• Chapitre six: Eden •

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C'est toujours ici que je la retrouve. Elle est allongée dans l'herbe sèche, ses cheveux formant une couronne autour de sa tête.

J e m'approche doucement, ses paupières sont closes. Je l'observe un moment avant qu'elle ne se rende compte de ma présence. Sa respiration est lente, on pourrait presque croire qu'elle est endormie.

-On prend un bain de soleil !

Elle ouvre les yeux d'un seul coup, un peu affolée. Puis lorsqu'elle se rend compte que ce n'est que moi, un sourire né sur ses lèvres.

-Eden

-Izza

-Eden

Je ris et l'aide à se relever. Sa jupe est complètement froissée et ses cheveux sont un fouillis de mèches châtains âpres sa petite sieste en pleine air. Je retiens un sourire au bout de mes lèvres face à ce spectacle, mais elle le remarque.

- Quoi ? dit-elle en époussetant ses vêtements des brins d'herbes qui s'y sont accrochés.

-Rien du tout. Tu m'as manqué, ça fait un mois que je ne t'ai pas vu. Je commençais à croire que tu t'étais lassée de moi. Dis-je d'un ton moqueur.

-Jamais de la vie.

Elle se penche pour ramasser ses chaussures et malgré qu'elle se cache derrière ses cheveux je vois cette grimace qui tire les traits de son visage.

Elle souffre. Elle a été punie. J'imagine alors mes mains autour du cou du monstre qui lui fait subir tout ceci. La rage bouillonne en moi mais je ne lui montre pas.

Je lui tends le bras d'un air enjoué sans pourtant me départir de ma colère.

-Mademoiselle Riplesse, me feriez-vous l'honneur de partager avec moi une tasse de thé et quelques petits gâteaux ? Dis-je d'un ton guindé.

Et comme je l'espérais, elle rit. Ce n'est qu'un petit rire, mais il me suffit. Pour le moment.

-Volontiers Monsieur, dit elle en enroulant son bras autour du mien.

* * *

Je sors deux tasses d'un placard, l'une est ébréchée mais peu importe.

Izza est assise sur le canapé du salon. Elle n'a pas dit grand-chose depuis que nous sommes arrivés. Elle a l'air ailleurs.

Lorsque je la rejoins dans le salon, les deux tasses de thé fumantes dans les mains, le regard triste qu'elle affiche ne me laisse plus le choix, alors je lui demande :

-Que se passe t-il Izza ?

Elle relève la tête vers moi, revenant dans le monde réel. Ses yeux gris sont dénués de la joie et de la malice que je leur connais habituellement.

-Tout va bien. Me répond-elle sans conviction.

-Pas a moi Izza.

Je dépose les deux tasses sur la table devant nous et m'assois près d'elle.

-Je vois bien que tu ne vas pas bien. Dis-moi ce qu'il y a.

Elle hésite un instant puis lâche un profond soupire.

-Des soldats...des soldats de l'armée Royale sont venus a l'orphelinat...Ils ont emmené les garçons avec eux.

Sa voix tremble. Elle se retient de pleurer. Moi je suis perdu, je ne comprends pas.

-Comment ça ?

Ses yeux s'accrochent aux miens, ils brillent des larmes qu'elle retient. Une tristesse infinie s'y dépeint. Quant à moi je la regarde impuissant, je ne comprends pas, je déteste la voir comme ça. J'aimerai prendre sa main et l'emmener loin de tout ce qui lui retire ce sourire que j'aime tant.

Les coudes posés sur ses genoux elle prend sa tête entre ses mains.

-David... Samuel... Laurent... Vincent... Harry... Liam... Kevin. Ils les ont tous emmenés. Ce ne sont que des enfants.

Je l'entends à peine, ses mots ne sont que des murmures s'évaporant des l'instant ou ils franchissent ses lèvres. Elle repose les yeux sur moi. La détresse s'y reflète.

La colère qui bouillonnait en moi un peu plus tôt, refait son apparition. Je serre les poings pour m'empêcher de frapper dans quelque chose. Notre Roi se cache dans son palais et envoi de pauvres gamins affronté ces créatures sanguinaires. Depuis le temps ca ne devrait plus me choquer. Le royaume est dirigé par des lâches, vils, vivants détachés du reste du monde. C'est pour cela que Mamina est moi sommes venus nous installer ici. Loin de tout. Hors de leur portée. Seule Izza sait ou nous trouver.

Je sens alors les bras d'Izza s'enrouler autour de moi, me ramenant à l'instant présent. Je l'étreins à mon tour.

-Je les déteste. Dit-elle.

Je la sens sangloter contre moi.

-Moi aussi Izza, moi aussi. Dis je dans un soupire.

Soudain la porte s'ouvre en fracas. Izza et moi sursautons et nous écartons l'un de l'autre.

Je vois alors Mamina, les mains tremblante, fermer le verrou de la maison.

-Mamina ? Est-ce que ça va ?

Elle a le teint plus blanc que neige et le regard affolé.

-Les enfants vérifiez que toutes les fenêtres sont fermées. Vite ! Nous ordonne t-elle tout en le faisant elle-même.

-Que se passe-t-il? L'interroge Izza, tout aussi perdue que moi.

Une fois qu'elle a vérifié toute les fenêtres, sans même nous répondre, elle nous pousse vers la chambre du fond. Sa chambre. Elle ferme la porte et s'adosse a celle-ci tout en cramponnant le fusil qu'elle a tiré de sous le lit.

Ses mains tremblent encore, je lui retire alors l'arme des mains.

-Mamina.

Elle me regarde les yeux grands ouvert, à la limite de perde la raison.

-Une bête Eden... un...il m'a suivit. Il était dans la foret et il ma suivit.

Elle se cramponne à moi, le front perlé de quelque goutte de sueur. C'est alors qu'un bruit assourdissant venant du salon se fait entendre. Comme si la porte avait était pulvérisée. Mon cœur fait un bon. Je tourne la tête vers Izza. Elle est effrayée, tout comme moi. J'ai peur.

Des bruits nous parviennent du salon. Je jette un dernier regard à Izza puis vérifie que le fusil est bien chargé.

Je n'ai pas le choix.

-Ne bougez pas d'ici. Dis-je une main sur la poignée de la porte.

-Non Eden n'y va pas ! s'exclame Izza. C'est trop dangereux.

-Rester ici ne l'est pas moins.

Sur ces mots je sors de la chambre. Le cœur bâtant et les mains tremblantes

La maison est silencieuse, seule ma respiration haletante se fait entendre. Je pénètre dans le salon qui est complètement ravagé et c'est alors que je le vois.

RiplesseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant