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"Soit t's macho, soit homo-, mais t'es -phobe ou -sexuel" Stromae

Mardi 14 Septembre

Les deux jeunes lycéennes étaient assises sur un banc, en face du lycée. Le ciel était toujours couvert mais la température tout à fait agréable. En ce moment, le temps jouait des tours à toute la ville, qui ne savait jamais à quoi s'attendre dans la journée. Il pouvait très bien y avoir une averse et, au bout d'une dizaine de minutes, un grand et réchauffant soleil. Mais à cette heure-ci, la météo avait décidé d'être clémente.

Aucune des deux filles n'avaient ouvert la bouche depuis leur arrivée et Victoire en semblait vraiment dérangée ; pourtant ça n'avait pas l'air d'affecter Avalon. Ce fut d'ailleurs la métisse qui ouvrit prit la parole la première.

« Pourquoi tu ne manges pas ? »

Avalon ne la regardait pas, elle fixait un point au loin. Elle ne se retourna que lorsqu'elle se rendit compte que Victoire ne lui répondait pas.

« Victoire ? »

« Je... Je ne sais pas. Ca a commencé un peu avant le début de la rentrée : j'avais des crampes au ventre super violentes aux repas et du coup je ne mangeais presque rien, et c'est resté. Je crois que c'est ça. »

La métisse hocha la tête avant de sourire à Victoire.

« Tu n'as rien à craindre du lycée, ça se finit un jour alors mange, s'il te plait. »

« Pourquoi tu ne fais que me répéter ça depuis ? »

« Parce que je sais où ça mène, c'est tout. Je t'aime bien, alors je fais attention à toi. »

« Je te trouve adorable comme fille. »

Victoire fit un grand sourire à Avalon avant de lui claquer un baiser sur la joue en riant. La métisse lui sourit de toutes ses dents, ses fossettes plus creusées que jamais.

« Mais tu sais Ava, continua Victoire, je ne sais rien de toi. Absolument rien. Ou peut-être juste le fait que tu n'aimes pas les gens » termina-t-elle en riant.

« Oh tu sais, je ne suis pas quelqu'un d'intéressant. Il n'y a rien sur moi qui mérite ton attention. »

« Pourquoi tu t'infériorise comme ça ? »

« Tu essaies de me psychanalyser là ou quoi ? Je suis bien meilleure à ça crois-moi » la taquina la métisse.

La brune la regarda gentiment. Elle trouvait son amie vraiment spéciale, toujours à faire allusions à des choses dont elle ne parlait jamais. Elle était... Mystérieuse. Et Victoire adorait ça. Mais ce que la lycéenne aimait par-dessus tout, c'était son sourire. Il était rare et magnifique, selon elle. Vraiment magnifique.

« A quoi tu penses ? » Demanda soudain Avalon, les yeux à nouveau portés au loin.

« A ton sourire » répondit inconscient la brune.

Avalon se tourna, légèrement étonnée par la réponse de sa camarade. Elle sourit à nouveau, amusée par la réponse et le malaise de son amie.

« Enfin je veux dire... J'aime bien quand tu souris, c'est... C'est tout. »

La métisse se mordilla la lèvre et se retint de rire à la remarque maladroite de Victoire. Elle était vraiment mignonne cette fille, même beaucoup.

« Allez vient Vicky, les cours vont reprendre ! »

Jeudi 30 Octobre

« Attends Avalon, c'est vrai ce qu'il dit ? »

« Je... »

Il n'était plus que trois au foyer, la cloche du lycée n'allait pas tarder à annoncer les dix-huit heures. Louis, Victoire et Avalon. Celle-ci était au bord de la crise. Il venait de lui dire, il lui avait dit, il avait promis de ne rien faire, ce fils de p*te !

« Prends-moi pour un menteur Victoire ! Je te dis qu'elle t'aime, c'est qu'une sale lesbienne » s'énerva le blond, accentuant son dégoût sur le dernier mot.

A ces mots, les poings d'Avalon se fermèrent et elle se rua, ne pensant plus à rien, sur son ami.

« La ferme, la ferme ! Qu'est ce que tu en sais ? Tu sais ce que ça fait ? T'es qu'un connard, un connard ! »

Les larmes lui brouillaient la vue, elle se foutait des supplications de Victoire, des répliques de poings que lui lançait Louis, elle ne sentait plus rien, ne voyait plus rien. Comment avait-il pu lui faire ça ?

Finalement, elle abandonna la lutte et se laissa glisser contre le mur tandis que Louis s'éloignait d'elle, crachant au sol, dans sa direction. Il y eu quelques secondes de silence, simplement troué par les sanglots de la métisse.

« Louis, tu devrais y aller » murmura Victoire.

« Mais... »

« Tu devrais y aller. »

Le garçon la regarda étrangement mais elle resta le plus impassible possible. Le blond finit par attraper son sac dans un grognement et se dirigea vers la porte du foyer. La brune s'assit aux côtés d'Avalon sans un mot, sans la regarder, sans un bruit, l'écoutant simplement pleurer.

« Je suis désolée. » Finit par articuler la métisse, au bout d'une dizaine de minutes.

« Moi aussi. »

Elle releva la tête, plantant ses yeux verts dans les prunelles noisette de Victoire, ne comprenant pas ses mots. Mais sa camarade ne prit pas la peine de lui donner des réponses, elle se leva et, comme Louis précédemment, elle sortit du foyer, murmurant un faible Tu devrais te reposer à Avalon qui la regardait disparaître, comprenant lentement que maintenant, sa vie serait un enfer.

Hazel EyesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant