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Lundi  1er Septembre

Le bâtiment se fondait dans la masse d’immeubles se trouvant tout autour de lui. Il était d’une grandeur conséquente et d’une couleur grise des plus ignobles. La peinture semblait fraîchement refaite et les nombreuses fenêtres, en plus du grand portail, donnaient à l’établissement un air d’hôpital.

« L’hôpital des fous. » Pensa Avalon.

La jeune fille replaça nonchalamment son sac de cours sur son épaule droite et s’engagea, toujours avec la même apathie, dans la rue menant à son lycée.

Le lycée Albert Einstein n’était pas aussi fameux que l’on pouvait se l’imaginer. Contrairement aux clichés que l’on pouvait s’en faire, ce n’était pas le lycée le plus prestigieux de la région, personne n’y portait d’uniforme et les élèves n’étaient pas tous de jeunes bourgeois aux cerveaux survoltés. Non, le lycée A.E n’avait rien de tout cela. Mais c’est parfois dans le banal que l’on trouve l’extraordinaire.

Lorsque l’adolescente pénétra dans l’enceinte de l’établissement, elle en frissonna. Encore une année à passer entre ces murs avant de pouvoir retourner se dorer la pilule sur la plage, sortir entre amis et dormir jusque tard dans la journée. La rentrée, quelle plaie.

Pourtant, il ne fallut que très peu de temps à Avalon pour y retrouver ses « marques » : à peine arrivée au foyer -l’endroit où se passaient les récréations et où les lycéens pouvait déjeuner- elle s’installa directement à une table et se plongea dans la lecture de son carnet rouge, où elle annotait tout ce qui lui passait par la tête en cours. En une année, elle l’avait remplis aux trois quarts et se demandait ce que cette année allait réserver aux pages encore blanches.

Le foyer commençait à se remplir peut à peu. Parmi les arrivants, Avalon tenta de repérer quelques personnes de sa classe ainsi que les nouvelles têtes. Les secondes semblaient totalement perdus, comme elle une année plus tôt. On dit souvent que le lycée est la meilleure période scolaire, mais en tout cas, ça ne l’était pas pour Avalon. Il n’y avait pas pire que le lycée. Mais sait-on jamais, peut être que cette année, il allait se passer quelque chose qui la ferait changer d’opinion ? Après tout, l’espoir fait vivre.

La cloche retentit, annonçant le début des cours. D’un geste mécanique et sans aucune précipitation, la lycéenne se leva et se dirigea vers son premier cours de la journée. La jeune fille n’avait pas encore vu Camélia, sa meilleure amie qu’elle avait rencontrée l’année passée. Peut-être se croiseraient-elles dans les couloirs, juste avant le cours de français. Dans tous les cas, Avalon l’espérait vraiment, car elle n’imaginait pas passer une seule journée sans son alliée, elle avait besoin d’elle pour survivre durant l’année scolaire. A plusieurs, tout est plus facile, non ?

*

Chaque année, le premier professeur du premier cours de l’année demandait à chaque élève de venir se présenter au tableau, pour ainsi se faire connaître par toute la classe. Avalon, première dans la liste d’appel, se leva et se dirigea vers le devant de la classe, son petit texte déjà bien en tête.

« Je m’appelle Avalon, j’ai bientôt dix-sept ans. Mes passions sont la musique, le chant et l’écriture. J’étais déjà dans ce lycée l’année dernière et mes matières préférées sont les langues. »

Une fois son discours terminé, elle retourna s’asseoir à sa place, au fond de la salle. Un à un, les élèves passèrent à la suite pour se présenter devant une classe qui se fichait pas mal de ce qu’aimait faire les autres, ne pensant qu’à ce qu’ils allaient dire ou alors se rendormant une fois être passé. Pourtant, lorsque la voisine de couloir d’Avalon se leva, celle-ci releva les yeux et la suivi du regard jusqu’à l’estrade. La jeune fille arborait une longue chevelure brune et bouclée jusqu’au niveau de la poitrine. Elle portait un T-shirt gris où était imprimée la photo d’un mannequin à la chevelure extravagante et un jean lui collant à la peau ; à ses bras, des bracelets de cuir tissés et des breloques pendouillaient dans le vide. Avalon la trouva vraiment jolie ; peut-être est-ce cela qui la força à écouter sa présentation.

« Je m’appelle Victoire et je suis nouvelle au lycée. J’adore la danse et le dessin. Euh… J’aime beaucoup la Géographie et  les langues, aussi. Voilà. »

Elle retourna vivement s’asseoir, le nez collé à ses chaussures. Avalon, qui ne l’avait pas quitté des yeux durant sa présentation, se concentra à nouveau sur son calepin rouge. Après quelques secondes de réflexion, elle s’empara de son stylo Bic bleu avant de griffonner sur le haut d’une page vierge :

Elle s’appelle Victoire.

Hazel EyesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant