AVANT-GOÛT.

6 0 0
                                    

La lucarne donne vue sur San Francisco, teintée d'une touche de couleur astronomique et abondante, à travers les superpositions des couleurs l'humain n'est plus visible. Par-ci par-là, quelques forêts s'éparpillent, leur seul conduit commun est une route prise par des centaines d'autres voiture. A l'intérieur de l'habitacle couleur soleil aux lettres noires qui affichent clairement le mot «Taxi.» la blonde se cache derrière la vitre pour ne pas faire face à la vérité, aux jugements qui lui seraient portés.

Penchée hors de la voiture, les escarpins posés sur le béton mouillé, elle souffle longuement, saisit sa valise et s'aventure à l'extérieur. Avant de rejoindre la grande bâtisse qui se présente à elle, sa main saisit une paire de billets pour la tendre au taximan qu'elle remercie tout bas.

Ses talons ne sont pas le seul bruit de fond, mais il est l'unique bruit qu'elle semble entendre. Voitures et slogans aguicheurs s'entremêlent, mais lorsque la porte se referme, il n'y a plus rien. Ses rétines se frayent un chemin étroit à travers les cartons, le sol est couvert de peinture, la tapisserie des murs est déchirée, finalement quelques meubles recouverts d'un sachet transparent mais légèrement opaque remplissent le reste de la pièce.

Sa chevelure s'étend jusqu'à ses fesses, elle noue les fils bruns entre eux et prend plus ample connaissance des lieux. Ses iris pénètrent les cartons remplis, les doigts de sa main gauche gigotent contre le manche relié à sa valise, ceux de sa main droite caressent les murs et les meubles.

Elle se stoppe sur un cadre qui posé là, accroché à un clou branlant sur le mur bleu ciel. Un vieux visage souriant, une petite fille joviale dans les bras d'un vieil homme, tous deux se câlinent, et à leur côté se tient une vieille femme, le regard fatigué empli d'étoiles bloqué sur l'homme.

Lorsque son buste se tourne vers la première pièce, un cerf se tient l'entrée, de longues branches surplombent son merveilleux visage pur. Ses yeux en amande, surplombés par de longs fils abondants qui percutent ses paupières lorsqu'ils les ferment, décryptent la brune qui se laisse glisser contre le mur, la tête penchée sur le côté, soucieuse.

•••

«Tu m'aimes ?.»

«Si tu veux.»

«Pariya Dyrh, tu m'aimes ?»

«Va te faire.»

Pariya scrute le brun, assis sur le plan de travail, une bière entamée en main, serrée entre ses longs doigts peignés d'un noir profond. La bouteille en verre rencontre ses lips blanches, afin que son goût sucré, acidulé et alcoolisé se déverse dans sa gorge.

«Il y a des jours comme ça...»

«Tu te morfonds ?»

Ses pupilles ciel rencontrent celles du brun, emprisonnées dans leur profondeur, Pariya ne bouge pas et ose même pincer sa lèvre, alors qu'à son tour une bouteille d'alcool vient rencontrer ses lèvres pulpeuses.

«Ça fait six ans que je ne suis pas venue ici.»

«Et trois ans que tu m'as abandonné.»

Pariya exerce une pression sur le mur, s'éjectant de celui-ci pour venir s'assoir sur le peu de place qu'il reste proche de l'homme, il la toise objectivement, son regard s'adoucit lentement jusqu'à ce qu'il la rapproche de son corps, sa main posée sur son front.

«Pariya Dyrh, je t'aime.»

Cette fois-ci, Pariya s'autorise à sourire, l'arrière de la tête collée au torse du brun qui s'abreuve lentement de la bière maintenant vide et entreposée sur la table grise.

«D'accord, Victorio.»

Le dit Victor repousse la blonde, lui donne un coup d'épaule et saute du plan de travail pour rejoindre le sol. Il saisit son téléphone, appuie sur quelques boutons et lance une musique.

«Where should we run to? We got the world in our hands and we're ready to play.»

Pariya le rejoint, il la regarde, leurs rétines s'entrecroisent souvent, leur main échangent de légers coups, s'effleurent plusieurs fois, Pariya lui tourne le dos quelques secondes, elle se penche en arrière et Victor lui offre un baiser volé. Pariya se retourne, elle le plaque contre elle en bloquant son bras dans son dos, sa main touche sa barbe, son regard le réceptionne et le capte sans ne plus le lâcher.

«We coming home tonight. Hey, mama, we gonna be alright...»

«Tu m'as presque manqué.»

DEAR, DEER.Where stories live. Discover now