" On y a marché, ils nous ont raconté des histoires de ce jardin là. L'une n'est pas marrante. Des hommes, jaloux des terres de François, sont allés mettre le feu à ses arbres. Sauf que ces arbres là, c'est aussi vital que le métier de nos parents." Aussi précieux que nos ressources à nous, nos métiers urbains, nous qui ne vivons pas de l'agriculture exclusivement. " C'est comme si quelqu'un allait mettre le feu aux bureaux où travaillent nos parents, et qu'ils ne pouvaient rien faire d'autre."
Le deuxième jardin était bien plus loin. J'avais précisé alors qu'il faisait extrêmement chaud. Je peux me souvenir de ma sœur qui se plaignait en effet de cette chaleur qui nous écrasait tandis que nous marchions à travers les chemins sablonneux. Quand on pense que nous sommes au mois de février, cela fait réfléchir. Je me dis alors que je ne connais rien. Je ne connais rien de cette vie, de ce monde. Toutes les certitudes que l'on possède étant enfant finissent par s'effondrer lorsqu'on accomplit nos premiers voyages. Il suffit d'y réfléchir un peu. Ici on dirait un grand été, mais en réalité ils ont la saison des pluies, et là tout doit être encore une fois différent. Je dis ça car je n'ai pas connu la fameuse saison des pluies. Marie-Jane m'a dit que celles-ci pouvaient causer des coulées de boue impressionnantes et dangereuses au village. La nature n'est ni haineuse ni amoure, elle est capitaine de sa terre et nous nous sommes ceux qui doivent apprendre à la comprendre, non pas chercher à la dompter.
Dans le second jardin, donc, il y a aussi des arbres fruitiers : oranges, clémentines, pamplemousse, et un fruit du Sénégal appelé sipikail. J'en avais écrit ceci : " C'est ovale, marron, et on dirait un peu un kiwi sans poil ! "
Pour s'y rendre nous avons emprunté un autre type de route. La grande route orange et vide qui traverse Affiniam, et qui est traversée par de larges et hauts camions qui sortent du décors telle une masse nonchalante. J'écrivais alors : " Sur la route il y a des palmiers, des manguiers, le quad, le fromager, le néré, l'anacardier ( qui donne les noix de cajou. ) La route est sur- élevée pour que, en temps de pluie, elle ne soit pas inondée.
Je parle justement de cette " masse nonchalante " à la page suivante, où je décris les sensations et la vue à son passage.
" Je n'aurais pas de photo de ce paysage ( en effet lors de cette première excursion je n'avais pas dû prendre mon portable ) et de ces jardins, mais je pense toujours m'en souvenir. De ces grands arbres aux feuilles claquantes, au gré du vent chaud. De ces remontées de poussières lors du passage d'un énorme camion. A un moment, lorsque nous sortions du premier jardin, un camion surmonté d'une gigantesque sorte de remorque rouge, sur laquelle étaient assis des gars, est passé par un de ces chemins sans bruit, et nous avons tous eu peur qu'il se renverse. Les monticules de terre sèche sont de réels dangers, même pour les grosses roues de camion. "
Je disais que le mieux était certainement de prendre le vélo pour aller d'une maison à une autre ou d'un village à l'autre, mais encore faut-il ne pas glisser sur le sable, ne pas être étouffé par ces remontées de poussières quand un engin arrive, et puis, le vélo, il faut l'avoir. Beaucoup se déplacent en moto d'ailleurs. La moto est très pratique à Affiniam. C'est petit, ça passe donc dans les chemins les plus étroits. Et Oh combien les routes d'Affiniam peuvent ressembler à des minuscules labyrinthes ! Quand on ne connaît pas, quand l'œil n'est pas fait à ce paysage jaune et sec, si particulier, oui on s'y perd facilement. La nuit encore plus.
Mais je relate l'événement suivant : " Après il faut penser à faire attention à la glissade. Une moto hier soir a même failli déraper alors que nous allions, ma sœur et moi, accompagnées de deux jeunes, voir le match de foot inter-classe. " Décidément toujours des mises en garde !
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Kassoumaï
AdventureLe tableau s'ouvre sur un méli-mélo d'images inodores, et certes intouchables. Sans que ma conscience le perçoive, comme des grains de sables ces photos sans contours s'envolent et dévalent le long de cette plage qu'est mon esprit. Un peu plus proch...