19. Welcome to Paris

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On arrivait enfin devant la Tour Eiffel.

Lorsque Julie m'avait dit qu'elle n'était jamais allée à Paris, je m'étais sentie obligée de lui faire faire un petit tour des plus beaux monuments de la ville. On avait donc passée nos premières journées à gambader, à droite et à gauche, en se faufilant dans le flux toujours aussi important de touristes. Julie avait pris des centaines de photos, autant des lieux où nous nous trouvions que de nous deux. Elle me faisait rire avec ses grimaces affreuses.

Je me sentais déjà mieux. Je me sentais bien ici, chez moi. Je n'avais pas vraiment eu le temps de réfléchir à ce qu'était ma vie actuelle mais je devais admettre qu'à ce moment précis, peu m'importait. Ça me faisait du bien de prendre de la distance avec les derniers événements. J'étais avec mon unique véritable amie, et j'étais chez moi. J'avais contactée mes anciennes "amies" mais n'avait eu que de vagues réponses. Tant pis pour elles, je profiterais pleinement de ce séjour quand même ! Sur les conseils de Julie, j'avais décidé d'être positive au maximum !

Comme nous commencions à être « vannées » (selon les dire de mon amie), on décida d'aller se reposer et de prendre un café. Nous nous étions éloignées des quartiers touristiques surpeuplés. Je tenais à lui faire découvrir ce qui était pour moi, le meilleur endroit du monde ! C'était un petit salon de thés, où chaque boisson portait des noms fabuleux. On s'assit en terrasse, dans la cour intérieure, à l'écart des quelques clients qui se trouvaient ici. J'aimais cet endroit car il était calme et paisible. Il était propice aux réflexions.

- Alors, toujours pas de nouvelles de Hugo ? Demanda Julie.

- Non, aucune. Il a peut-être oublié que j'existais...

Effectivement, nous étions à Paris depuis presque une semaine, et je n'avais eu aucune nouvelle d'Hugo. Pourtant j'étais presque certaine qu'il devait être au courant, le lycée entier était au courant... Alors il préférait se ranger du côté de celle qui s'amuse à humilier les autres ?

J'étais franchement déçue par son mutisme et son comportement en général. L'idée que je me faisait de lui avait certainement été embellie par mon attirance pour lui. Et maintenant je tombais des nus, encore une fois.

- Je ne pense pas. La façon dont il te regarde c'est... différent. Je crois... je crois qu'il est embrigadé, dans quelque chose de plus gros que tu ne l'imagines, murmura-t-elle. Ces dernières années il s'est passé tellement de choses, depuis qu'il a perdu son meilleur ami dans des circonstances assez étrange, tout a basculé. Il a bien changé de comportement depuis... Avant il n'était pas aussi renfermé. Je ne sais pas si je devrais t'en parler, c'est plutôt à lui de le faire...

Mais comme souvent, Julie avait réveillé ma curiosité.

Il avait perdu son meilleur amis ? Dans quelles circonstances ? Pourquoi ne m'en avait-il jamais parlé ?

J'étais plongée dans mes pensées, lorsque d'un coup, Julie me tira de ma rêverie.
- Je crois qu'il est temps que je te raconte quelque chose, elle me chuchota.

Voulait-elle m'en dire plus sur le passé mystérieux d'Hugo ? J'en doutais fort. Je crois plutôt qu'était arrivé le moment que j'attendais depuis quelques temps maintenant. Allait-elle enfin me raconter ce secret si énorme qu'elle avait peur d'en parler ? Elle semblait nerveuse.

- Avant que je me lance, je veux que tu me promettes que tu ne te moqueras pas, et que tu ne m'en voudras pas.

- Pourquoi je t'en voudrais ? lui demandais-je sans comprendre.

- Promet le moi !

- D'accord, je te le promets ma Juju.

De toute façon après tout ce qui s'était passé, je ne comptais pas lâcher une amie en or comme elle. J'étais prête à tout entendre.

- D'accord, alors... Elle marqua une longue pause puis inspira profondément sans oser me regarder dans les yeux. Elle s'appelait Sophie. Elle habitait dans ta maison avant. Enfin, seulement pendant quelques mois... On était dans la même classe, elle était nouvelle et comme tu le sais je n'ai pas des tonnes d'amis, mais on s'est tout de suite bien entendu. On a commencé à passer beaucoup de temps ensemble. On dormait l'une chez l'autre régulièrement, puis c'est devenu une habitude récurrente, enfait c'était tous les weekends et parfois même durant la semaine... Et puis elle me faisait rire, elle me demandait tout le temps si elle était belle... Au début je pensais juste qu'elle était un peu narcissique. Puis j'ai remarqué qu'elle ne regardait jamais les garçons qui l'entourait, à part pour les recaler. Quand on se baladait dans la rue, ou dans les couloirs du lycée elle me tenait souvent la main. Lorsqu'on s'asseyait l'une à côté de l'autre, il lui arrivait d'enrouler son pied autour du mien... Et tous ces détails ne me dérangeaient pas, je n'y prêtais pas spécialement attention... Elle marqua à nouveau une longue pause. Un soir où je dormais chez elle, on regardait un film d'horreur et on s'était blottis l'une contre l'autre pour avoir moins peur... Et puis elle m'a embrassée, là d'un coup. C'était surprenant, et inattendu. Je me suis posé beaucoup de questions sur le moment avant de me rendre compte que j'avais aimé ça. Je la regardais, plutôt surprise.Pendant quelques mois on se câlinait en cachette, c'était drôle et excitant !Mais un jour ses parents nous ont surpris, et ils n'ont pas trop appréciés, elle grimaçait, ils sont allés voir mes parents pour leur raconter cette "épouvantable" et"regrettable" histoire. Ils ont déménagé peu de temps après, on a eu l'interdiction de se contacter et puis mes parents m'ont envoyé dans une clinique pour que je me fasse soi-disant soigner... Comme si c'était une maladie...

Elle garda la tête baissé encore quelques instant. Durant tout son récit, elle n'avait pas osé de même regarder dans les yeux, sûrement de peur que je la juge, comme sa famille s'est permis de la faire... Quant à moi, je restais ébahi face à son récit.

C'est le moment que choisi le serveur pour nous apporter nos boissons.

- C'est pour ça que j'étais très mal à l'aise quand Samantha à fait son annonce, et que je n'étais pas très bavarde par la suite... Elle avait en partie raison en fait.

- Je... Effectivement, ça explique ton comportement...

- S'il te plait, ne m'en veux pas Nora. Tu es mon amie et je ne veux pas qu'on s'éloigne à cause de ça... C'est pour cette raison que je ne t'en ai pas parlé plus tôt.

- Ce n'est pas à toi de t'excuser, mais plutôt à moi, c'est moi qui t'ai mis dans l'embarras, je suis vraiment désolée ! Je ne pensais pas qu'il s'était passé autant de choses...

- L'année dernière a été plutôt mouvementée, pour pas mal de monde. Mais depuisque tu es arrivée j'ai l'impression que tout va mieux !

Tout allait mieux... jusqu'à maintenant.

Face cachée (terminée) Où les histoires vivent. Découvrez maintenant