Je fais la moue et tends le plus discrètement possible le papier à Charlie afin que nous l'échangions. Elle rit et affiche un grand sourire.
- Alice a été choisie !
Je m'offusque, m'étouffant à moitié avec ma salive. Thomas semble aux anges et en profite pour dandiner son arrière train musclé.
- Désolée, pas pour moi, j'explique en essayant d'imiter un toussotement. Je crois que je suis malade.
- Top, top, top... réfute Matthieu en croisant ses bras, car il considère que manquer à sa parole est le pire des défauts. Monte tes fesses jusqu'au toit et après tu pourras succomber à ta maladie.
Je grommèle.
- Vous êtes vraiment la pire bande d'amis de tous les temps.
Thomas passe un bras par-dessus mon épaule, un sourire jusqu'aux oreilles.
- Allez ma belle... Nous deux sur une luge, serrés l'un contre l'autre... Pas de quoi se plaindre.
- Parles pour toi.
Il me dirige vers les escaliers qui mènent sûrement jusqu'à la trappe, mais je l'arrête.
- Attends. Je veux bien sauter, mais je préfère m'assurer de la taille du tas de neige et de la hauteur du toit avant de risquer ma vie.
Je le contourne et ouvre la grande baie vitrée du salon, qui débouche sur l'extérieur. Elizabeth se trouve juste derrière moi, les sourcils froncés. Elle paraît aussi sceptique que moi. Dehors, il fait déjà nuit et pendant un instant, je contemple le ciel étoilé. C'est impressionnant. Loin de la pollution lumineuse de la ville, les étoiles ressortent beaucoup plus intensément. Dans le noir, la neige prend une couleur différente, comme fluorescente.
Nous sommes agglutinés sur une petite terrasse en bois. En face de nous, quelques sapins nous séparent de la piste de ski. L'air frai traverse nos pulls et vient piquer ma peau sensible. Je tourne la tête vers la droite et contemple avec soulagement un énorme amoncellement de neige. Il doit bien me dépasser de cinquante centimètres, aussi le tout atteint plus de deux mètres. On dirait un gros tas de coton dans lequel on a envie de s'enfoncer. Mon regard dévie jusqu'au toit. Je déglutis. Au moins cinq mètres séparent la toiture en pente du sol. Je lance un coup d'œil nerveux à Elizabeth. Celle-ci secoue immédiatement le coude de Matthieu pour le convaincre.
- Matt, ça peut être dangereux... murmure-t-elle, les yeux implorants. Evitons les accidents avant d'avoir commencé la semaine.
Malheureusement, le côté téméraire de mon ami à lunette ressort en compagnie de Thomas. Son regard devenu excité, fait des allers-retours entre la neige et le toit.
- Pas de risque, à vue d'œil, ils ne craignent rien. Ils ne vont pas prendre suffisamment de vitesse pour que l'opération devienne dangereuse.
Thomas tape dans ses mains.
- Parfait !
Il a déjà perdu assez de temps comme ça. Il m'attrape par la main et me tire à nouveau à l'intérieur. Sans avoir le temps de protester, je me retrouve déjà à l'étage, devant une trappe qui se situe au fond du couloir. Elle est au plafond et se remarque à peine. Thomas tire sur la languette et une échelle menant aux combles apparait. Génial, les cours de gymnastique commencent. Il me lance un sourire malicieux.
- A toi l'honneur.
Je lui tire la langue et appuie tant bien que mal mon pied sur le premier échelon qui est trop surélevé pour moi. Après un petit effort, je parviens à grimper le reste des marches.

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Souffle givré
ChickLitQuand Alice, jeune étudiante de 21 ans, apprend qu'elle part à la montagne avec ses amis pour les vacances de Noël, c'est le rêve ! Mais c'était sans compter sur son niveau médiocre en ski et son charmant moniteur qui ne la laisse pas indifférente...