Beautiful Liar (Victuuri)

11 - Death Parade

Yuri rouvrit les yeux en grimaçant. Pourquoi rien ne s'était passé ? Pourquoi ne sentait-il plus la lame appuyé contre sa gorge alors qu'il pensait être déjà mort ? Pourquoi Petrova n'avait-elle pas agi comme elle en avait eu l'occasion quelques secondes plus tôt ?

Tout son corps était pris de tremblements incontrôlables. Il était essoufflé d'avoir retenu sa respiration et transpirait la peur.

Il comprit soudain pourquoi il était toujours en vie lorsqu'il vit Petrova se diriger vers la porte et parler à un homme. Quelqu'un l'avait interrompu. Quelqu'un qui sans le savoir venait de lui sauver la vie.

Le japonais s'effondra au sol, ses jambes ne le tenant plus. Il se doutait que dès que la russe reviendrait, elle finirait ce qu'elle avait commencé. Mais il n'avait plus la force de rester debout. Ne pouvait-il pas juste fermer les yeux et se téléporter ailleurs ?

Il respira un grand coup et ferma les yeux. Son cerveau voyagea jusque sur la glace et il s'imagina soudain en train de patiner sur Éros, la chanson que Victor lui avait attribuée. Celle qui l'avait révélé et avait changé sa vie.

Malheureusement cette escapade mentale fut de courte durée lorsque Petrova frappa dans ses mains en sautillant sur place.

-- On se réveille Katsuki ! (Elle l'observa quelques instants sans perdre son sourire puis vint l'aider à se relever.) Aller ne fait pas cette tête, tu l'as encore sur tes épaules grâce à ce qui vient d'arriver, rit-elle moqueusement. Et ce que je viens d'apprendre est formidable !

Elle le prit par le bras et le traina vers la porte en chantonnant.

-- Qu'est-ce que vous faîtes ? Qu'est-ce qui se passe ? demanda Yuri qui ne comprenait plus rien et qui angoissait à l'idée de comprendre.

Car bien sûr il avait une idée pour expliquer ce soudain enthousiasme de la russe. Mais cette idée était la pire qui soit...

-- Ton petit ami nous honore de sa présence. N'est-ce pas merveilleux ?

-- Qu-quoi ? Non ! s'exclama Yuri.

Il s'arracha à la poigne de Petrova, sous le choc.

Non Victor n'avait quand même pas fait ça n'est-ce pas ? Il n'était pas assez fou pour venir se livrer ? Et cette famille, l'avait-il réellement massacrée ? Pourquoi ne lui en avait-il pas parlé sur la plage ? De toute façon il devait avoir ses raisons non ? Victor n'aurait jamais tué des gens si sa vie n'était pas en jeu.

C'était du moins ce qu'il essayait de se convaincre. Car avouer que son ami était réellement un menteur, un meurtrier et un manipulateur était trop dur à accepter. Il y avait forcément une explication. Il y en avait toujours une, pourvut que ce soit ce qu'il voulait entendre et pas ce que Petrova avait dit.

D'ailleurs la rousse s'approcha dans l'intention de saisir son bras, l'air agacé. Mais le japonais l'esquiva.

-- Ne me fais pas perdre mon temps Yuri, le prévint-elle. Surtout maintenant que la personne qui m'intéresse est enfin là.

Yuri pensait à trop de choses en même temps. Son cerveau tournait à plein régime, ne lui fournissant pas ce dont il avait besoin, à savoir : quoi faire ?

Devait-il profiter de cette semi-liberté pour courir et tenter de s'échapper ou bien suivre Petrova ? Où l'emmenait-elle ? Vers Victor ?

Victor. Victor était là quelque part. Tout près. Il pouvait presque le sentir. Son cœur battait d'ailleurs différemment comme chaque fois qu'il pensait à lui, était en sa présence ou évoquait seulement son prénom. Et ce sentiment, ajouté à la peur immense qu'il ressentait à l'idée de le perdre, le fit courir.

Il échappa à Petrova et partit dans la direction où elle semblait l'emmener n'ayant plus qu'une obsession : trouver celui qui faisait battre son cœur. Et heureusement il n'y avait qu'une seule porte au bout du couloir. Au-dessus de celle-ci, un panneau lumineux où il était écrit "exit". Victor ne pouvait être que là. Derrière cette porte.

Il n'hésita pas une seule seconde et sortit. La lumière du jour l'ébloui mais quelques instants lui suffirent pour qu'il aperçoive ce qu'il cherchait.

Victor était à genoux, les mains derrière la tête au milieu de ce qui ressemblait à une cour. Des hommes armés l'entouraient mais Yuri s'en fichait.

-- Victor ! appela-t-il en courant rejoindre son ami.

Quelques armes se braquèrent sur lui mais ça ne l'arrêta pas. Il traversa le cercle et tomba devant le russe, en larmes. La seconde d'après, il le prenait dans ses bras, le serrant de toutes ses forces pour ne plus avoir à le quitter.

Victor qui avait gardé ses mains derrière la tête au départ, répondit à son étreinte et le fit reculer pour caresser ses joues.

-- Yuri, est-ce qu'ils t'ont fait du mal ? Est-ce qu'ils t'ont touché ?

Le japonais secoua la tête, bien que la blessure sur son crâne, résultat de coup de crosse qu'il avait reçu, témoignait du contraire. Cela n'échappa pas à l'œil vigilant de l'argenté qui grogna sous la colère.

-- Victor, lui chuchota Yuri. Tu n'aurais jamais dû venir. Ils...ils veulent te...

-- Je sais, le coupa le russe. (Il esquissa soudain un faible sourire et posa ses mains sur les épaules de son ami.) Mais je ne pouvais pas te laisser ici tu comprends ? Comment j'aurais pu ? (Il caressa une nouvelle fois sa joue avec tendresse et alors que quelqu'un applaudissait, le prit une dernière fois dans ses bras.) Le bien triomphe toujours du mal, lui chuchota-t-il au creux de l'oreille avant de le relâcher et de se lever pour faire face à Petrova.

La femme les observait avec un sourire malsain, applaudissant la scène qu'elle avait sous les yeux.

Yuri la détestait. Elle et tous ces hommes et femmes qui les braquaient. La plupart d'entre eux ne devaient même pas savoir pourquoi ils étaient là, armes pointées sur un japonais à lunettes sans défense et un russe à l'allure d'homme d'affaires avec son trench-coat. Pourtant ils obéissaient aux ordres sans ciller.

-- Je suis là. Maintenant relâchez-le, ordonna Victor d'une voix puissante.

Petrova se mit à rire et posa les mains sur les hanches.

-- Oh, j'ai d'autres plans en tête, dit-elle sérieusement. Et je vais vous en parler tout de suite.