Chapitre 3 // Oliver

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Je levai les yeux, plongeant mon regard dans le sien. Ses pupilles émeraudes brillaient d'effroi.

"Alexis..." Ma voix était teintée d'incompréhension. "Pourquoi tu n'as pas de pomme d'adam?"

Il fuit mon regard, repoussant ma main, pour s'éclaircir la gorge d'un air gêné.

"Ce... C'est pas ce que tu crois," souffla-t-il en se grattant la nuque, clairement embarassé.

Je levai un sourcil, et il reprit d'une voix mal assurée : "Pendant la puberté, mes hormones ont un peu déconné. Du... du coup, c'est pour ça que mes muscles se sont moins développés, et, euh... que j'ai pas de pomme d'adam." Il termina sa phrase et se pinça les lèvres, en attente de ma réponse.

On s'observa en silence pendant un long moment, jusqu'à ce que je n'arrive plus à me retenir : un grand rire jaillit de ma gorge comme un flot, me propulsant en arrière. Je ris ainsi pendant de longues minutes, sous son regard ahuri : et lorsqu'enfin je réussis à me calmer, je me redressai, une larme perlant à mon oeil gauche et un grand sourire me fendant le visage, pour lui serrer l'épaule, et lui lancer sur un ton narquois :

"Avoue. C'est pour ça que t'as une petite bite, pas vrai?"

Il me dévisagea d'un air carrément stupéfait, sa lèvre inférieure pendant bêtement. Puis, lorsqu'il referma la bouche, ses lèvres se pincèrent, et il fronça les sourcils.

"N'importe quoi !" se défendit-il en secouant la tête.

J'étouffai un rire. "Et je parie que t'es encore puceau," ajoutai-je avec un sourire triomphant. "Aucune fille a voulu jouer avec ta petite nouille, pas vrai?"

Il avait l'air franchement offusqué. "C'est toi, le puceau," grogna-t-il en se détournant, rouge comme une pivoine.

"T'inquiète," lui soufflai-je en lui donnant un coup de coude, "je peux t'arranger un coup si tu veux."

"Ta gueule," grommela-t-il en me repoussant.

Je l'observais avec un grand sourire. Il était presque mignon, avec ses cheveux en bataille et son petit air gêné. Et alors que je m'apprêtai à lui lancer une autre petite pique, je me repris. Qu'est-ce qui me prenait? Ce type était Alexis. Pourquoi est-ce que je me comportais aussi amicalement avec lui? Une fois mon fou rire passé, je me renfrognai.

"Eh, c'est pas parce que t'es puceau que je serais plus gentil avec toi," sifflai-je, et ce fut à son tour de sourire, ce qui m'exaspéra au plus haut point. "Pourquoi tu souris?"

Il secoua la tête. "Tu joues les grosses brutes, mais dans le fond, t'es un bon gars, Oliver," me dit-il d'un air amusé avant de s'éloigner, me laissant planté au milieu du couloir comme un con, la stupéfaction peinte sur mon visage.

Je le regardai s'éloigner, indécis. Je ne savais pas quoi penser.

"C'est un drôle de gars, pas vrai?"

Mon frère était adossé à la porte de sa chambre, à quelques pas de moi, et, pour la première fois, je crus lire de l'intérêt dans ses yeux. Le nouveau membre de la famille semblait avoir réveillé en lui une curiosité toute particulière. "Ça fait longtemps que tu nous écoutes?" grommelai-je en croisant les bras.

"Depuis le début," me répondit-il, et un sourire étira ses lèvres. "Les choses... vont devenir vraiment très intéressantes."

Je levai un sourcil. "De quoi tu parles?"

"Tu n'as pas compris, Oli?"

"Quoi?"

Son sourire s'élargit, et il secoua distraitement la tête. "Non, rien." Et il me lança sur un ton malicieux : "Je vais déjeûner. À plus tard, Oli."

Je me retrouvai donc à nouveau seul dans le couloir, complètement paumé. Mais je me débarassai bien vite de ces soucis inutiles : en haussant les épaules, je pris la direction de ma chambre d'un pas lourd.

***

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