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Pommade - Lomepal

- J'ai mal aux pieds, se plaint Eden.

- Pauvre enfant.

- Eh ! Te moques pas c'est pas facile de marcher avec des trucs pareil, se défends-t-elle en pointant du doigt ses talons défiant la loi de la gravité.

Nous avons beaucoup marché depuis notre départ du showcase de Lomepal, mais je crois qu'on est trop bourré pour se rendre compte de la réelle distance que nous avons parcouru. Mes jambes me tiraillent quelque peu et à cet instant je regrette mon fidèle cyclomoteur. Une Peugeot 103, ma fierté et surtout l'héritage de la passion de mon grand-père pour les deux-roues. J'en avais rêvé toute mon enfance et je voyais le véhicule prendre la poussière dans le garage familial. Je l'avais conduit dès que je fus en âge de passer mon BSR et depuis, je ne la quittais plus. Malgré le désaccord de ma famille, j'avais décidé de l'emmener à Paris bien que je risquais fortement de me la faire dérober et que je réalisais la plupart de mes trajets à pied ou en métro.  Mais voilà, je n'avais pas été capable de m'en séparer. J'y étais bien trop attaché sentimentalement.

Je réalisai à l'instant qu'un silence apaisant s'était installé entre Eden et moi depuis quelques minutes, chacun prenant le temps de se plonger dans ses pensées embrouillées. Soudainement, la blonde s'arrête et pose une main sur mon épaule pour me stopper.

- Oh putain regarde ! C'est un signe du destin, s'émerveille-t-elle.

Je scrute la rue parisienne dans laquelle nous avançons et fronce les sourcils : je ne vois pas du tout son signe du destin. Qu'est ce qu'elle va encore inventer ?

- Là.

Elle leva son bras fin et désigna du doigt un cadi de supermarché jaune gisant seul sur le trottoir d'en face. Nous nous adressons un regard complice avant de courir comme des gamins jusqu'à notre nouveau joujou. Je me place derrière le guidon tandis qu'elle tente de grimper dedans sans succès. Elle n'arrive pas à passer sa jambe par-dessus la grille métallique ce qui la rends plutôt ridicule. Agacée, elle jure et un rictus moqueur se plaque sur mon visage.

Trop peu de gens savent vivre vraiment

- Dépêche-toi j'ai pas ton temps, me moquais-je.

- Aide moi au lieu de rigoler comme un idiot.

Je m'approche d'elle et l'attrape pour la porter tandis qu'elle s'accroche à mon cou.

- Je t'avais dit de pas manger autant de Pringles, la taquinais-je.

- C'est pas ma faute si les chips aux oignons sont si bonnes, sourit-elle en levant les mains d'un air innocent.

Suis-nous si tu veux voir le vrai monde

Je la dépose dans le cadi comme une enfant et me replace en tant que conducteur. Je nous fais quitter le trottoir pour rejoindre la route et cours pour donner de l'impulsion au chariot. Je saute légèrement pour placer mes pieds sur la petite grille de fer normalement destinée à porter des packs d'eau et le chariot glisse à vive allure. À partir de ce moment, le voyage prit une tournure bien plus amusante.

200 à l'heure, je suis dans un film

- C'est parti ! s'exclame Eden en riant.

Elle a levé les bras vers le ciel tandis que j'appuyais un peu plus bon buste vers l'avant. L'air vif fait voler les cheveux dorés de la parisienne et son sourire rieur ne semble plus vouloir quitter son doux visage. Le temps d'un instant nous jouons à être des pirates sur leur navire intrépide transperçant les vagues à toute vitesse. Eden me guide en suivant une carte au trésor imaginaire quelle mime très sérieusement.

Yeux DisentOù les histoires vivent. Découvrez maintenant