Chapitre 5

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** point de vue de Marco **

Ce fut réunis autour d'une large table ovale dans une salle fraiche que j'attrapai le stylo à l'encre bleu et tachai le bas du papier blanc de ma signature. Des applaudissements crépitèrent après ce geste, des poignets de mains, des remerciements et des félicitations s'ensuivirent.

La salle de réunion se vida quelques minutes plus tard de ses occupants. Il n'y eut plus que Marisa et moi, celle-ci se dirigea vers la sortie lorsque je l'interpellai, elle se retourna toute souriante en faisant voltiger ses boucles noirs, un magnifique sourire qui fit apparaître ses fossettes.

_ Je ne sais quoi te dire tu nous a tous énormément surpris, tu étais géniale Marie.

_ Tout le mérite te revient, moi je n'ai fait que soutenir ton idée.

_ Tu n'as pas fait que la soutenir, tu y a ajouté un petit plus. Et c'est toi qui a su les convaincre. Félicitations !

Elle me décocha un radieux sourire capable de mettre n'importe quel homme à genoux. Cela fit déjà trois semaines qu'elle eut rejoint l'entreprise et jusqu'ici je n'eus rien à redire sur son travail, mises à part des félicitations. Elle est très perfectionniste et impliquée dans son travail, cela me ravit beaucoup. Notre relation s'étendit au delà du professionnelle, en effet nous fûmes très proches. Nous déjeunâmes et quelques fois dînâmes ensemble, je l'invitai souvent au cinémas ou à faire une promenade. Une complicité naquit entre nous en même temps que notre amitié grandit progressivement.

Nos discussions me ravirent, sa compagnie fut agréable, son humour plaisant, son sourire la plus belle des images, et surtout, son rire la plus mélodieuse des chansons. Elle fut pourvue d'une extrême timidité qui la fit rougir à chaque fois que je la regardai intensément dans les yeux, ou que je la pris dans mes bras. Je la trouvai tellement sensible, fragile et naïve quelques fois, tout ceci la rendit mignonne et extrêmement adorable. Mais ce qui me perturba plus en elle fut ses yeux, ou plutôt son regard. De magnifiques iris bleus marines qui devinrent noirs au cours de la nuit, dans laquelle une lueur beaucoup trop inexplicable navigua.

Chagrin, déception, souffrance, tristesse ou mélancolie...

Je ne sus le dire avec exactitude. Ces yeux me tourmentèrent dès le premier regard, je pensai que ce fut ses larmes qui brouillèrent sa vision, mais je constatai avec le temps que Marisa eut un regard taraudant.

_ Je t'invite après pour fêter cela, ça te dit ? Lui demandai je.

_ J'en serai ravie.

Nous fûmes aux environs de quatorze heures et le soleil s'éloigna de plus en plus de son zénith. Assis dans le bureau de Marisa, j'attendis patiemment qu'elle arrangea ses affaires et éteignit son ordinateur. Elle s'activa de ces tâches d'une manière si gracieuse que je la regardai avec admiration. Elle attrapa son sac blanc, se figea un moment et me sourit de toutes ses dents.

_ Ça y est ! J'ai fini. Pas trop attendu j'espère.

_ Absolument pas.

Je me levai et lui tendis ma main qu'elle s'en empara délicatement, comme s'il s'agit d'un objet fragile. Une bouffée d'air chaude nous asséna le visage, faisant ainsi danser les mèches noirs de nos chevelures ainsi que la robe violette de Marisa, lorsque nous mîmes pieds dehors. La végétation verdoyante qui nous entoura s'agita au vent.

_ Ma voiture est au garage. Me dit Marisa de sa voix douce.

_ Super ! Je vais pouvoir te ramener ce soir.

Le triomphe de l'amourOù les histoires vivent. Découvrez maintenant