«Jeudi 18 février, environ 9 heures du matin »
Nous sommes arrivés à Affiniam. Affiniam est situé en Casamance, le Sud du Sénégal. Village accessible par pirogues, ou par des pistes où peuvent rouler convenablement les voitures. Lors de ce premier voyage au village nous sommes arrivés en pirogue, les photos nous montrant parmi des Sénéglais habitués à la traversée, tandis que nous nous prenions des photos discrètement, nous nous regardions avec ce sourire niais du visiteur qui en a plein les yeux, sous ce soleil dont nous nous protégions avec des foulards ou des chemises. Ce qui me reste le plus de cette traversée furent toutes ces couleurs...dignes d'un reportage vécu en vrai.
Comme un grand carré, mignon et charmant, accueillant, la maison d'Affiniam est construite entre la route qui mène à l'école et un puits. Les gens du village y vont chercher de l'eau, à la force des bras, à la patience. Ici au village, il fait bien plus chaud qu'à Dakar, et, cela nous l'avons tous remarqués dès que le bateau est parti de Dakar, la pollution y est presque inexistante. Affinam se trouve dans une forêt subtropical, les habitants y vivent de l'agriculture et des rizières principalement. Affiniam, c'est la campagne. Se sont les muscles qui travaillent, se sont les ressources de la terre dont on use. Et se sont les bêtes qui parfois créent le plus de tort à l'être humain, quand ce n'est pas l'être humain lui même.
Avant d'arriver à Affiniam nous avions abordé à Ziguinchor. Une ville située à 70 kilomètres de l'océan Atlantique et au sud du fleuve Casamance. De ce passage là bas, voilà quelques lignes écrites sur mon carnet de voyage :
" Dans l'après-midi, François m'avait emmené au cyber en moto. C'était la première fois pour moi. Alors être sur une moto pour la première fois c'est une chose, être au Sénégal pour en faire en est une autre. La route est accidentée, avec des chèvres, des biques, des gens à vélo, encore du sable, beaucoup de taxis..." Un petit détour par le cyber qui me permit d'enrichir ma galerie de photos souvenirs enfouies dans ma tête : cette bouteille d'eau qui tombe de notre moto, que l'on est allé ramassée, cette route entourée de sable, et mes yeux en vadrouille qui ne pourront pas tout retenir...
Les premiers pas au village, prémices d'une grande aventure, si l'on veut bien. Il faut que je fasse des recherches pour écrire cette partie-ci, car de toute évidence la flore de Casamance est si riche que je n'ai pas écrit la moitié des espèces qui la compose sur mon carnet. Et pourtant, ces images sont d'une beauté... " Il fait vraiment chaud. Ce matin, on a pu voir les jardins où travail François. En fait, il en a deux : le premier où on est allé passe par de petits chemins de sable, bordés de longues tiges grillées au soleil, qui craquent lorsqu'on y touche. Vers le ciel il y a, élancés et silencieux, les hauts palmiers. Ce premier jardin est grand de 3 ou 4 hectares, et il est rempli d'arbres fruitiers."
Fromager, palmiers, rônier, baobab, bougainvillé...
Toi qui peuple la forêt,
Toi qui étire ta bienveillance,
Dans un somptueux silence
Par tes pieds de géants
Qui sous terre s'élancent,
Ces bras de mamans
Ces épaules de papa
Ces piliers élégants
Ces franges volantes,
Arrêtées dans leur élan
Toi haut et puissant
Danse encore
Danse encore
Quand la nuit change le décors.
Ton bois navigue mais ta tête est parmi les oiseaux, tu vogues sur deux terres, ou tu dors sur deux eaux, et ton jupon d'écorce ne fait aucun bruit, alors même que tes feuilles bruissent cette nuit, cette nuit où nous passions, nous la nouvelle génération.

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Kassoumaï
AventuraLe tableau s'ouvre sur un méli-mélo d'images inodores, et certes intouchables. Sans que ma conscience le perçoive, comme des grains de sables ces photos sans contours s'envolent et dévalent le long de cette plage qu'est mon esprit. Un peu plus proch...