Chapitre 2

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- Allez ! Ferme-toi !

Dans un dernier effort pour boucler ma valise, je tasse mes vêtements en m'asseyant dessus. Lorsque les deux fermetures éclairs se rejoignent, je pousse un soupir de soulagement. J'ai réussi l'irréalisable. Je mériterai un petit bisou et une pause de cinq minutes. Je vérifie l'heure sur ma montre et jette un dernier coup d'œil au petit appartement dans lequel j'ai séjourné pendant une semaine. Je viens de passer une heure à tout nettoyer et n'ai qu'une hâte : m'installer dans le spacieux chalet et retrouver mes amis.

Il y a vingt minutes, j'ai reçu un texto de Charlie m'informant qu'ils arriveraient dans une heure. Ils sont venus à deux voitures. Elizabeth et Matthieu, les deux tourtereaux, sont descendus ensembles de Paris, où ils habitent pour leurs études. Ils risquent d'arriver un peu plus tard. Thomas et Charlie, quant à eux, arrivent de Lyon et viennent avec la voiture de Thomas. Après avoir insisté un nombre incalculable de fois auprès de ma grande rousse, celle-ci reste toujours butée. Elle ne veut pas passer son permis. Apparemment, elle a trop de choses à faire.

Je récupère ma grosse valise et referme la porte à clé. Mon bagage cogne contre la cage d'escalier tant il est volumineux, aussi, je me démène pour faire le moins de bruit possible. Arrivée en bas, je passe devant la porte du magasin de location et en profite pour rendre visite une dernière fois à Malo et René. De plus, il faut que je réserve mes équipements. Je n'ai pas eu le temps de m'en occuper pendant la semaine.

Lorsque j'entre, la porte émet un tintement dû à la sonnette. René, plongé dans la paperasse, relève la tête et me sourit :

- Alice ! Pendant que tu es là, j'en profite. Voilà pour toi.

Il me tend l'enveloppe qui contient mon salaire et je le remercie. Bien sûr, le montant ne rembourse pas toutes mes vacances, mais permet d'alléger la note salée qui va arriver en fin de semaine. Cela ne m'aurait pas déranger de travailler une semaine supplémentaire pour économiser, malheureusement, mes vacances ne s'étalent que sur une quinzaine de jours. Je suis en formation pour devenir tatoueuse. Elle dure deux ans et il me tarde de me lancer dans le métier. Marquer les gens à vie a quelque chose de très symbolique. J'adore dessiner. Dès que je vois une feuille blanche, je ne peux pas m'empêcher de gribouiller dessus. Lors de mes études, j'ai rencontré des gens qui partageaient la même passion que moi, ce qui m'a permis de créer énormément de liens.

- Tenez, je déclare en tendant le trousseau de clé. Merci pour la location et pour avoir pris le temps de tout m'expliquer.

Il balaye ma remarque d'un coup de main.

- Ce n'est rien. Sache que la porte est ouverte si tu cherches à nouveau un emploi pour l'hiver prochain.

- J'en prends note, j'assure, reconnaissante.

Un client nous interrompt pour demander laquelle de ces deux paires de gants garde le mieux la chaleur. Lorsqu'il a fini, je reprends la conversation.

- Est-ce que je peux en profiter pour faire une réservation pour mon matériel de ski ?

La sonnette continue de tinter, signe que les acheteurs affluent. Cela n'a rien d'étonnant pour un samedi matin. A l'autre bout de la salle, je remarque Malo qui s'active pour gérer plusieurs clients.

- Bien sûr ! approuve René en hochant la tête. Ca ne t'ennuie pas de repasser cet après-midi ? Le pauvre Malo est débordé.

Je suppose que nous n'avons encore rien de prévu pour la journée et accepte.

- Parfait ! Je te dis au revoir, alors. Je ne serai pas au magasin aujourd'hui. Il faut que j'aille acheter le cadeau de noël de ma femme avant que j'oublie ! rit René. N'oublie pas de dire à Malo de te faire une réduction pour la location de matériels.

Souffle givréOù les histoires vivent. Découvrez maintenant