrons à l'hôtel.

À peine arrivés, elle va s'asseoir sur le canapé situé dans le salon et ouvre lentement l'enveloppe. Elle saisit fébrilement la fameuse liste, prend son téléphone, et appelle le premier numéro. Elle demande à la personne si elle a abandonné une petite fille quand elle étais bébé car celle-ci recherche ses parents ou des proches.

Les premiers essais sont des échecs. Maria s'énerve, tape le canapé du poing et enfouit son visage dans ses mains.
-Je pensais pas que ça serait si dur... se lamente-t-elle. Je pensais que j'aurais téléphoné vite fait à chaque personne de la liste et que j'aurais bien finis par trouver ceux que je cherche. Mais ça prend beaucoup plus de temps que ça et je dois me justifier en plus ! Vous ne voulez pas m'aider ?
-Ma chérie, ma Maria, on voudrait bien t'aider mais toi seule peux faire ça. Tu es train de chercher tes parents et toi aussi tu sais que tu dois le faire seule. On est juste là, Papa et moi, pour te soutenir, murmure Katy.

Maria ne dit rien. Elle hoche juste la tête et replonge dans le papier. Je regarde Katy.
-Laissons-la seule, je souffle.
Nous sortons et laissons Maria dans notre petit salon d'hôtel.
Nous l'entendons toute l'après-midi téléphoner, encore et encore, pousser des grognements de colère, taper le canapé.

Cette épreuve n'est que la sienne. Nous ne devons pas intervenir.

Le soir, je décide d'aller la voir pour la pousser à venir manger. Sinon elle voudra rester toute la nuit à téléphoner. Je la retrouve allongée sur le canapé. La feuille a glissé par terre et son téléphone aussi. Son souffle est lent. Elle doit dormir depuis un bon bout de temps déjà.
Je la réveille doucement et lui dis que le repas est prêt.

Elle attrape la main que je lui tends, et me suit dans la salle à manger qui fait cuisine aussi. Katy se lève pour lui faire un câlin, puis on mange. Maria reste silencieuse au début du repas, puis elle se décide à se confier à nous.

-Sur la bonne trentaine de Suarez qu'il y a à Rio, je suis arrivée à la moitié et toujours rien, dit-elle les yeux remplis de larmes menaçantes. Et si je n'avais aucun lien avec le Brésil et qu'on s'était trompé ?! J'en ai marre, pourquoi mes parents m'ont-ils faites pour ensuite m'abandonner ? Je ne veux même plus les chercher. Vous savez quoi, demain on peut repartir si vous voulez, ça ne sert à rien, je ne les retrouverai jamais. C'était perdu d'avance...
Elle fond en larmes.