Afternoon

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Bonjour ! 

Cette partie sera un peu plus courte, principalement parce celles qui vont suivre seront un peu plus longue, et que je ne me voyais pas couper la suivant pour être honnête.

Je voudrais remercier encore toutes ces gentilles personnes qui suivent mon travail, qui prennent le temps de le lire, de le commenter, de voter, et qui ont en plus des mots qui me touchent et me flattent beaucoup,  ça m'encourage énormément.

Je ne vous embête pas plus longtemps, je vous souhaite une bonne lecture !

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Les minutes défilaient. Le tic tac régulier de l'horloge accompagnait ma solitude, claquant si fort dans mes tempes qu'il me semblait plus insupportable que jamais. Le petit déjeuner préparé par la jeune femme - que j'appris entre temps se nommer Kanti - était délicieux. Il me semblait n'avoir jamais pu déguster un jour quelque chose d'aussi bon. Pourtant, je me devais de redoubler des d'efforts pour parvenir à terminer au moins la moitié de mon assiette, l'estomac vide depuis trop longtemps. Ne semblant pas vraiment bavarde, l'indienne s'affairait aux tâches ménagères, disparaissait quelques temps, puis revenait, un peu plus tard, pour s'occuper d'autres occupations. Elle faisait les poussières, passait la toile, rangeait le frigo, lavait la vaisselle. Mon regard fut attiré quand elle alla s'attaquer au salon, près du canapé où Legion et moi avions passé la nuit. Mes pommettes brûlèrent lorsque je la vis passer son chiffon sur le cuir blanc, puis j'avalais difficilement ma bouchée.

Je me remémorais ma soirée de la veille, visualisais nos mains, nos corps, l'un contre l'autre. Son visage dans ma nuque, entre mes omoplates, la pression de son buste contre mon dos. Ses doigts sillonnant mes clavicules, ma pomme d'adam, mes maxillaires, mes lèvres.

Une bouffée de chaleur grimpa en moi et je baissais la tête vers mon assiette encore bien remplie, le cœur battant à tout rompre. Jamais je n'avais connu une telle puissance, une fusion semblable. La brûlure de sa chaire contre la mienne, ses gestes, à la fois tendres, passionnés et enragés. Cette débauche qui, pour une fois, n'avais rien à voir avec mes passes, mes premières approches du sexe. Cette fois là, c'était différent. Le splendide avait prit place sur le sordide, et il m'avait transcendé, transporté hors de mon être pour me projeter dans une dimension nouvelle, incroyable.

Je me levais de la chaise haute, avançait vers le réfrigérateur, un brin gêné. J'ignorais si j'avais le droit de l'ouvrir pour me servir à boire. Prit d'incertitude, je posais mon regard sur l'hindoue, et, voyant qu'elle ne montrait aucune réaction négative, je l'ouvris. Je m'emparais d'une bouteille de jus d'ananas et m'en servit un verre avant de le boire lentement, les pupilles rivées sur la porte close. J'ignorais à quelle heure mon amant terminait son travail. Toujours était il que la pendule affichait désormais dix huit heures trente.

Je poussais un vague soupir, finissant mon verre par la suite pour le déposer près de mon assiette, que je doutais de terminer malgré mes efforts. Je passais la main dans mes cheveux, presque surpris de leur touché. Cela faisait longtemps que je ne m'étais pas senti aussi propre, aussi neuf, loin de la saleté vicérale de la rue. En revanche, quelque chose me turlupinais. La femme avait dit avoir mis mes vêtements au sale, certes, mais qu'avait elle fait de mon butin de la veille ? La peur que mes livres soient passés en machine me tiraillais, et la vision des billets réduis en charpie par un tambour de lave linge serrais ma gorge. J'avais bien conscience que Legion m'avait proposé une porte de sortie, une échappatoire, mais était-il vraiment sérieux ? Peut-être n'avais-je été qu'une bonne action du soir, un élément à qui il avait voulu offrir la possibilité de se repaître, de se mettre à jour, avant de le rejeter à la rue comme si de rien était. Après tout, aussi merveilleux et angélique soit-il, je ne le connaissais pas; et je ne méritais de toute façon pas toutes ces attentions. Qu'il m'ait accordé de l'intérêt un moment de sa vie était déjà bien trop pour ce que j'étais devenu.

RAN : I want you dreamOù les histoires vivent. Découvrez maintenant