Yeux Disent

6h16

                Lomepal - Bécane

- On est où cette fois ? Demandais-je tandis que nous rentrons dans un énième immeuble.

-  Chez mon ex, lâche-t-elle subitement.

Je manque de m'étouffer et écarquille les yeux si grandement qu'elle éclate de rire.

- Quoi ?

- Enfin on est chez ses parents en fait, ce blaireau n'était pas capable de se faire cuire des pâtes tout seul alors il est resté chez ses parents pour profiter des plats de leurs chefs cuistots.

- Mais pourquoi ?

- Je sais pas il était juste maladroit pourtant j'avais essayé de lui apprendre tu sais, remplir la casserole d'eau, attendre qu'elle bouille, y verser les coquillettes..

- Non mais, la coupais-je, je veux dire, pourquoi on est là.

- Ah ça, dit-elle en haussant les épaules, j'ai juste envie de me baigner.

Je ris doucement mais reste curieux de savoir ce qu'elle me réserve. Je la suis sans sourciller bien que je sois plongé dans un flot de questions anormales sur sa personnalité imprévisible. C'est en apercevant l'étendue bleu éclairée de spots que je prends réellement conscience de la situation. Une piscine. Une putain de piscine. Elle ne déconnait pas le moins du monde, elle compte réellement se baigner, chez son ex, en toute tranquillité.

Elle me sourit, le regard illuminé par cette lueur d'insolence habituelle et retire son haut sous mes yeux écarquillés. Je regarde autour de nous, la piscine est située dans un genre de cour intérieure privée et surtout visible depuis une vingtaine de fenêtre différentes. Il ne suffirait que d'une personne ayant un petit creu ou au sommeil léger et nous serions arrêté pour violation de propriété privée.

Torturé, quand les pensées claquent la porte du réel

- Bon tu viens ? m'appelle la blonde.

Je tourne la tête vers elle, elle est déjà en sous-vêtements et rentre dans l'eau en empruntant les marches de la piscine. Je souris face à cette vision d'Eden en lingerie fine, pas mal. Je m'abaisse pour retrousser le bas de mon pantalon et retire mes sneakers. Je m'assois sur le rebord de la piscine, laissant mes mollets se balancer doucement dans l'eau. L'eau n'était pas froide, vu l'entretien minutieux des végétaux de la cour intérieur et du bâtiment haussmannien, il était clair que ces gens devaient avoir suffisamment de sous pour se payer une piscine chauffée en plein Paris.

Eden se rapprocha de moi et s'accouda au rebord de la piscine. La profondeur de la piscine ne lui permettait pas de toucher le sol de ses pieds. Le menton posé sur ses mains, elle penche la tête et m'observe, soucieuse.

- Aller Desroches dit moi ce qui te tracasses, soupira-t-elle.

- Tu te rends compte qu'on pourrait se faire choper à tout moment ? Constatais-je en observant nerveusement les fenêtres de l'hôtel particulier.

- Justement c'est ça qui est drôle, me dit-elle avec un clin d'œil.

- Drôle ?

Je sourcillai face à sa remarque décalée de ma vision des choses. Je ne vois pas ce qu'il y a d'amusant à finir la nuit en garde à vue. Je fronçai les sourcils tandis qu'elle s'écartait du bord.

- Ouais, tu sens pas l'adrénaline monter ?

Si. Elle avait raison, une drôle de sensation montait en moins, la même que lorsque je me rendais dans des montagnes russes. Et c'était franchement agréable.