• Chapitre Trois: Izza •

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-Les garçons je vous présente les soldats Rick et Mare. C'est avec eux que vous partirez.

Aucun des garçons n'a bougé à l'annonce de la Sorcière, les deux soldats s'avancent vers eux pour leur serrer la main, tandis que moi a l'arrière je suis paralysée. Je sens mon cœur battre dans mes oreilles.

-Vous...vous les emmenez aux fronts? je leur demande, encore sous le choque.

Les soldats, venant sans doute de se rendre compte de ma présence, lèvent la tête comme un seul homme. Le plus grand et le plus vieux, Rick je crois, ne me porte pas beaucoup d'attention et ne prend même pas la peine de répondre à ma question. Mare lui me regarde d'un air peiné et tourne les talons pour saluer Mme Lark et ordonne aux sept garçons de le suivre à la camionnette qui est garée dehors, ils sont suivie du soldat Rick.

Je suis figée, je n'arrive plus a bouger ou à avoir une pensé cohérente. Alors la colère et le désespoir prennent possession de mon corps. Je sors de la maison malgré les menaces de la Sorcière et essais de rattraper ces hommes aux cœurs de pierre, qui sans honte emmènent des enfants ne sachant rien de la vie, se battre contre des créatures effroyable.

-Vous ne pouvez pas les emmener comme ça! Je crie mais cela ne suffit pas à exprimer ma rage et mon dégout à leur égare. Ce ne sont que des enfants ! Vous n'avez pas le droit !

-Izza rentrez tout de suite!

J'entends à peine Mme Lark qui crie, elle aussi, depuis le porche. Je m'approche de la camionnette pour en sortir les garçons, mes petits frères, mais Mare s'interpose entre moi et le véhicule.

-Tu devrais partir petite. Me conseille-t-il mais cela sonne plutôt comme un ordre.

J'ai envie de le frapper, de casser sa petite figure de soldat loyale et honnête. Il me regarde avec pitié, mais comment un homme tel que lui pourrait ressentir quoi que se soit. Ce n'est qu'un lâche, un monstre, une créature abjecte et sans âme.

- Laissez-moi passer. Je siffle entre mes dents.

Les poings serrés j'attends qu'il s'écarte mais il n'en fait rien. Et là, au milieu de l'allée de l'orphelinat, devant cet homme dépourvue d'amour, devant mes petits frères qui dans cette voiture rouleront vers leur mort, je craque. Les larmes que j'avais retenues auprès d'Erica jaillissent sans ma permission. J'essaie de pousser Mare, de le frapper, le griffer, le mordre mais il me tient fermement. Je veux qu'il me lâche, je tente de me dégager de son emprise et crie à plein poumon.

-Les garçons!

Je vois leur visage collé à la vitre, le regard apeuré. Je sens mon corps se soulever du sol, je crie leur nom.

Mare me dépose dans le hall d'entrée et la Sorcière me regarde d'un œil désapprobateur. Une fois que le soldat a tourné les talons pour ressortir je cours vers la porte, mais Mme Lark me tiens pars le bras et Mare referme la porte. Le bruit de la porte qui se ferme et comme un coup dans mon estomac. J'échappe à la Sorcière et me précipite vers la sortie, mais elle s'interpose et ferme la porte à clés. J'entends le véhicule démarrer et s'en allé. Je frappe de toute la force de mes poings sur la porte en bois.

-Non! Non! Non!

Mes larmes tracent des sillons sur mes joues.

-Mademoiselle! Arrêtez tout de suite ce cinéma!

J'arrête de frapper sur la porte, essuie de mes manches les larmes brulantes de mes yeux et me tourne vers elle la regardant dans les yeux avec dégout. Je sais parfaitement que ma conduite entrainera une sanction mais pour le moment je n'en ai que faire.

-Vous n'êtes qu'un monstre. Lui dis-je pleine de colère et de haine.

Les points du monstre qui me fait face se serrent jusqu'à en faire blanchir ses articulations. La peau lui colle aux os et ce nez crochu n'irait pas mieux à une véritable sorcière.

-Dans mon bureau tout de suite !

La punition.

J'entre donc dans son bureau et elle ferme la porte derrière nous pour que personne ne vienne la déranger ou que je ne m'échappe pas. Elle se dirige vers la cheminée ou repose une canne. Ses doigts squelettiques se referment autour. Elle évalue son poids dans son autre main et s'approche de moi.

Un frisson parcoure mon échine.

-Quinze coups. Dix pour votre petit spectacle et cinq de plus pour votre insolence. Maintenant à genoux les mains sur la tête !

Un, deux, trois...

***

Je me dirige vers les escaliers, blessée au corps et au cœur.

Avant d'aller dans ma chambre je jette un coup d'œil à celles de mes cadets et je les vois tous rassemblés dans une même pièce. A mon arrivée personne ne bouge, je m'assois sur le sol près d'eux. Je ne sais pas quoi dire et pour tout réconfort nous n'avons que les respirations de chacun se faisant écho dans cette chambre. Adam se réfugie dans mes bras.

-Est ce qu'on les reverra un jour? Me demande-t-il.

Je ne peux pas lui répondre, je ne connais même pas la réponse a cette question alors dans un souffle je lui dis:

-Je l'espère...

* * *

Tout le monde dort à présent et je me demande si mes yeux ont toujours la même teinte, gris bleuté mais j'en doute car j'ai tellement pleuré que les larmes ont dut emporter avec elles tout leur éclat.

Je suis partie dans ma chambre le corps endolorie et sans prendre la peine d'enlever mes vêtements de jour, je me suis roulé en boule dans mon lit. Les nuages ont finit par ternir ce beau ciel étoilé et me voilà dans l'obscurité et dans la tête l'image de mes petits frères courant vers la mort.

Je ne sais pas à quel moment je me suis endormie mais à mon réveille le monde s'était lavé de ses jolies couleurs estival.


RiplesseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant