Praya (réécrit)

9-Rencontre (réécrit)

J'avais tout observé. Medeiro était mort, sous nos yeux. Notre hôte et ami, qui avait été là pour nous lorsque nous en avions besoin. Sans que je m'en rende compte, je sentit une première larme rouler sur ma joue, puis une autre. C'était injuste. Mes sentiments étaient mélangés; de la tristesse, de la haine, de l'incompréhension, et plus encore. J'aurais dû faire quelque chose pour éviter que cet évènement se produise, mais la peur et l'inquiétude m'avaient clouée sur place. Je me retournai finalement vers mes camarades. Elles aussi semblaient triste, mais seulement Prudence et moi sanglotions silencieusement. Je leur chuchotai du plus bas que je le pouvais pour ne pas me faire entendre.

—On fait quoi maintenant?

—On quitte ce monde, annonça rapidement Demeter, tout en chuchotant.

Les autres acquiescèrent et je suivis.

—Medeiro avait parlé d'une certaine Mylène, celle qui a créé les portails, n'est-ce pas? Nous pourrions aller la voir pour qu'elle nous ramène chez nous, proposa Inaya.

—Je propose d'apporter également les objets magiques de Medeiro, suggéra Prudence en fermant les yeux.

Elle sembla se concentrer. Quelques secondes plus tard, elle les rouvrit. Le capteur de futur — le capteur de rêve — et le donneur de passé — la montre à gousset — se trouvaient suspendus dans le vide, au-dessus de nos têtes. La montre à gousset tomba dans mes mains et le capteur de rêve dans celles d'Inaya.

—Gardez-les précieusement, suggéra Prudence.

Je mis la chaîne de la montre à gousset autour de mon cou et Inaya accrocha le capteur à sa ceinture. Ensuite, j'observai mes amies, puis leurs armes.

—Je doute qu'on réussisse à trouver la sortie sans se faire repérer. Je crois qu'on devrait se préparer, mentalement et physiquement, à se défendre, remarquai-je.

—Je suis d'accord, je crois que se battre est la seule solution pour quitter, qu'on le veuille ou non, rajouta Demeter.

Des bruits de toutes sortes remplirent rapidement le silence. Pots qui cassent, livres jetés par terre, corbeille de fruits renversée et plus encore. Nous ne pouvions plus nous cacher longtemps encore; les soldats semblaient déterminés à nous trouver. Selon un plan rapide, Demeter resta près du bassin, j'allai proche d'une plante en pot; celle que j'avais guérie lors de la découverte de mes pouvoirs, Inaya et Prudence restèrent ensemble, planifiant qu'Inaya lancerait des flèches et Prudence assommerait les soldats avec divers objets.

Armure grise ôta son casque, dévoilant un visage féminin.

—Je sais que vous êtes ici, jeunes surdoués, montrez-vous donc qu'on en finisse, énonça-t-elle d'une voix aiguë.

Et puis, un livre lui frappa la tête de plein fouet.

—Qui est-ce qui m'a lancé cela? s'enragea-t-elle en brandissant le bouquin qui était tombé au sol.

Elle se retourna plusieurs fois, jusqu'à temps qu'elle voit plus loin Demeter — sûrement un de ses clones — la regardant fixement.

—C'est toi? Qui a osé m'envoyer ça à la figure?

—Non, répondit d'une voix monotone la copie de Demeter.

Profitant du fait qu'elle était retournée, Prudence lui envoya cette fois-ci un fruit, seul objet qui ne servait plus et qui pouvait facilement être lancé. Cela ne fit que plus provoquer Armure grise. Furieuse, elle remit son casque et signala aux autres soldats qu'ils se faisaient attaquer. Une douzaine de soldats arrivèrent pour la rejoindre, augmentant le nombre d'opposants. C'était plus que les soldats qui avaient fouillé la demeure à leur recherche, signifiant probablement qu'ils avaient du renfort qui attendait à l'extérieur de la grotte.