La Capitale
Juste avant de partir pour une traversée de seize heures, je parle de la maison de Dakar, et des quelques jours que nous y avons passés.J'avais regardé le ciel, assise sur un des petits tabourets, entre le mur de la maison, et celui qui sépare l'entrée de la petite rue. C'était le lundi soir, a vingt heures, juste avant qu'on aille manger chez des voisins de mes grands-parents. Je me suis dis que le ciel était partout le même, qu'en fonction de là où nous nous trouvions, on peut dire de lui qu'il est « un peu plus... », ou «un peu moins... », mais que de toute évidence, ce ciel rappel des choses. A ce moment je rêvais un peu, il me semble que j'avais hâte de vivre le voyage en bateau, ne sachant pas du tout à quoi m'attendre, car après coup, je me rends compte qu'il est des choses que l'on ne peut imaginer : nous avons besoin de les vivre. Alors enfin, avant de m'en aller pour Ziguinchor puis Afiniam, parlons un peu de la capitale, la pollution de Dakar, ses nuits calmes, ses rues peuplées de chats, sa poussière ambiante, son mélange de culture, ses petites boutiques.
Nous sommes arrivés dimanche soir, alors que Dakar dormait, les maisons,les boutiques, les rues et les gens étaient tous entourés par les mystères de la nuit. Le taxi est passé par ce chemin que nous allions reconnaître les jours d'après, et assise sur la banquette arrière près de ma petite sœur, je pense que je découvrais tout aussi étonnée qu'elle, notre tout premier pays hors Union Européenne. Les lumières jaunes des lampadaires éclairaient le par-brise fissuré du taxi-man, qui s'occupait à ralentir , à doubler, toute une technique à avoir dans ce roulement de voiture, tant le mouvement de cette foule vrombissante est continuel, surprenant, et quelques peu effrayant au premier abord. Ce soir là, dehors, il y avait du monde, d'après Marie Jane, ma grand-mère. Ce à quoi l'homme a répondu que cela était normal, « nous sommes dimanche soir ». Les hommes et les femmes marchaient sur la route, des petits magasins qui ne semblaient pas vouloir fermer débordaient du trottoir, une femme est passée proche de notre taxi jaune, avec son bébé accroché dans le dos, un foulard jaune lui entourant la tête. De l'autre côté d'elle il y avait un toit de taule ondulée retenue au devant par deux bâtons de bois, puis ma sœur fut surprise par le klaxon chantonnant d'un énorme bus blanc et bleu. Ainsi, nous avons fait le chemin jusqu'à la maison de François et Marie Jane, après six heures d'avion.
Le lundi matin, j'ai ouvert les yeux dans le petit salon carré, sur un matelas fin, vert, couvert d'un drap. Il n'était pas encore neuf heures que déjà nous étions habillés, et que j'avais déjà très chaud. Il faut dire que la veille encore, nous avions zéro degrés à Paris... Tandis que je procédais à une première visite des lieux,ma famille discutait, autour d'un petit déjeuner presque préparé.L'entrée se fait directement sur la pièce principale, la première porte de métal blanc séparant la rue et la vue sur la maison d'en face, donnant sur cette petite coure de devant, et sur cette autre porte de bois, qui restait ouverte quand nous étions à l'intérieur.La cuisine qui s'annonçait sous la forme d'un couloir, sur la gauche, disposait d'une fenêtre qui ne se ferme pas, faite dans le mur, marquée par deux fines colonnes blanches. La gazinière, que j'ai tenté d'allumer en vain, pour qu'au final mon père arrive avec les allumettes et partent raconter à tout le monde comment sa fille est trop habituée aux plaques électriques qu'elle ne réfléchie même plus ! Une étagère où se rangent les couverts, les produits qui n'ont pas besoin d'être mis au frais... La chambre de mes grand-parents, carrée, avec un grand lit et une belle armoire en face. Un rideau bleu cachant la vue de la pièce principale, un ventilateur accroché au mur, vers la gauche. Puis finalement nous sommes sortis de la maison, pour découvrir le soleil Sénégalais,qui chauffait ma tête avec un délice encore inconnu. C'est que marcher par ces rues, voir cette population s'affairer, m'était un rêve seulement deux jours avant !
Soleil par dessus les sacs d'oignons, soleil par dessous les regards en coin, les têtes baissées dont certaines épient notre passage. La rue est animée de musique, il y a déjà beaucoup de monde dehors,et des petits garçons courent vers Marie Jane. Ils tendent leur main pour avoir quelques pièces, que Marie Jane leur donne. Ils en réclament d'autres, et « les p'tits gars », comme elle les appelle, la suive du regard. Nous nous sommes promenée tout le reste de la journée dans Dakar, et en une après-midi, plus celle du mardi, j''ai vu plus de choses qui m'était inconnues qu'en presque une année de lycée.
Plus tard j'ai appris comment s'appelait le « grand bus bleu » que nous avions pris : le Dakar Dem Dick. C'est Michigan ( dont je ne révélerais pas le vrai prénom, qu'il a bien voulu nous dire à Pauline et moi ) qui me l'a appris, ainsi que les « taxis jaunes. »Avec lui nous avons marché dans Dakar de nuit, il nous a montré l'école de son fils, d'autres écoles, il nous a montré sa ville,son organisation bien compliquée pour nous ! Et on se souviendra avec Pauline de sa malédiction du moustique, qui a fini par se retourner contre moi. C'était une magnifique rencontre, Michigan est accueillant, il a beaucoup d'humour, et c'est avec grand plaisir que j'irai lui dire bonjour lorsque je reviendrais au Sénégal !
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Kassoumaï
AventuraLe tableau s'ouvre sur un méli-mélo d'images inodores, et certes intouchables. Sans que ma conscience le perçoive, comme des grains de sables ces photos sans contours s'envolent et dévalent le long de cette plage qu'est mon esprit. Un peu plus proch...