Sixième branche.

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San Francisco, 2018.

Chinatown nargue nos narines en filant tel une vidéo accélérée dans l'ovale centrée dans mes pupilles, elle divague en branlant parfois, pourtant elle ne perd pas son charme et laisse le ciel désireux de son cruel amour

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Chinatown nargue nos narines en filant tel une vidéo accélérée dans l'ovale centrée dans mes pupilles, elle divague en branlant parfois, pourtant elle ne perd pas son charme et laisse le ciel désireux de son cruel amour. La frontière se brise lorsque la roue du bicycle la percute, elle vole en éclat et nous laisse partager quelques instants encore l'éclair fabuleux des éclatantes fabriques de bonheur. Le temps s'arrête, le battement d'ailes des oiseaux se calent entre les secondes, ils sont à peine visibles dans l'atmosphère, le bleu de la nuit couvre chaudement la Terre. Tendrement, le vent vient se mêler aux fils bruns et emmêlés de la brune, installée paisiblement sur sa moto qui file rapidement et pourtant, si lentement.

Il fait sombre, dans cette soirée pourtant illuminée par The City by the Bay, Pariya se laisse plonger dans ses sentiments, dans la bonté des lieux. Elle lâche le guidon, laisse le vent guider sa route, lorsque le véhicule tangue à cause de ses mouvements, évidemment créés pour faire frissonner mon corps, elle rit aux éclats. Ses mains regagnent la stabilité de l'engin avant que celui-ci ne s'arrête sur le bas-côté d'une route, là où une affiche lumineuse clignote plusieurs fois, en « hurlant » son éclat de lumière. L'hôtel lumineux laisse entrevoir les dernières personnes qui s'y trouvent. Celles-ci sirotent un thé comme des riches, d'autres en peignoir gagnent un rapide sommeil avant de s'éclipser. Un couple se bécote tendrement, un autre s'ignore totalement, le reste n'est composé que de gens normaux, qui rentrent dans le parfait moule de la société. Ils sont tapis dans un plastique, un corps plus beau que celui d'un dieu. Je perçois une étrangère qui se bloque sur mon corps lorsque mes bottes franchissent l'enceinte du bâtiment. Rapidement, un nouveau regard se confronte au mien. Il me toise et, ses lèvres pulpeuses se croisent un instant avant qu'elle ne m'adresse la parole.

« Bonsoir monsieur, madame. »

Je n'écoute pas la conversation qu'elle échange avec Pariya parce que, non, mes rétines ne sont pas bloquées sur le semblant de poitrine qu'elle arbore, mais bel et bien sur l'architecture du lieu. Un lieu de riche quoi, mais un lieu où le Wi-Fi est gratuit. Un lustre plus grand qu'un éléphant surmonté par des lampes prenant la forme de couronne qui nargent les pauvres lanternes, pourtant tout aussi belle, qui remontent sur le mur des escaliers. Outre cela, les canapés sont colorés d'un jaune or, même chose pour les tables, les costumes des employés, les peignoirs, tout sans exception, même le crayon en papier que détient Pariya. Ils veulent faire passer leur hôtel pour un riche en lui-même, sûrement. Il est plus menaçant, cela dit, plus intéressant à regarder, à critiquer, à dénigrer, plus accueillant, plus enrichissant. J'ai déjà peur de voir la chambre où je dormirais ce soir.

« Je t'ai pris une chambre juste à côté de la mienne, bref ! On a des choses à faire, nous. »

Mon ressenti était donc vrai, la chambre est confinée dans une beauté supérieure à celle du hall, elle a quelque chose en plus, hormis les couleurs. Le lit est blanc et rouge, quelques oreillers jonchent le drap et par-dessous la couverture est impeccablement disposée. Les canapés sont différents de ceux de l'entrée, juste pour le modèle mais la couleur reste la même, un peu plus pailleté cela dit. J'offre un regard à Pariya qui m'invite à m'asseoir sur l'un des canapés, elle saisit son ordinateur et le dirige vers moi.

« Pour cette nuit, je vais en profiter pour trouver des informations sur la résidence. San Francisco n'est pas si ancien que ça, et Chinatown encore moins, alors je ne risque pas d'être surchargée d'informations. »

J'acquiesce, le vent gifle mon oreille et ma joue, par la même occasion, le rideau vient caresser la même zone, laissant découvrir une superbe terrasse, trois transats et une petite table. Ceux-ci sont blancs, étranges. Je retourne mon intention sur l'article que Pariya a décrypté en à peine quelques secondes.

« D'après plusieurs sources, déjà, je sais que mon arrière arrière arrière arrière arrière... Bref, mon arrière-grand-père quoi ! S'appellait Nathann, et sa femme Mikaela. »

« T'as fait vite ! »

Elle me dévisage pour le commentaire non constructif que mes cordes vocales ont extirpés, j'exile mon regard sur la même partie qu'auparavant et la laisse travailler tranquillement. Je lui chuchote un bonne nuit et file dans ma propre chambre, identique à celle de Pariya. Je décide de tenter une expérience, file me doucher et me couvre d'un bas avant de gagner le transat-lit positionner sur la terrasse. 

DEAR, DEER.Where stories live. Discover now