Face cachée (terminée)

18. Fuir

Je me réveillais péniblement, j'étais exténuée. Je n'avais pas dormi de la nuit, j'étais bien trop occupée à réfléchir. Réfléchir à tout ce merdier qui me servait de vie. Pour résumer : un amour impossible avec un garçon qui ne m'aimes même pas, et qui est aux abonnés absents, la destruction d'une amitié à cause de ce même garçon et enfin, j'avais entraîné malgré moi une fille géniale dans ma chute vers les enfers.

Ce sont toujours les méchants qui gagnent ?

Parce que pour moi, la méchante ici et maintenant c'était Samantha, elle avait dû être une vipère dans une autre vie. Je ne savais plus quoi faire, sans aide je ne pouvais arriver a rien et aujourd'hui, plus personne ne voudrait m'aider à quoique ce soit. Je ne trouvais pas de solution à mon problème, il me fallait m'éloigner, prendre du recul pour mieux réfléchir. Je ne voyais qu'une échappatoire : partir. Partir le plus loin possible et au plus vite. Nous étions désormais en vacances, mes parents ne verraient aucun inconvénient à ce que je parte chez ma tante à Paris. J'avais besoin de me ressourcer, mais auprès de qui ? Personne ne m'attendait là-bas non plus...

Je décidais d'envoyer immédiatement un message à ma tante, elle m'adorait et avait un grand appartement, j'étais sûre qu'elle serait d'accord. Je fis ma valise en vitesse après avoir reçu la confirmation qu'elle m'accueillerait dès ce soir. J'avais vérifié, il y avait un TGV en fin d'après-midi. En faisant mon sac, je songeais à Julie. Elle avait vu sa réputation entachée par ma faute, il serait normal que je lui offre une porte de sortie. Elle n'avait pas dit un mot après l'intervention de Samantha, et ne m'avais envoyé aucun message ce matin. J'espère qu'elle ne m'en voulait pas au point de mettre fin à notre amitié. Je lui envoyais donc un message.

"Je suis vraiment désolée pour hier, j'espère que tu me pardonnes. Je sais que tout est de ma faute. J'aurais dû arrêter de jouer bien plus tôt. Je pars dès ce soir à Paris, chez ma tante. Je sais que ça ne fera qu'alimenter les rumeurs, mais il y a une place pour toi si tu le souhaites. Bisous"

Je fus étonnée d'avoir une réponse quelques instants plus tard.

"Je ne t'en veux pas, tu n'y peux rien si cette fille est une pétasse. Réserve-moi une place dans le train ! Je fais ma valise et j'arrive."

J'étais vraiment étonnée, déjà parce qu'elle avait accepté de venir avec moi et je me doutais que convaincre ses parents ne serait pas forcément simple mais surtout parce qu'elle avait employé le mot PETASSE ! Je crois que j'avais vraiment une mauvaise influence sur elle.
Je descendis informer mes parents que je partais ce soir et que j'aurais besoin qu'ils m'emmènent à la gare. Ils n'étaient pas surpris que je parte pour Paris mais ne comprenaient pas mon départ précipité. C'était normal et je n'allais pas tout leur expliquer.

Je remontais dans ma chambre. Il fallait que je donne une explication à Thibault, mais si j'essayais de l'appeler il ne me répondrait surement pas et il ne lirait pas mes messages non plus. Et Hugo, est ce que je devais le prévenir ? Après tout il ne m'avait pas aidé, et je ne savais pas s'il me chercherait ni même ce qu'il attendait de moi.

Je décidais d'écrire une lettre à Thibault, vu que je connaissais son adresse, autant en profiter. Mais j'attendrais quelques jours pour lui envoyer, histoire de lui laisser le temps de se calmer et de peut-être moins m'en vouloir.

Julie arriva quelques minutes plus tard et on partit en direction de la gare. Dans la voiture elle ne dit pas un mot, elle regardait simplement par la fenêtre et rongeais ses ongles. Elle semblait un peu nerveuse.

Mes parents ne s'éternisèrent pas à la gare, ils étaient contents d'être seuls pour une fois. Je grimpais dans le train, suivi de Julie et trouvais une place. Elle s'assit à côté de moi, toujours en silence.

- Tu as décidé de faire vœux de silence ? Demandais-je pour essayer de détendre l'atmosphère.

Elle me regarda en coin, amusée.

- Non, finit-elle par me répondre. Je suis un peu nerveuse, c'est la première fois que je quitte mes parents sur un coup de tête. Et je ne suis jamais allée à Paris ! M'avoua-t-elle.

J'avais hâte de lui faire découvrir mon monde. Enfin, l'endroit où je vivais avant. Avant d'être "une traînée". Cependant, j'avais peur que ce voyage fasse remonter des souvenirs que j'aurais préféré oublier à tout jamais...

*

Arrivées chez ma tante, qui était étonnée que je ne sois pas seule car j'avais oublié de la prévenir, je fis visiter l'appartement à Julie. Il était presque aussi grand que chez moi. Ma tante, contrairement à ma mère, avait épousé un homme riche. Et même s'ils étaient divorcés aujourd'hui, elle avait gardé une grande partie de sa fortune et n'avait pas besoin de travailler. On commanda à manger, avant de tout engloutir et de partir se réfugier dans la chambre qui était la nôtre durant notre petit séjour.

- Merci, de m'avoir proposé de venir avec toi, murmura Julie.

- C'est normal, je n'allais pas te laisser affronter la tempête toute seule ! Mais je t'avoue que j'ai été surprise que tes parents acceptent que tu partes avec moi, ils ont l'air si...protecteurs.

- Possessifs c'est plus le mot... Mais ils n'ont pas toujours été comme ça tu sais.

- Comment ça se fait ? Demandais-je.

- C'est une longue histoire, m'assura-t-elle. Je te la raconterais en temps voulu, et je ne pense pas que ce soit le meilleur moment.

Je n'insistais pas. Il est parfois difficile de faire face à ses propres petits secrets... Je suis sure qu'elle me parlera en temps voulu.

Elle avait confiance en moi, et j'avais aussi confiance en elle. Elle continuait à me soutenir alors que tous étaient contre moi. J'étais sure qu'elle me parlerait lorsque elle serait prête.