Chapitre 6

109 15 5
                                    

** point de vue de Marisa **

Ce fut avec un petit pincement au cœur que je regardai s'éloigner la voiture de Marco. Toute mélancolique, je me dirigeai vers mon appartement où je sus pertinemment qu'un interrogatoire m'attendit.

_ Marie, alors on attend des explications. Commença Rosa.

_ Des explications à propos de quoi ? Demandai-je en faisant mine de ne pas savoir de quoi elle parlait.

_ Arrête Marie, on a tous remarqué qu'il s'est passé bien plus qu'un simple déjeuner entre vous.

_ Vous prenez toujours les choses autrement, on a juste discuté un peu et on a déjeuné. En plus parlons d'autres choses.

_ Hum ! D'accord, comme tu veux Marisa.

Cette nuance de doute dans la voix de Patricia me fit lever les yeux au ciel. Patricia ne laisse jamais rien, elle lutte pour l'avoir même au péril de sa vie. Lorsqu'elle est fascinée pas une chose elle l'aura à tout prix, ce qui à la fois me déconcertait et m'inquiétait. Car son désir peut être aussi ardent que les flammes de l'enfer. En effet sa convoitise peut être d'une telle puissance que cela en devient de l'obsession. Elle n'est pas du genre à perdre, au contraire, patricia gagne toujours. Cette pointe à la fois de malice et de doute accompagnée de ces regards sournois qu'elles me portèrent voulurent signifier qu'elles ne me crurent pas, ou plutôt qu'elles se firent des idées infondées sur ma véritable relation avec Marco.

Tout au long de nos conversations suivantes elles évoquèrent constamment le nom de Marco et moi j'usai de mes qualités pour étouffer tout sujet le concernant afin de les désillusionner de leurs pensées retors. Après une longue discussion dont le principal thème fut mon nouveau patron, les filles s'eclipsèrent, me laissant seule au milieu du salon, affalée sur le canapé.

Maman fit alors son apparition quelques minutes plus tard et posa sur moi ce regard extrêmement taraudant et pourvu de sens divers auxquels je ne pus tout saisir. Ce regard qui étira les traits de son visage, plissa ses fines lèvres et fronça ses yeux qui à présent furent noirs. Elle chercha à comprendre les émotions invisibles sur mon visage mais hurlant dans mon cœur. Elle tailla, retailla, trancha et sculpta chaque morceau jusqu'au fines pellicules de ma peau brune. Elle écorcha mon exoderme avec une telle facilité que j'en restai  bouche bée, ne laissant que mon âme qui représenta la partie de l'être à laquelle les émotions ne purent être dissimulées. Elle me mit à nu. Je voulu me cacher, m'occulter au fond d'un trou, me recouvrir d'une grande couverture pour éviter ce look extrêmement gênant qui m'empourprèrent. Mais je ne pus pas, son regard fut hypnotisant, même mes membres ne purent plus bouger, je restai alors figée, les yeux posés vers un point imaginaire sur lequel je plongeai  intensément ma concentration, dans un coin de la pièce.

_ Pourquoi tant de chagrin dégrade t-il ton visage ma petite chérie ?

_ Maman je ne veux pas en parler maintenant.

Ma phrase répondue beaucoup trop vite la fit soupirer en même tant que  l'expression de son visage changea en un temps éclair. Ce ne fut plus la mère douée d'une perspicacité imposante et redoutable, subtil au moindre petit tourment de mon âme, mais ce fut à présent le côté soucieux de maman qui entra en scène. Les sourcils légèrement froncés, les yeux tristes, les traits tendus et les lèvres courbées, furent les caractéristiques de l'inquiétude presque perpétuelle de maman. Inquiétude qu'elle affichait si souvent que je me sentais consentement coupable à chaque fois que son visage s'en emplissaient.

Un vaste sentiment de mélancolie se creusa à l'intérieur de mon être. Un besoin de réconfort intense m'enroula les côtes et m'aplatit le cœur comme une tapette sur une mouche. Mon corps se leva lestement comme poussé par une douce brise et vint étreindre celui de maman. Ce fut une action presque involontaire, tel un réflexe qui m'entraîna jusqu'aux bras de ma mère dans ma quête de consolation. Je la serrai à la fois doucement et fortement, je m'accrochai à elle comme s'il s'agit de mon dernier espoir. Maman quant à elle m'enlaça tendrement, de ses douces mains chaudes elle me caressa le dos. Son corps tout entier émana de cet amour maternel intense que je ressentis et aspirai à plein poumons. Elle me transmit cette incroyable force et ce majestueux courage qui furent siens, ces vertus qui lui permirent de vivre dignement mais surtout d'assurer sa survie ainsi que celle de ses enfants.

Le triomphe de l'amourOù les histoires vivent. Découvrez maintenant