Avalon se trouvait déjà dans le parc depuis une bonne heure quand elle reçu le message de Victoire. Avalon adorait ce parc, malgré le fait qu'il soit à seulement quelques minutes du lycée. Il y régnait une harmonie que la métisse appréciait particulièrement. Peu de gens venaient y faire un tour, encore moins en plein milieu d'un jour de semaine mais de manière générale, la lycéenne savait qu'elle pouvait avoir la paix ici ; allongée dans l'herbe avec sa musique dans les oreilles et ses pensées tournées vers les arbres qui lui procuraient ombre et fraîcheur. Mais pendant les jours de pluie, il est vrai qu'elle préférait se réfugier sous le kiosque, où il régnait une atmosphère chaude et réconfortante. Elle s'asseyait alors sur le petit banc et ne bougeait plus, les yeux rivés sur la pluie qui s'abattait alors sur tout le parc. C'était beau.
Et c'était là qu'elle se trouvait aujourd'hui, lorsque son portable vibra, annonçant le message de Victoire, annonçant sa venue imminente. Qu'avait-elle à lui dire de si important pour manquer les cours ? Qu'elle avait peur d'elle et que plus jamais elle ne voudrait lui adresser la parole ? Oui, sûrement quelque chose qui enfoncerait la métisse dans une haine de sois plus que douloureuse ; mais maintenant, Avalon s'en fichait, elle avait l'habitude. Ce n'était qu'une suite logique à ses malheurs, elle ne pouvait rien y faire.
Lorsque Victoire aperçu enfin la métisse sous la pluie battante, son pouls s'accéléra et des bouffées de chaleur commencèrent à envahir son corps. Maintenant qu'elle la voyait, assise sur le banc à l'abri de la pluie, elle ne savait plus si son idée était si ingénieuse que ça. Comment réagirait-elle ? Elle ne lui avait pas été d'une grande aide ces derniers mois et elle risquait bien de tout gâcher ; mais d'un autre côté, Avalon serait peut-être contente de l'apprendre, de voir que cette torture n'était pas utile ? Mieux vaut tard que jamais après tout. La brune respira un grand coup avant de s'engager sur la route du kiosque et de monter les marches, souriant à la métisse qui l'attendait calmement, un calme seulement apparent, car elle bouillait de trouille à l'intérieur.
« Salut, tu as fait vite » sourit Victoire, en s'asseyant aux côté de la métisse.
« En fait, j'étais déjà là quand tu m'as demandé de venir. »
« Oh. »
Il y eu un silence, une grande gêne s'empara de Victoire qui joua avec ses doigts, cherchant la force de continuer à parler, tout irait bien, non ?
« Comment tu vas ? » Finit-elle par dire même si elle redoutait une attaque comme l'avait fait Camélia précédemment.
« Y a eu mieux. »
« Je suis désolée, je sais que si tu te sens mal c'est de ma faute je suis vraiment désolée. »
« Tu pouvais rien faire, ce n'est pas ta faute. »
Quand on est amoureux, on a tendance à tout pardonner à l'autre, quand celui-ci ne partage pas les mêmes sentiments que vous. On a cet espoir de monter dans son estime et surtout cette petite lueur qui nous dit que tout iras bien et que peut-être, qui sait, cette phrase changera tout et bientôt vous marcherez main dans la main ? Au regret de vous décevoir, ce n'est pas comme ça que ça marche. A moins que la personne est déjà des sentiments naissant pour vous.
« Si, indirectement c'est de ma faute. Je ne savais pas, tu ne m'as rien dit. J'aurai pu agir autrement, j'aime ne pas te voir comme ça, par ma faute tu... Ca me fait mal de te voir comme ça, de voir que tu... »
Elle se stoppa lorsque son téléphone, posé sur le bois, se mit à vibrer.
« On va t'en vouloir si tu ne réponds pas. » dit simplement Avalon, ne sachant que répondre à ce que la brune lui avait pour l'instant dit. Qu'est-ce qu'elle entendait par tout ça, comment avait-elle pu savoir ce qu'elle ressentait? Ca ne pouvait être que de paroles en l'air, pour soulager sa conscience.
« Ce n'est pas important, je rappellerai plus tard.»
« Oh. »
Victoire se leva, tendant la main à Avalon pour que la métisse fasse de même. La pluie avait cessée et la jeune fille préférait parler avec son amie en marchant, cela la rendait plus confiante. Avalon céda et se remis sur ses pieds, suivant Victoire qui descendait les marches de l'escalier du kiosque, sa main toujours dans celle de la métisse. Elles marchèrent silencieusement quelques minutes, ne sachant qui devait prendre la parole d'abord ; Victoire, pour continuer cette phrase laisser en suspend ou Avalon, pour enfin dire qu'elle ne supportait plus d'être ignorer comme ça ? Aucune des deux ne savait.
Victoire finit par se décider, c'est elle qui était venue pour parler, après tout.
« Je sais que je n'ai vraiment pas assuré avec toi, je t'ai abandonné alors que tu avais besoin de moi. Mais ça m'a fait bizarre, que tu me portes tant d'attention. Déjà au début, quand tu m'as aidé à mieux manger, en me disant que tu connaissais tout ça, que ça ne menait nulle part... Tu ne m'as jamais donné d'explications, tu étais tellement mystérieuse ! Quand j'ai su que tu m'aimais, je me suis dit que jamais je ne pourrais te connaître si tu ne me disais jamais rien. Mais je n'ai rien fait pour te mettre en confiance, j'ai rien fait pour que tu te sentes bien avec moi, j'ai même finis par t'ignorer. Pourtant je ne pouvais m'empêcher de te regarder en cours, à la récré, dès que tu avais les yeux tournés, tout ce que je voulais c'était savoir que tu allais bien. Mais je ne suis pas venue te voir, je crois que j'avais peur. Pas de toi, mais des sentiments. Tu n'es pas seule Ava, et moi non plus, on est là l'une pour l'autre. Du moins, j'aimerai qu'on soit là l'une pour l'autre, même si maintenant tu dois sûrement me détester. Je ne sais pas si un jour tu me pardonneras pour ce que j'ai fait, et ce que je vais faire. »
Victoire posa ses yeux noisette sur la jeune fille qui ne disait rien, imprimant et essayant de comprendre, d'analyser ce que venait de lui dire la lycéenne. D'un côté, le nœud d'espoir que se formait dans son ventre lui disait que oui, elle avait une chance mais sa raison la poussait à se méfier « ça ne veut rien dire ». Victoire était là, la fixant en se rapprochant de plus en plus d'elle, guettant une réaction. Mais la métisse ne bougeait pas, elle se perdait dans les yeux profonds de la brune, qui prit une grande inspiration, il fallait qu'elle le fasse, elle avait tout à gagner, ou tout à perdre, selon Avalon. Celle-ci cligna des yeux, revenant sur Terre, un léger regard d'incompréhension collé au visage. Victoire la regarda un instant avant de lentement poser ses lèvres contre celles de la métisse.
Avalon prit une seconde avant de se rendre compte de ce qu'il se passait. Elle finit par fermer les yeux et laisser ses lèvres répondre au baiser, elle les laissa glisser contre les lips roses d'Ambre, qui avaient un petit goût sucré et fruité, sûrement de la framboise. Leurs lèvres se pressaient lentement et se mouvaient doucement les unes contre les autres ; c'était divin. Il y avait dans ce toucher une sensualité et une hésitation qui se combattaient à coups d'électricité faisant vibrer les deux adolescentes.
Mais il fallait bien que ce baiser ait une fin. Les lèvres se décollèrent avec une douceur angélique, voulant à tout prix se retrouver à nouveau. Mai non, c'était bel et bien finis. Maintenant, les deux jeunes filles se regardaient, la bouche encore légèrement entrouverte par la surprise. Celle d'Avalon esquissa un demi-sourire. C'était pour cela que Victoire avait pris ses distances avec elle, parce que elle aussi elle ressentait quelque chose pour Avalon. Son sourire s'agrandit et encouragea celui de Victoire.
« Je n'ai vraiment pas assuré avec toi, tout ça parce que j'ai eu peur de nos sentiments et ça t'as fait du mal. »
« Tu embrasses bien. »
Victoire ria, avant de rougir face au sourire d'Avalon, qui reposa ses lèvres sur celle de la brune, juste quelques secondes, pour imprégner ce délicieux goût framboise sur ses lèvres à elle. La brune sourit à nouveau avant de prendre la main de la métisse.
Elles marchèrent jusqu'au lycée en se parlant de tout, de rien, de elle et chaque chose qu'elles disaient le faisaient s'aimer un peu plus.
C'est étrange, le sentiment d'être heureux finalement, mais qu'est-ce que ça fait du bien.