San Francisco, 2018.
Elles n'ont pas l'air si différente. Elles ont la même forme, la même coupe, le même champ. Aucun détail ne semble les changer, prouver qu'elles ne sont pas pareilles. Elles se pavanent parce qu'elles savent pertinemment qu'elles sont belles, mais comment peut-on ne pas s'accrocher à elles ? Elles ont une telle beauté, personne ne peut les égaler. Elles se séparent, mais restent accrochées. Elles semblent simplement construite à partir d'une gêne qui ne leur permet pas de se séparer, d'engager un nouveau chemin. D'une tout autre façon, elles sont sœurs. Elles clignotent tout doucement, et puis, c'est si bon de les regarder.
J'ai quitté l'hôtel. J'ai enfourché la bécane, seule, sur le bas-côté. J'ai filé. Finalement rien ne me retient réellement, je ne suis pas obligée de revenir. Je peux l'abandonner, après tout. Mes pensées s'emmêlent dans les escaliers et se cassent une à une la figure.
La chance me sourit beaucoup trop, ç'en devient même triste. Le bonheur s'infiltre dans les goûtes d'eau, dans les rivières, dans les crânes, les pensées. Mais dès que leur chemin s'estompe, il n'y a plus rien, plus personne n'y pense. J'ai l'impression d'être une intelligence artificielle déconnectée du monde, d'être la seule à savoir ce que peut bien fabriquer chaque humain, être consciente de ce qui se perpète sous nos pieds.
Les miens sont chaussés d'éternelles cuissardes sombres, et regagne à regret ma chambre. Le destin semble avoir attendu mon retour, à peine la spirale tracée sur le sol franchis, mon téléphone fait vibrer le lit en « or » où je ne dormirais pas ce soir. Pas avant d'avoir tout découvert.
« Pariya ! Pariya ! C'est Miranda ! Ne me demandes pas comment j'ai eu ton numéro, pas le temps pour les questions ! Est-ce que tu es chez toi !? »
« Quoi ? Non, non. Je suis en route pour aller voir mes parents. Qu'est-c'qui se passe ? »
« La maison de ton grand-père est en train de brûler ! »
« Tu sais, c'est ma... Quoi ? Oh merde ! »