Chapitre 2

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La grande porte sécurisée qui menait à la cour où se trouvaient tous les jeux d'extérieur pour les enfants, se referma derrière David. Il semblait vouloir se réfugier à cet endroit pour essayer d'apaiser ses sens bouleversés à l'instant même où son regard avait envoyé l'information à son cerveau et avait reconnu le visage de la jeune femme qui se trouvait devant lui trente minutes auparavant.

Il plaqua ses deux mains à plat sur sa poitrine, réprimant une grimace ; son cœur manifestait l'envie de vouloir s'échapper de sa cage thoracique, car il cognait violemment, beaucoup trop violemment contre ses côtes.

Il n'en revenait pas ! Il n'aurait jamais imaginé retrouver la jeune fille qui avait réveillé des émotions aussi intenses chez lui, alors qu'il était lié à une autre femme par le mariage et la naissance de ses enfants. Cette jeune fille qui partageait avec lui bien plus que leur timidité maladive et leur passion pour la photo et la peinture ; était à nouveau devant lui. 15 ans s'étaient écoulés, mais il ne l'avait jamais oubliée. Aujourd'hui, elle était devenue une charmante jeune femme, élégante et toujours agréable à regarder, malgré les quelques rondeurs qu'elle avait conservées. Un sourire étira furtivement ses lèvres, il avait toujours eu un faible pour les femmes aux formes généreuses plutôt qu'aux styles brindilles ou haricots verts. Lydia, malgré son jeune âge, aurait représenté la femme idéale à ses yeux.

Une sensation bizarre lui avait traversé le bas du ventre à l'instant où il avait prononcé son prénom ! Et pour dissimuler son émoi, aux yeux de sa sœur Marie-Lyse, il s'était efforcé, à contre cœur, de feindre l'agressivité et la colère.

En entendant son nom de famille, il était persuadé qu'elle était mariée, et il n'avait pu s'empêcher d'espérer qu'il se trompait. Il avait reçu la réponse avec un certain soulagement... non, elle n'avait personne dans sa vie. Et pourtant, il aurait dû se souvenir du nom de famille de son beau-père.  Mais non...  il avait oublié.

Il sursauta violemment en entendant la porte du bureau de Marie-Lyse se refermer. Il se retourna et reconnut la silhouette de Lydia à travers la porte vitrée, qui s'éloignait vers la sortie. Il aurait voulu la rattraper, mais quelque chose l'en empêcha. Ses mains se mirent à trembler, alors, pour se donner contenance, il s'empara machinalement de la poignée métallique du tourniquet, pour vérifier que tout fonctionnait parfaitement, sans grincer.


Il se remémora ce fugace moment où leurs regards s'étaient accrochés l'un à l'autre, comme aimantés. Il avait esquissé un sourire. Il aurait tellement aimé lui dire qu'il était heureux de la revoir, qu'en fait il n'attendait qu'une chose depuis toutes ces années : qu'elle revienne dans sa vie, non pour lui gâcher, comme il l'avait laissé entendre auparavant, mais pour l'illuminer à nouveau. Comme il s'en voulait d'avoir prononcé ces mots amers et mensongers.

Retrouvant petit à petit son calme, et passant la main sur le revêtement de sol en pneu recyclé, qui garantissait la protection des enfants en cas de chute, pour s'assurer qu'aucun défaut n'apparaissait ; il se rappela à quel point il avait lutté contre l'attirance qu'il le poussait vers Lydia, pour ne pas commettre d'erreur lorsqu'il était au lycée. Il passa devant la petite cabane en bois, dont les peintures éclatantes venaient d'être refaites. Ses doigts effleurèrent les petites fleurs peintes sur les volets. Il était conscient de l'attrait réciproque qu'ils éprouvaient l'un pour l'autre à cette époque. Et combien il avait eu mal lorsqu'il avait appris qu'elle avait choisi de quitter le lycée. Aussi avait-il préféré avancer son départ pour les Etats-Unis, alors qu'il aurait dû partir pendant les vacances d'été avec Suzy et les enfants. Si seulement elle était restée, malgré ce qu'il s'était passé.

Depuis tant d'annéesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant