• Chapitre cinq: Izza •

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Sept ans plutôt.

Je cours. Je cours entre les arbres.

Je ne dois pas pleurer. Si je pleure, ils auront gagné.

Ce n'était qu'une petite statuette de rien du tout. Très moche en plus. Je ne l'avais pas fait exprès. Je ne pensais pas qu'elle le remarquerait. Je n'avais rien laissé, j'avais tout ramassé, jusqu'au plus petit morceau de porcelaine. Je ne sais pas comment a-t-elle pu remarquer qu'il en manqué une alors qu'il y en a tant.

C'est la première fois que l'on me frappe. Elle l'a fait sans aucune pitié, malgré que je la supplie encore et encore d'arrêter.

Six coups, voila ce a quoi j'ai eu le droit.

Je cours. Je cours entre les arbres.

Mes poumons me brulent mais les douleurs de mon dos sont telles que je ne prête même pas attention aux premières.

Plus jamais je ne retournerais dans cet enfer, je n'ai jamais voulu y aller. Ils m'y ont forcé. Je vois bien qu'ils ont tous peur de moi, que s'ils avaient pu, ils m'auraient enfermé dans une cage. Car oui, dans une cage je ne pourrai plus faire de mal a personne.

Je cours. Je cours entre les arbres.

Quelque chose me brouille la vue, je cligne des yeux et mes larmes coulent jusqu'à mon cou. Les arbres se font moins denses et un immense lac m'apparait. Je ralentis et m'approche de cette étendue d'eau scintillante. Toute la verdure qui entoure le lac est desséchée et jaunis par les rayons du soleil qui en ce moi d'aout brillent de toute leur splendeur.

J'inspire un grand coup, calmant mon cœur qui est sur le point de quitter sa place.

C'est alors que je sens quelque chose de froid contre mon dos endolori.

-Qui es-tu et que fais-tu ici ? Dit une voix derrière moi.

Je devine que c'est un garçon. De mon âge sans doute.

Un frisson parcourt mon corps. J'ai peur.

-Je ... Je...J'ai besoin d'aide...

Un ange passe et après un moment d'hésitation, la sensation de l'arme plantée dans mon dos disparait. Un jeune garçon vient se positionner devant moi et me tant la main.

-Moi c'est Eden !

Mon regard va de sa main tendue à ses deux billes marron qui me scrutent pleines d'excitation. Sans lui serrer la main je réponds.

-Je m'appel Izza.

-Enchanté Izza, dit il tout en s'inclinant, ce qui me fait sourire.

Je reprends automatiquement mon sérieux et me remet sur mes gardes lorsque je vois le pistolet qu'il tient dans son autre main. Il remarque mon air effrayé et s'exclame :

-Ah tu as peur de ca ! Ce n'est pas un vrai !

Je fronce les sourcils. Je ne suis pas complètement convaincu par ses propos, alors il me tend l'arme.

-Regarde, ce n'est qu'un jouet.

En effet ce n'est qu'un jouet insignifiant. Je me mets alors à rire. Un vrai rire. Eden me regarde bizarrement l'air de se demander ce qu'il m'arrive puis il rit de bon cœur avec moi.

-Viens ! Je vais te montrer ma maison ! me dit-il en me tirant par la main.

Nous nous mettons à courir et je ris. Je ris parce que malgré que je connaisse Eden depuis cinq minutes, je me sens bien avec lui, plus légère. Et cela me donne envie de rire.

Nous contournons le lac et je découvre alors entre les arbres une maison en bois. Elle m'a l'air un peu tordue et un arbre sort en plein milieu du toit.

-Voila c'est mon chez moi ! dit Eden en écartant les bras comme pour englober tout l'espace nous entourant.

-Viens je vais te présenter ma grand-mère, s'exclame t-il en posant une main sur mon dos.

C'est alors qu'une douleur fulgurante m'arrache un cri. Eden me regarde sans comprendre ce qu'il se passe.

-Tu es blessée ?

Je hoche la tête en serrant les dents pour retenir les gémissements qui tentent de franchir mes lèvres. Il me prend par la main et me traine derrière lui jusqu'à la porte de la maison.

-Ne t'inquiète pas, on va t'aider. Dit-il pour tenter de me rassurer.

La maison d'Eden est l'une des plus belle maisons que j'ai eu l'occasion de voir. Chaleureuse et pleine de vie avec son tronc qui traverse le toit et repose en plein milieu du salon, j'aurais aimé pouvoir y rester pour toujours. Il y a des cadres accroché aux murs où dans lesquels reposent des fleurs séchées de toutes sortes. Des millions de coussins reposent un peu partout, sur le canapé, les fauteuils, le sol et a chaque endroit ou l'on pouvait en mettre.

-Eden c'est toi ? s'écrit une femme depuis ce que je pense être la cuisine vu la magnifique odeur qui s'en échappe.

-Oui Mamina c'est moi ! Je suis avec une amie ! On aurait besoins de ton aide, elle est blessée je crois !

Une femme nous rejoint. Je crois qu'elle est la plus belle dame que j'ai vue de toute ma vie. Ses cheveux sont rassemblés en un chinions argentés au dessus de sa tête. Elle nous regarde de ses yeux marron yeux marrons identique à ceux d'Eden. Elle essuie ses mains sur sa jupe bleue marine et s'avance vers nous. Elle s'accroupit pour être à ma hauteur et me demande de cette voix maternelle :

-Que t'arrive t-il ma petite ?

Je jette un regard vers Eden qui me sourit pour m'encourager.

-Mon dos...

Plaçant ses deux mains sur mes épaules elle me fait tourner délicatement et soulève ma chemise. Elle hoquète en découvrant les ravages que Mme Lark a faits sur mon dos.

-Ne t'inquiète pas ma jolie, je vais m'occuper de toi. Je m'appel Line mais tout le monde m'appel Mamina.

Ce jour la, a été l'un des pires et l'un des meilleurs de ma vie. Apres avoir soulagé mes blessures, Mamina dépose devant Eden et moi de délicieuses brioches accompagnées d'une tisane.

A contre cœur j'annonce a Eden et sa grand mère que je dois les quitter. Eden me propose de me raccompagner jusqu'à la route qui me conduira à l'orphelinat. Au moment de nous séparer je le remercie pour tout ce qu'il a fait pour moi. Je vois dans ses yeux qu'il est aussi triste que moi.

-Promets moi de repasser me voir. On ne voit pas beaucoup de monde par ici.

Je ne pense pas qu'après ma fugue de ce matin Madame Lark me laisse encore sortir de ma chambre mais je lui réponds :

-Je te le promets.

Et en s'inclinant, comme lui un peu plus tôt dans la journée je dis :

-Au revoir Eden.

-Au revoir Izza.

RiplesseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant