Lise et moi marchions ensemble.
Main dans la main.
Même si je la sentais trembler, je refusais de la lâcher, comme me le conseillait ma Folie : Lise avait besoin de moi car elle était incapable de faire du mal à qui que ce soit, encore moins que moi. Je m'en voulais déjà suffisamment d'avoir blessé Alexandre, j'étais sûre que Lise, elle en mourrai.
La pluie avait cessé de couler, et, désormais, un grand soleil radieux continuait sa course dans le ciel bleu azur que je pouvais entre apercevoir ça et là entre les feuillages des arbres denses.
Quand un timide rayon de soleil réussissait à percer le feuillage de la forêt, il se faisait aussitôt capté par les gouttes de pluie et créait avec celle-ci un minuscule arc-en-ciel.Je souriais en regardant avec merveille les innombrables arcs-en-ciel qui coloraient la forêt, digne d'un pays féérique et je me mis à songer avec nostalgie qu'Alexandre aurait vraiment aimé voir ce spectacle...
Je sentis alors la main de Lise serrer la mienne plus fort.
-Pourquoi est-ce que tu souris comme ça ? Me demanda-t-elle. Comment fais tu ? Je n'arrive plus à sourire. J'ai oublié comment on fait pour sourire.
Je tournais alors la tête vers ma meilleure amie et je vis avec effarement son regard. Il était vide de toutes émotions, absent, comme si Lise était morte de l'intérieur. Je ne voyais en fait qu'une seule chose dans ses yeux : un désespoir et une douleur aussi immense que le ciel.
Elle est folle Rosabelle ! Elle est devenue folle parce que son Alexandre chéri est mort zombifié ! C'est trop drôle ! Regarde-la ! Elle sombre complètement ! Tue-la avant qu'il ne soit trop tard Rosabelle ! Tue-la ou bien c'est elle qui va te tuer !
N'importe quoi !!! Hurlais-je dans ma tête en boucle au point d'avoir mal. C'était complètement faux ! Même si, il fallait bien l'admettre, je voyais parfaitement que Lise n'allait pas très bien depuis qu'Alexandre était devenu un zombie...
-Je... Bégayais-je. Je trouvais ça joli et je... Enfin, Alexandre aurait bien aime voir ce paysage alors je me suis sentie nostalgique et j'ai souri inconsciemment...
-Tu souris parce qu'Alexandre n'est plus là ? Me demanda-t-elle sur un ton dur et froid qui ne lui ressemblait pas.
-Non ! Bien sûr que non ! M'exclamais-je, outrée. C'est juste que le spectacle des arcs-en-ciel était joli et donnait envie de sourire. Et je suis très triste qu'il ne soit plus là pour le voir... Murmurais-je.
Lise ne répondit pas et se contenta de lâcher ma main.
La voix. Elle se mit à ricaner. Moqueuse. Désagréable. Sadique. Parce qu'elle avait raison. Parce qu'elle était au fond de moi et savait ce que je pense vraiment.
Ça t'agace hein ? Ça t'agace qu'elle se comporte de cette manière avec toi, alors que tu lui a sauvé la vie ! Que la gentille et douce Lise devienne une petite peste égoïste et folle. Elle sombre déjà dans les ténèbres Rosabelle. Et sa chute est la pire parce qu'elle ne le sait même pas, qu'elle devient folle, et également car une partie d'elle lutte. Mais cette partie se fait déjà engloutir au fond. Toi Rosabelle, tu as le choix ! C'est une vraie chance ! Laisse. moi. sortir !
Cette voix était vraiment monstrueuse : elle ne me laissait pas du tout le choix. Elle ne me le laissait pas car elle était déjà là. Elle voulait juste que je l'accepte pour me donner l'impression que j'avais moi-même choisi d'être folle alors que non. Je ne contrôlais rien. Je ne contrôlais plus rien. Elle contrôlait.
Lise et moi continuons de marcher, elle devant, tandis que le chemin se séparait en deux. Si on décidait de continuer tout droit on montait, alors que si on tournait vers la droite on marchait à la même hauteur.
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L'horloge des Morts
УжасыQue faire quand on est coincée sur une île déserte, seule, juste accompagnée de la peur, de la Mort et qu'il vous faut massacrer toute votre classe pour espérer vous en sortir ? Rosabelle se retrouve à devoir participer à un jeu macabre et meurtrie...