"Non, je vous en supplie... Je rendrai l'argent ! Je... Je trouverai un moyen ! P-P-Pitié !"
La sueur et les larmes de l'homme se mêlaient à la morve sur son menton. Son visage était déformé par la peur, et il regardait avec des yeux emplis d'effroi les pistolets pointés sur lui, comme s'il eut vu sa mort dans le canon de chacun d'entre eux.
Il se tordait par terre, tel un immonde ver de terre, et hurlait d'une voix stridente : "P-Pitié ! Pitié... Ne me tuez pas !" Ses mains étaient jointes devant sa figure rubiconde, en écho à ses supplications.
Je me tenais en retrait, les mains enfoncées dans les poches de mon costume sombre. Rafa se tourna vers moi, un sourcil levé : son pistolet était pointé sur l'homme, prêt à tirer, et il n'attendait que mon signal pour mettre fin à la vie de ce misérable. Mon regard froid se posa sur l'homme, que le visage innondé faisait ressembler à une marionnette grotesque.
"Une semaine," dis-je calmement. "Je te laisse une semaine." Mon ton était glacial et impitoyable. S'il n'avait pas l'argent dans une semaine, il mourrait, voilà les menaces qui résonnaient derrière mes paroles.
L'homme se jeta à mes pieds, et essaya de saisir ma jambe en hurlant : "Merci ! Merci !" Mais il fut neutralisé avant d'avoir pu me toucher. Il échoua sur le sol, un peu plus loin, des éclats de rire nerveux avalant ses larmes de joie.
"Je vous jure que je l'aurais !" glapit-il, en se roulant au sol comme un cheval joyeux.
Je le gratifiai un regard froid, et me détournai, enjambant carefully les meubles brisés qui gisaient sur le sol comme des épaves. Lorsque j'ouvris la porte d'entrée de la petite échoppe, suivi de près par Rafa et ses hommes, l'air frais du soir me battit la nuque. Il faisait calme, dehors.
"Vous auriez dû le tuer," me dit Rafa. "Il n'arrivera jamais à réunir la somme en une semaine. Il va essayer de s'enfuir, maintenant."
Je lâchai un petit rire, dénué de joie. "Pour aller où? Il est pris au piège, comme un rat."
Rafa ne répondit rien.
Je soulevai légèrement ma manche, pour consulter ma montre. "Huit heures dix," constatai-je. "Nous avons rendez-vous au Meridiona à neuf heures moins le quart."
"Je vous ai préparé la voiture."
Je poussai un soupir. "Très bien, allons-y."
*~*~**~*~*
Le Meridiona déployait sa façade majestueuse devant nous, le panneau lumineux à l'entrée portant le nom du luxueux hôtel. J'avais rendez-vous dans cinq minutes avec le propriétaire.
"Je vais fumer une cigarette," glissai-je à Rafa, et il porta immédiatement la main au pistolet qui reposait dans sa ceinture, mais, d'un geste, je lui indiquai que je comptais y aller seul. Il hocha respectueusement la tête, et joignit les mains dans son dos, dans une posture d'attente.
Je m'écartai donc du groupe, et glissai une main dans la poche de ma veste sombre, quand soudain un petit gars sorti de nulle part, son visage dissimulé par la grande boîte en carton qu'il portait avec difficulté, me percuta violemment.
"Ah !" s'exclama l'inconnu en reculant, sous le choc. "Je suis vraiment désolé." Ses cheveux blancs coupés courts dépassaient de la boîte, qu'il s'empressa de poser, levant sur moi un regard un peu sonné. C'était une fille, très jolie d'ailleurs, avec ses traits fins et ses grands yeux verts.
"Ce n'est rien," répondis-je doucement. "Vous voulez de l'aide, Mademoiselle?"
La jeune fille écarquilla les yeux, surprise. "Pardon?" J'allais gentiment répéter, quand elle m'interrompit sur un ton sec : "Je suis un homme."
Je fus d'abord surpris, puis lâchai un petit rire. "Je sais reconnaître une fille quand j'en vois une."
"Je vous dis que je suis un homme !" s'exclama-elle furieusement en posant sa boîte, et je remarquai alors sur sa poitrine le badge de l'hôtel. Il était de couleur bleue, comme ceux des employés masculins. C'était donc réellement un homme... Elle -ou plutôt il- planta une main sur sa hanche, pour me demander sur un ton énervé : "Et vous, Monsieur, est-ce que vous êtes un homme? Hein?"
Sa colère me fit sourire. "Tu as répondu toi-même à ta question," lui lançai-je tranquillement, et il leva un sourcil.
"Comment?"
"Tu m'as appelé "Monsieur"," lui fis-je remarquer, l'air franchement amusé. "Tu sais donc que je suis un homme."
Il leva les yeux au ciel. "Peu importe," grogna-t-il en se baissant pour ramasser sa boîte comme il le pouvait. "Je n'ai pas de temps à perdre avec vous. Au revoir !"
Mais comme il cherchait à me dépasser, je lui barrai le chemin. Il chercha plusieurs à me contourner, mais à chaque fois je me plaçai en travers de sa route, mon torse développé se heurtant à sa boîte.
"Pardon, mais je crois que vous êtes sur mon chemin," me fit-il remarquer en plissant les yeux.
"J'ai un peu de temps libre," lui dis-je en souriant, et en plaçant mes mains sur les coins de la lourde boîte. "Je peux t'aider."
"Non merci," grogna-t-il en gigotant, pour me faire lâcher son chargement. "Je vais me débrouiller tout seul."
"Laisse moi t'aider," insistai-je. "Ça a l'air très lourd."
"Oui, et là, vous êtes en train de me faire perdre mon temps !" s'écria-t-il d'un air exaspéré, et il enfonça la boîte dans mon torse. Cette fois-ci, je reculai, surpris, et lâchai la boîte : il en profita pour me dépasser et s'éloigner en trottinant, comme il le pouvait. "Au revoir, Monsieur !" me lança-t-il sans se retourner.
Je le regardai s'éloigner avec un sourire en coin. Le prénom 'Alexis' était inscrit sur son badge, et je le rangeai dans un coin de ma tête, pour ne pas l'oublier. Ce petit bout d'homme était très intriguant, et j'espérais le revoir.
***
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Tomboy
Romantizm"Je retournai dans ma chambre, saisissant mes bandages, que j'enroulai fermement autour de ma poitrine, cherchant à l'aplatir autant que possible. J'étais un homme. Depuis toute petite, ma mère m'avait élevée comme un garçon, pour que je puisse gagn...