Chapitre 5.

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Cela faisait bientôt deux semaines que les deux voyageurs cohabitaient dans leur petit vaisseau, Bill recherchant activement une issue pour mener à la pièce qu'il avait découverte. Cette fameuse découverte, il voulait d'ailleurs la garder rien que pour lui. Le secret était tellement excitant, puis il n'avait pas du tout envie d'en faire part à Tom. Plus le temps passait et plus il se questionnait, à propos de Tom. Le blond n'avait jamais connu un grand intérêt pour le genre humain, se murant dans sa solitude persuadé que personne de toute façon ne comprendrait sa façon d'être. Même le peu d'histoires d'amour qu'il avait connues étaient restées très fermées, voire muette de toute confidence de la part du jeune homme. La solitude lui collait à la peau et il haïssait les conventions sociales inutiles, la vie en groupe en faisant dramatiquement partie. Il préférait alors rester dans son petit coin propre et éloigné de tous parasites. Il vivait dans un monde si éloigné de celui dans lequel il était né qu'il se sentait comme compressé par tous ces gens sans aucun rapport avec sa philosophie de vie. Il ne cherchait pas l'avenir, mais juste la dose du présent. Cette notion était si abstraite dans sa tête.

04 : 00

Des halètements effrénés se firent entendre de la couchette de Bill, petite agonie qui éveilla Tom en sursaut alors qu'il était en plein sommeil. Le barbu se demanda ce que pouvait bien foutre son compatriote à une heure pareille et il se redressa dans ses draps, appelant d'une voix timide.

- Hum... Bill ?

Lança-t-il une première fois, pour seule réponse lui venant des sanglots étouffés. Tom descendit du matelas et accéda enfin au jeune blond qui était dévasté, en boule au fond de la pièce, si recroquevillé sur lui-même que si il avait encore plus tenté de se faire petit on aurait pu appeler cela de la contorsion. Le blond pleurait de toute ses forces, répétant en litanie qu'il ne voulait pas, pas maintenant, pas avant d'avoir vu une chose hypothétique que le brun ne réussissait pas à discerner parmi les larmes.

- Je veux... Pas... Je veux pas...

Répétait-t-il, hurlant parfois même de toutes ses forces, le corps engourdi et les organes en compression. Il sentait son ventre se rétracter et la bile lui monter dans la gorge, lui arrachant des gémissements bruyants. Tom fronça les sourcils en apercevant un filet de sang épais et rougeâtre couler le long de son menton, se baissant instantanément pour passer une main hésitante sur son visage apeuré.

- Bill.... Petit Bill regarde-moi...

Il lança un regard horrifié au sang qui avait taché ses mains et ses vêtements et l'inquiétude fit place à la panique, ne cessant plus de caresser ce visage meurtri par la maladie. Cette maladie que le blond s'efforçait si fort d'oublier, qu'il avait failli passer outre. Il le prit au creux de ses mains et murmura des mots doux pour le calmer, le rassurer, enfermant Bill dans ce cocon qu'il n'avait ouvert à personne depuis si longtemps. Cette pièce secrète, enfouie au plus profond de son cœur, cœur qui venait d'être frappée par deux yeux noisette, légèrement verts, qui remontèrent pour se planter dans les siens. Il sonda son regard clair et crut se perdre dedans quelques longues minutes, les pupilles du blond brillaient à cause du déluge salé qui s'était abattu sur son corps malade. Sa lèvre charnue tremblait, tout son être secoué par des spasmes, de son dos fin jusqu'à son âme. Ses hurlements ses cris ses murmures ses silences ce silence-ci, muet et interminable. Un unique sanglot le troubla, sanglot qui fendit l'esprit du premier qui revint à la réalité, pressant son compagnon contre son torse rassurant.

- Je suis là...

Bill étouffa une énième plainte, cherchant un repère, une voix familière, avant de déposer ses mains sur le dos de son vis-à-vis, s'agrippant à son T-shirt de toutes ses forces, enfonçant ses ongles dans sa peau. Tom garda les yeux grands ouverts, à tenter de contrôler la pulsion qui le prenait depuis ce regard décisif, ce regard qui avait retourné son ventre, mit le désordre en lui. Il cessa ses caresses sur ce visage interdit, d'ordinaire si fermé, et berça le jeune homme doucement, sentant une petite touffe blonde se blottir contre lui. Bill se remettait de sa crise, le souffle court, chamboulé et mal en point. Il dormait lorsqu'il avait vomi du sang. Du sang de sa bouche, du sang de son corps, de ses vaisseau, son sang, son essence. Il en trembla à nouveau, jamais il n'avait connu de rechute aussi puissante et il craignait de ne jamais tenir le voyage. Il refusait que la pression ne le renverse avant qu'il n'arrive à toucher au moins son rêve du doigt. Il refusait que cette connerie de cancer prenne le dessus sur sa volonté et haïssait le simple fait que les choses échappent à son contrôle. Il se rendit compte de la situation et voulu repousser Tom, embarrassé.

GalacticonWhere stories live. Discover now